La tension monte à la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) du Cameroun, où une tentative de changement à la direction semble avoir échoué. Selon des sources proches du dossier, le président Paul Biya n'aurait donné aucune instruction pour la tenue d'un conseil d'administration extraordinaire, contrairement aux rumeurs qui circulaient.

Mercredi dernier, Adolphe Moudiki, Directeur Général de la SNH depuis 31 ans, était tranquillement chez lui, ayant simplement donné l'ordre aux forces de sécurité d'interdire l'accès aux locaux de la société. Cette action fait suite à des tentatives présumées de Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence, de convoquer un conseil d'administration pour remplacer Moudiki.
La longévité de Moudiki à ce poste s'explique en partie par sa relation de longue date avec le président Biya. Leur collaboration remonte à 1975, lorsque Paul Biya, alors Premier ministre, a nommé Moudiki, alors magistrat, comme conseiller avant de le promouvoir secrétaire général de la Primature. Lorsque Biya est devenu président en 1982, il a emmené Moudiki avec lui à la présidence.
Cette crise intervient dans un contexte tendu, marqué par des allégations de corruption impliquant la multinationale Glencore et des responsables de la SNH et de la Sonara. Des sources affirment que le changement à la tête de la SNH serait motivé par la volonté de "nettoyer" ce dossier explosif.
Cependant, la résistance de Moudiki et l'apparente absence d'instruction claire du président Biya compliquent la situation. Moudiki aurait même déclaré qu'il ne quitterait son poste que sur ordre direct du président.

Cette affaire met en lumière les luttes de pouvoir au sein de l'élite dirigeante camerounaise et soulève des questions sur la gouvernance des ressources naturelles du pays. Elle révèle également la complexité des relations au sommet de l'État, où des liens personnels de longue date peuvent parfois prévaloir sur les pressions pour le changement.

Alors que le pays fait face à des défis économiques et politiques majeurs, cette crise à la SNH pourrait avoir des répercussions importantes sur la gestion des ressources pétrolières du Cameroun. Les observateurs s'interrogent sur la capacité du gouvernement à mener des réformes nécessaires dans ce secteur stratégique.

Pour l'heure, le silence du président Biya sur cette affaire laisse place à de nombreuses spéculations. L'issue de cette crise pourrait être déterminante pour l'avenir de la SNH et, plus largement, pour la gouvernance du secteur des hydrocarbures au Cameroun.