La présidente de Radio France Internationale (RFI), Marie-Christine Saragosse, a «supplié» samedi dernier Yaoundé de «mettre un terme au calvaire» du correspondant de la radio arrêté au Cameroun il y a un an précisément et accusé de complicité avec le groupe terroriste Boko Haram, rapporte l’AFP.
«Je supplie les autorités camerounaises, par humanisme, mais aussi par esprit de rigueur, de mettre un terme au calvaire de notre correspondant», a déclaré Mme Saragosse sur les ondes et le site de la radio publique française très écoutée en Afrique francophone. Ahmed Abba, correspondant de RFI en langue haoussa à Maroua, Chef-lieu de la Région de l'Extrême-Nord du Cameroun, avait été interpellé le 30 juillet 2015 et transféré 15 jours plus tard à Yaoundé. «Je suis inquiète parce que - on l’a appris plus tard - il a été d’abord détenu en secret, puis il a subi des tortures», a commenté Mme Saragosse.
Le journaliste est poursuivi pour «complicité d’actes de terrorisme» et «non-dénonciation d’actes de terrorisme» devant le tribunal militaire de Yaoundé. Il lui est reproché précisément de ne pas avoir partagé avec les autorités des informations qu'il a collectées sur certains membres du groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui mène des attaques dans le Nord du Cameroun.
Le journaliste, qui risque la peine capitale, a plaidé «non coupable». Pour Mme Saragosse, «quand on parle d’accusations de cette gravité, elles doivent être étayées». «Aujourd’hui, je dis, il y a un procès le 3 août qui risque d’être encore un procès technique puisqu’au fond, il n’y a pas eu d’instruction, il n’y a pas de liste de témoins, il n’y a pas de dossier», a-t-elle poursuivi. «Commettre une erreur judiciaire, c’est s’affaiblir face aux terroristes», a-t-elle conclu, affirmant sa «solidarité» avec le Cameroun dans la lutte contre Boko Haram.
Reporters Sans Frontières (RSF) a une nouvelle fois réclamé vendredi 29 juillet dernier «la libération immédiate» du correspondant camerounais de RFI, dénonçant une «détention arbitraire et abusive».