Alors que des rumeurs de fragmentation du parti circulent de part et d'autre, suite à la question du boycott du défilé du 20 mai, le président du Social democratic front (Sdf) dans un communiqué dont a eu une copie le Journal du Cameroun, autorise les militants de son parti à prendre part au défilé de la 50è fête de l’unité.
Invité à prendre part aux préparatifs du défilé du 20 mai par les autorités administratives, puis admis à défiler sous condition, le Social democratic front a décliné l’offre dans un premier temps.
« Le SDF Centre ne prendra pas part au défilé 2022 ». « Tous les camarades de la région du Littoral sont appelés à ne pas participer au défilé du 20 mai prochain, jusqu’à ce qu’une résolution du NEC (Comité exécutif national, Ndlr) inscrive une démarche contraire », ont décidé respectivement les présidents régionaux du Sdf pour le Centre et le Littoral.
Ces responsables et militants du parti justifient leur position. « Le Sdf Centre s’était engagé à ne plus défiler au cas où, cette crise (la crise anglophone Ndlr) qui a détruit le pays en général et notre parti en particulier persistait ». Ajouté à cela, les conditionnalités fixées pour participer au défilé en 2022. « L’obligation de faire des louanges à la gloire de M Biya et de ne porter que ses effigies et ses photos. L’interdiction de porter les insignes du SDF et de son leader », explique le président régional du Centre.
Suite à ces engagements au boycott du défilé, le président national du parti vient de siffler la fin de la partie.
« Suite aux appels persistants des différentes structures du parti exprimant une ferme volonté de participer aux prochaines célébrations du 20 mai ainsi que notre position d’œuvrer sans relâche pour un meilleur Cameroun, j’informe par ce communiqué toutes les structures du parti capables de mobiliser les militants, de participer au défilé civil du 20 mai 2022. Toutes information contraire circulant sur les réseaux sociaux est infondée et injustifiée », conclut le président national fondateur du Sdf.
La question de la participation du Sdf au défilé divise l'aile dure et l'aile modérée. En effet, alors que la faction dissidente constituée de quelques présidents régionaux opte pour la modalité du boycott, l'un des vice-présidents nationaux va prendre part à cette parade civile. La preuve à travers la correspondance du Préfet du département du Mfoundi adressée à ce dernier en date du 16 mai 2022 en signe de réponse à sa demande de participation audit défilé, l'autorité administrative demande aux cadres et militants de "porter les pancartes à l'effigie de Paul Biya au cours du défilé du 20 mai prochain". Il est exigé à ce mandataire du Sdf, dont l'identité n'est pas dévoilée, "d'aligner deux carrés, 49 défilants par carré dans le respect des consignes ci-après : le port obligatoire du masque; avoir un test covid négatif de moins de 48 heures; l'interdiction des slogans, pancartes ou textes non- approuvés par le cabinet civil ; l'interdiction de faire usage du téléphone pendant le défilé ; pas d'effigie en dehors de celle du Président de la république, etc".
Hier, lors des répétitions générales, des individus brandissant le ruban du Sdf à l'effigie du parti de la balance ont défilé. Le Préfet du Mfoundi a, sans doute, usé de la ruse, en occultant le nom du mandataire à qui a été transmise sa correspondance liée à la participation au défilé. Adresser ladite correspondance au "vice-président du Sdf" alors qu'il y en a cinq au sein du directoire relève d'une tactique pour brouiller les cartes. Mais par ordre de préséance au sein du directoire, chacun(e) peut deviner de qui il s'agit dans le jeu des conjectures scolastiques. Sans conteste, L'aile radicale et l'aile modérée restent donc diamétralement opposées à la participation ou non au défilé du 20 mai. Avec la disparition des caciques du Sdf appartenant à l'aile dure, à l'instar de Joseph Mbah Ndam, Joseph Banadjem, Francis Sama, etc qui protégeaient le chantre du paradigme du "power to the people", Fru Ndi est, aujourd'hui, mis en minorité. D'où l'encerclement du leader national par le dernier des mohicans parmi les contestataires du parti qu'est J.M. Nintcheu soutenu par d'autres dissidents non des moindres dans les sections régionales du parti. Au finish, comment le chairman Ni John Fru Ndi va-t-il gérer ce schisme fort visible entre les deux branches viscéralement écartelées?
Ce 19 mai 2022, Ni John Fru Ndi, dans un communiqué au ton conciliant et apaisant, lève le mot d’ordre de boycott. Il donne l’autorisation à ses militants de prendre part à la parade marquant la 50è édition de la fête nationale de l’unité. Une attitude qui est de nature à diviser le parti au grand bonheur du système régnant au Cameroun.