Actualités of Saturday, 29 October 2022

Source: www.camerounweb.com

Redoutables services de renseignement à Etoudi : Paul Biya a brouillé les cartes, les espions démasqués

Les services de renseignement d'Etoudi Les services de renseignement d'Etoudi

Les services de renseignement jouent un rôle prépondérant dans le maintien du système de Paul Biya qui est au pouvoir depuis plus de 40 ans déjà. Dans sa série d’articles consacrée à Etoudi, Jeune Afrique lève le voile les méandres et les jeux de cartes autour de Paul Biya. Selon le confrère, le système est mis en place de manière à ce que Paul Biya ait le contrôle de tout.


« Au secrétariat général, un homme, Mohamadou Moustapha, est chargé de la synthèse. Mais, depuis peu, Paul Biya a brouillé les cartes et décidé que la quasi-totalité des bulletins devaient être envoyés à la direction de son cabinet, à Samuel Mvondo Ayolo. « Aujourd’hui, 90 % des notes sont censées être transmises au cabinet et non au secrétariat général », affirme un cadre du renseignement », lance d’entrée Jeune Afrique.
Dans le lot, le journal crois savoir qu’il y a des espions qui tirent leur épingle du jeu.
Certains maîtres espions préfèrent cependant jouer sur les deux tableaux, comme le nonagénaire Martin Mbarga Nguelé. « Il ne s’entend pas avec le directeur du cabinet civil [dont il a un jour fait interpeller le frère, Yves]. Il considère qu’il est l’aîné et peut passer outre les consignes. Il court-circuite ou envoie ses informations à Ngoh Ngoh, originaire de la même région que son épouse », sourit cette source à Jeune Afrique.

Le tout puissant colonel Émile Bamkoui n’est pas loin de tout ce monde. Jeune Afrique a essayé de faire la lumière sur son rôle dans le sérail.

« Le colonel Émile Bamkoui peut également s’affranchir des consignes. « Il transmet à l’un, à l’autre, aux deux… ou à aucun des deux ! » résume un proche. Subordonné du ministre délégué à la Défense, Joseph Beti Assomo, le patron de la Semil profite de la rencontre mensuelle de son chef avec le président pour faire passer des messages. Il lui arrive aussi d’utiliser l’entremise du chef d’état-major particulier de Paul Biya, le très discret général Emmanuel Amougou », précise le confrère.


« La hantise de Paul Biya, c’est un système centralisé dont quelqu’un pourrait prendre le contrôle en son absence. Il préfère conserver plusieurs canaux rivaux », analyse notre source diplomatique à Yaoundé. Illustration : le Conseil national de sécurité, censé réunir les chefs du renseignement, de l’armée et de la police, ne se réunit plus depuis des années.


Au troisième étage du Palais, Paul Biya voit-il sa présidence comme un échiquier, sur lequel il déplace ses collaborateurs à sa guise­ ? Voit-il en Ferdinand Ngoh Ngoh un fou, en Samuel Mvondo Ayolo un cavalier, en Joseph Fouda une tour et en Chantal Biya une reine ? Après quatre décennies de pouvoir, ce sphinx, qui ne paraît plus s’épanouir que dans la gestion d’une guerre des clans qui s’éternise, garde aux yeux de certains de ses collaborateurs l’allure d’un roi à protéger.Parmi eux, le colonel Raymond Jean Charles Beko’o Abondo est sans doute le plus assidu. Considéré par le chef de l’État comme un fils adoptif, ce quadragénaire dirige depuis 2013 la garde présidentielle, composante principale de l’appareil sécuritaire d’Etoudi. Déployée en deux cordons le long des huit kilomètres du mur qui entoure le Palais, la « GP » dispose de plus d’un millier d’hommes sur place. Six cents autres sont en alerte dans leur camp de Yaoundé. Plusieurs centaines sont aussi déployés dans les sept résidences présidentielles régionales, sécurisées par des soldats relevés chaque mois », révèle Jeune Afrique.



« Cette garde tentaculaire compte même des spécialistes chargés des chevaux d’Etoudi – animaux de parade que Chantal Biya aimait monter jusqu’à une chute, en 2008. Un officier nous a aussi confié avoir eu à sa charge la santé de deux dromadaires, offerts par Mouammar Kadhafi dans les années 2000. Acheminés de Tripoli par avion C130, ils avaient pris leur quartier à Mvomeka’a, cette localité du Sud où le chef de l’État aime encore à se rendre par la route. L’hélicoptère de Paul Biya – piloté par la garde – est réservé aux urgences. Le président l’a emprunté en avril dernier, lorsqu’il a dû être rapatrié à Yaoundé à la suite d’un malaise.Depuis l’aile réservée à l’état-major, à la GP et à la DSP, le colonel Beko’o Abondo peut aussi déployer drones de surveillance, unités antiterroristes, tireurs d’élite et brigade canine, chargés de sécuriser – parfois une semaine à l’avance – les lieux où a prévu de se rendre la « haute personnalité ». Mais, là non plus, la politique n’est jamais loin », ajoute Jeune Afrique