En plus des exigences techniques qu’impose le redéploiement en personnel du secrétariat général de la présidence de la République, le chef de l’Etat ne serait plus en odeur de confiance avec certains membres de l’équipe gouvernementale.
Des arguments qui pourraient justifier le remaniement ministériel qui se susurre de plus en plus dans les cercles du pouvoir et les milieux autorisés de la République.
Il relève des supputations habituelles telle que la société camerounaise sait souvent s’accommoder, malgré les surprises qui l’accompagnent très parfois. Toutefois, de plus en plus, l’opinion nationale, confortée par des bruits de couloirs qui filtrent des milieux autorisés, et notamment de la présidence de la République, semble convaincue de l’imminence d’un nouvel réajustement de l’équipe gouvernementale.
Certains oracles l’ont même déjà prédit après la célébration de la fête nationale qui vient de s’achever, expliquant ce report par des exigences protocolaires liées à cette commémoration. Pour ces connaisseurs qui lisent dans la boule de cristal, ce remaniement s’impose de lui-même, par des considérations d’ordre techniques liées à la nomination de nouveaux hommes au secrétariat général de la présidence de la République.
En effet, depuis la mort de Peter Agbor Tabi - le secrétaire général-adjoint N° 2 de la présidence de la République, l’institution est tenue par un seul homme - Ferdinand Ngoh Ngoh, son premier adjoint ayant été nommé au secrétariat général des services du premier ministre depuis le 2 octobre 2015.
Un monopole humainement insupportable, au regard du volume et de l’importance des dossiers que le secrétariat général de la présidence de la République est appelé à traiter. Mais pour les exégètes de l’analyse politique, ce réajustement technique s’impose aussi par le souci de ne pas confier tous les dossiers d’Etat à la sagacité d’un seul homme, pour autant qu’on sache que le secrétariat général est le cœur de la présidence, donc de la République, et le secrétaire général perçu comme le président en pointillé.
Une analyse battue en brèche par certains cadres de la présidence, qui estiment que plus de 6 mois avant sa mort, Peter Agbor Tabi ne travaillait plus, affaibli par la maladie. Ce qui n’a en rien entravé le fonctionnement de cette institution au cœur du système. Mais cela pouvait- il perdurer indéfiniment ?
Perte de confiance
Pour bien d’observateurs avertis, ce remaniement tant claironné pourrait s’adosser aussi sur des motivations plus politiques, liées à la perte de confiance du chef de l’Etat à l’égard de certains de ses lieutenants. Dans son entourage, on le dit très remonté contre certains membres de l’équipe dont l’affairisme lui est parvenu. Et c’est dans son environnement direct que le président pourrait commencer le nettoyage, avec le départ soupçonné de l’actuel secrétaire général.
Et pour cause, son rôle dans certaines décisions qui ont affecté la vie de la République ces derniers temps. Dans les coulisses, on évoque l’évacuation prétendument sanitaire de l’ancien ministre de l’Agriculture et du Développement rural - Essimi Menye.
Il se dit dans certains bureaux de la présidence que le chef de l’Etat n’était pas favorable à une telle décision. Ce qui expliquerait ce qui s’est apparenté à un bras-de-fer entre l’ancien ministre et le régime, avant cette décision. Que s’est-il passé entre temps ? D’aucuns relèvent la proximité entre Essimi et Ngoh Ngoh que leur séjour aux Etats- Unis aurait rapprochés.
En tout cas, semblent se convaincre certaines sources à la présidence, des informations contraires aux motivations officielles de cette évacuation sanitaire seraient parvenues aux oreilles sensibles du chef de l’Etat.
Mais à côté de ce qui se révèle être un scandale, resurgit le limogeage peu élégant de Jean William Sollo de la direction générale de la Camwater - la Cameroon water utilities, en mars dernier, au cœur d’un conflit fratricide avec son ministre de tutelle, et qui n’échappait à aucun Camerounais.
Avec du recul, des murmures laissent entendre que la procédure était teinté de vices pernicieux, même si le vernissage juridique avait été assuré par le Conseil d’administration, convoqué en session extraordinaire pour le débarquer. Pouvait-on limoger un directeur général nommé par décret présidentiel sans l’assentiment du président ? Etant donné que Jean William Sollo est présenté dans le sérail comme le rejeton d’une famille qui a une histoire d’amitié particulière avec Paul Biya.
Des détails qui parfois expliquent certains choix présidentiels. En tout cas, d’aucuns y perçoivent le jeu trouble du secrétariat général de la présidence dans cet arbitrage peu partial d’un jeu ouvert qui, de toutes les façons, allait faire des victimes.
Piège
Sur cette liste noire, figurerait également le nom de Basile Atangana Kouna - l’actuel ministre de l’Eau et de l’Energie. Les raisons du désamour du prince à son égard, la crise persistante de l’énergie et les coupures intempestives de l’eau et de l’électricité, qui révèlent son vrai bilan à la tête de ce département ministériel névralgique. Certaines langues, bonnes ou mauvaises, lui ont même prêté des actions au sein de la Cde - la Camerounaise des eaux qui est la repreneuse d’un pan de la privatisation de l’ex-Snec, avant qu’il ne se fonde en démenti.
Le chef de l’Etat aurait-il reçu d’autres informations plus consistantes ? En tout cas, il fallait bien que quelqu’un paie pour cette incompétence dans la gestion de l’eau et de l’électricité au Cameroun.
Et celui dont on se demandait depuis des années comment faisait-il pour se maintenir aux affaires malgré son bilan peu flatteur, pourrait céder le plancher. Une autre manière de renvoyer Atangana Kouna se battre définitivement au quartier avec son frère Sollo. Une autre qui pourrait subir la colère du chef de l’Etat, c’est Jacqueline Koung à Bessike des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières.
Si la supputation venait à s’avérer, elle prolongerait la galaxie des ministres fugaces du Mbam, après Jean Baptiste Beléoken, Pascal Anong Adibime, Louis Marie Abogo Nkono à la tête du même département ministériel. On la crédite aussi de quelques scandales dont la presse avait fait état, autant qu’elle avait annoncé un dossier qui l’attend au Tcs - le Tribunal criminel spécial.
Changement de portefeuille
Philip Ngole Ngwese du ministère des Forets et de la Faune pourrait ne pas lui aussi échapper à la bourrasque, à la tête d’un département ministériel longtemps étiqueté comme un foyer de la corruption. Nos sources ne dévoilent pas quel serait son péché mignon, mais révèlent la façon miraculeuse dont une de ses parentés se serait sortie d’un labyrinthe judiciaire qui agite actuellement la République. Cela suffirait-il à justifier une sortie du gouvernement ? L’avenir le dira.
Pierre Hélé- le ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, pourrait se retrouver lui aussi dans ce train d’évacuation.
Difficile pour ceux qui avancent son nom de lui trouver le moindre scandale, mais son départ pourrait être guidé par le souci présidentiel de libérer les postes ministériels au profit des ressortissants des autres coins du pays qui attendent depuis des lustres leur tour. Le même souci pourrait coûter son poste à Joseph Dion Nguté - le ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures chargé de la coopération avec le Commonwealth, doublé de sa longévité devenue parmi les plus légendaires au même poste.
Le dernier sur cette liste que nos sources estiment non exhaustive, c’est Mme Dibong née Biyong Marie Rose - la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Habitat et du Développement urbain chargée de l’Habitat. Elle pourrait être emportée par ses dénonciations épistolaires à l’égard de son ministre, le chef de l’Etat étant particulièrement acerbe à l’égard des actes d’indiscipline. Par ailleurs, on se serait rendu compte de son inutilité au sein du gouvernement, sa présence étant simplement justifiée par le souci peu productif de la sauvegarde de l’alliance Rdpc-Undp.
Nos sources insistent sur la non exhaustivité de cette lite des partants du gouvernement, autant qu’elles font état de changement de portefeuille pour certains fidèles du chef de l’Etat.
Ce serait le cas de Jacques Fame Ndongo qu’on pressentirait au secrétariat général de la présidence de la République, de Laurent Serge Etoundi Ngoa qui pourrait échouer au ministère des Forêts et de la Faune, ou encore de Madeleine Tchuinté aux Domaines. Info, intox ou simples spéculations des réseaux « pouvoiristes » qui écument la présidence de la République ? Seul Paul Biya, titulaire du pouvoir discrétionnaire en la matière, détient la vérité.