Depuis 2018, les Camerounais s'attendaient à un nouveau remaniement du gouvernement et les nombreux scandales qui ont éclaboussé de nombreux membres du gouvernement, n'ont pas amené le président Biya à virer certains ministres et à en nommer d'autres.
La question du remaniement ministériel qui ne vient toujours pas, a été débattu hier dimanche 24 novembre dans l'émission Canal Press sur Canal2 international.
Et selon Jacques Banyoglog qui participait à cette émission, il n'y a aucune urgence actuellement pour que le chef de l'Etat procède à un remaniement.
"Pour moi, il n'y a pas une urgence actuellement de remanier le gouvernement. Le gouvernement n'est pas grippé. Les institutions gouvernementales fonctionnent très bien. Célestin Djamen a pris l'exemple du ministre de la communication qui travaille très bien… La célérité avec laquelle on vous répond au ministère de la communication, au ministère de la fonction publique, vous vous dites qu'il y a encore des personnes qui travaillent très bien dans notre pays. Le ministre Atanga Nji, pourquoi ne pas le citer également ? Si j'avais une note à lui donner, je lui donnerais 16/20 parce qu'il travaille et, allez savoir pourquoi il est maintenu", a-t-il argumenté.
Quoi qu'il en soit, il semble qu'à plusieurs reprises, des remaniements initiés par Paul Biya ont été annulés à la dernière minute, à l'instar du licenciement du Directeur de Cabinet de Cavaye Yeguié Djibril qui a été limogé, avait-on appris dans un communiqué lu à la CRTV, mais est encore en fonction.
Ngoh Ngoh, l'homme qui survit à toute les tentatives de remaniement
Plus d'une décennie après sa nomination comme Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR) en 2011, Ferdinand Ngoh Ngoh demeure une figure centrale du pouvoir camerounais. Son influence, loin de s'éroder avec le temps, s'est consolidée à travers un réseau de relations stratégiques qui continue de façonner la politique nationale.
Ministre d'État avec rang de SGPR, Ferdinand Ngoh Ngoh a survécu à toutes les rumeurs de remaniement qui ont jalonné son parcours. Sa résilience au sommet de l'État témoigne d'une capacité remarquable à naviguer dans les eaux complexes de la politique camerounaise, notamment grâce à des alliances cruciales au sein du palais présidentiel.
L'alliance avec la Première Dame, Chantal Biya, reste l'un des piliers de sa position. Cette proximité, renforcée par ses origines de la Haute-Sanaga, région dont est également issue la famille de Madame Biya, lui confère un avantage considérable dans l'échiquier politique.
Au sein du gouvernement, le SGPR maintient des connexions essentielles. Sa collaboration avec Oswald Baboke, directeur adjoint du cabinet civil, demeure un atout majeur, compensant les relations plus complexes avec d'autres figures de l'administration, notamment le directeur de cabinet Samuel Mvondo Ayolo.
Le réseau d'influence de Ferdinand Ngoh Ngoh s'étend aux secteurs clés de l'État. Dans le domaine sécuritaire, sa relation privilégiée avec Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale, et Galax Yves Landry Etoga au secrétariat d'État à la Défense, reste déterminante.
Son influence continue de se manifester dans la gestion des grandes entreprises publiques. Les nominations stratégiques effectuées sous son égide, notamment à la SONATREL avec Victor Mbemi Nyaknga, à la SONARA avec Jean-Paul Simo Njonou, et au Port de Douala avec Cyrius Ngo'o, témoignent de la persistance de son pouvoir décisionnel.
Malgré sa position consolidée, des tensions subsistent avec certains poids lourds du régime, notamment le ministre de la Justice Laurent Esso et le Premier ministre Joseph Dion Ngute. Ces rivalités, loin d'affaiblir son influence, semblent avoir renforcé sa détermination à maintenir sa position stratégique.
Sa relation privilégiée avec les conseillers israéliens de la présidence, particulièrement Eran Moas, continue de jouer un rôle crucial dans sa stratégie d'influence, notamment dans les questions sécuritaires et de surveillance.
Perspective
En 2024, Ferdinand Ngoh Ngoh apparaît plus que jamais comme un acteur incontournable de la politique camerounaise. Sa capacité à maintenir et à renforcer son réseau d'influence, malgré les changements et les tensions, illustre une remarquable compréhension des mécanismes du pouvoir au Cameroun.
Son influence persistante souligne également la stabilité des structures de pouvoir au sein du régime de Paul Biya, où les positions acquises se renforcent avec le temps plutôt que de s'éroder. Cette continuité, caractéristique du système politique camerounais, semble promise à se prolonger dans un avenir prévisible.