Lorsqu’il décide de remanier son gouvernement, le Président de la République dresse préalablement une liste des personnalités qu’il va dégommer. Communique à son SGPR les noms des titulaires des ministères de souveraineté ; le charge ensuite de lui fournir un échantillonnage de hauts commis de l’Etat correspondant aux mêmes départements que les ministres sortants.
Après cette étape, les heureux élus sont reçus en consultation par le SGPR qui les notifie de la décision de son patron de leur accorder tel ou tel autre strapontin. Enfin, le Chef de l’Etat reçoit le Premier Ministre pendant plusieurs heures le jour dit, quelques heures seulement avant la publication du nouveau cabinet.
Paul Biya n’écoute pas les battements de son cœur, lorsqu’il s’agit de rabattre les cartes pour assurer la pérennité de son régime. Même des proches tels que Léopold Ferdinand Oyono, Paul Tessa, Christian Mataga ou encore très récemment, Martin Belinga Eboutou l’ont appris à leurs dépens.
Alors qu’il avait lui-même formulé le vœu de quitter le cabinet civil, suite aux récurrents soucis de santé, l’ancien DCC fut dégommé sans être prévenu en 2018 pendant qu’il se trouvait cloué sur un lit d’hôpital à Genève en Suisse. Mis au parfum de son limogeage par le capitaine Jean Noah, aide-de-camp du Président à l’époque des faits, celui-ci fut également remercié pour « espionnage ».
Dans un ouvrage publié aux Editions l’harmattan, sous le titre : le secrétaire général de la Présidence de la République entre mythes, textes et réalités… Jean-Marie Atangana Mebara revient sur quelques temps forts qui ont marqué son passage dans ce sanctuaire du pouvoir d’Août 2002 à septembre 2006.
En même temps, il brosse les traits de caractère saillants de celui qui fut son ex patron Paul Biya, qui reste encore aujourd’hui considéré par bon nombre d’exégètes et d’observateurs- comme l’un des hommes d’Etat, les plus secrets du continent noir.
Le successeur d’Ahmadou Ahidjo révèle l’ancien Sgpr, prend sa fonction très au sérieux et se refuse de toute proximité familiarité avec ses ministres, qu’il considère d’abord et avant tout comme de simples collaborateurs et rien de plus. Il préfère, dit-il, être appelé « Monsieur le Président de la République », plutôt que « Excellence » arguant que les sous-préfets et de banals responsables d’association ou des chefs de quartier se font appeler comme tel.