Actualités of Thursday, 7 April 2016

Source: camer24.de

René Emmanuel Sadi défie le premier ministre

René Sadi, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation René Sadi, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation

En maintenant à leurs postes préfets et sous-préfets, atteints par la limite d’âge de départ à la retraite, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation Emmanuel Sadi passe outre une directive du chef du gouvernement demandant de mettre fin à cette pratique.

C’est le 29 octobre 2015 que le Premier ministre, Philémon Yang sonnait la première charge.

A l’issue du conseil de cabinet de ce mois-là, le chef du gouvernement invitait les ministres, « au respect scrupuleux de la directive permanente du président de la République leur prescrivant de veiller à ce que les fonctionnaires placés sous leur autorité et admis à faire valoir leurs droits à la retraite, libèrent effectivement à temps le service». Moins d’un mois plus tard, il revenait à la charge.

Dans une circulaire datée du 12 novembre, Philémon Yang notait que son « attention a été appelée de manière récurrente sur le fait que les règles régissant l’admission des agents publics à la retraite ne sont plus systématiquement observées dans certaines administrations et, lorsqu’elles le sont, font l’objet d’une application différenciée et discriminatoire».

Il embrayait de fait que « une telle situation constitue, comme le rappelait déjà la circulaire n°009/Cab/Pm du 29 décembre 1994 relative à la cessation de service des agents publics, une violation flagrante des règles et principes de fonctionnement qui fondent la gestion des ressources humaines de l’Etat, consacrés par le statut général de la Fonction publique, ainsi que les différents statuts particuliers et spéciaux ».

Le locataire de l’Immeuble étoile observait, pour les condamner, «toutes les manœuvres et tous les artifices visant à retarder l’effectivité de l’admission d’un agent public à la retraite ou à prolonger irrégulièrement le lien fonctionnel qui l’unit au service public ».

Il invitait enfin les ministres à « veiller à ce que les fonctionnaires placés sous leur autorité et admis à faire valoir leurs droits à la retraite, libèrent effectivement à temps le service et soient, lorsqu’ils exercent des fonctions de responsabilité, remplacés par leurs collaborateurs appelés réglementairement à assurer l’intérim».

Complément d’effectifs

Prêchant par l’exemple, celui qui occupe l’Immeuble étoile depuis juin 2009, signait les départs à la retraite de plusieurs hauts fonctionnaires en service à la Primature. Il sera suivi par le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey qui a effectué en mars dernier un coup de balai : 2800 agents priés de faire valoir leurs droits à la retraite selon des sources.

Et parmi eux, de hauts cadres de l’administration centrale. Au ministère des Enseignements secondaires, il s’agit d’un peu plus de 1000 agents concernés par cette mesure. On aurait pu penser la dynamique sur de bons rails.

C’était sans compter sur la force des « réseaux », plutôt bien ancrés au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, à la tête duquel trône depuis octobre 2011 René Emmanuel Sadi.

Dans les récents mouvements effectués au sein de la grande famille des préfets et sous-préfets, on a pu constater que tous les « chefs de terre», frappés par la limite d’âge de départ à la retraite, ont été maintenus à leur poste. Une trentaine de préfets, dont ceux du Mfoundi, de la Mifi, ou encore du Nkam, ont été conservés au-delà des 55 ans maximum requis pour un administrateur civil.

Dans les arrondissements, au Minadt on évoque une centaine de sous-préfets (101 selon certaines sources) depuis longtemps concernés par les admissions à faires valoir les droits à la retraite. « Il est assez curieux de voir que le sous préfet d’Ebebda, qui avait depuis passé l’âge, n’a été remplacé que parce qu’il avait commis une faute grave, car il a été relevé de ses fonctions. Cela veut dire qu’il serait encore à son poste sinon », commente un administrateur civil au Minadt.

Un autre se désole du fait que des « vieillards » sont maintenus au delà de l’âge légal, au mépris de tous ces autres jeunes administrateurs « qui sont sans cesse envoyés en complément d’effectifs ». Dans les couloirs du Minatd, on en vient à regretter l’ancien patron des lieux.

Encore des actes qui prouvent que les jeunes au Cameroun auront du mal à faire carrière. Si oui dans l’agriculture. Avec « la terre qui ne trahit pas. »