Depuis plusieurs années déjà, il fait partie du package extrascolaire nécessaire avant tout enregistrement d’un élève sur les fichiers de plusieurs écoles privées ou publiques de la capitale.
Ecole publique de la Vallée d’Ekié (Yaoundé IV), ce 30 août 2017, le babillard renvoie une phrase : «Chers parents, merci de présenter un rouleau de papier hygiénique au secrétariat du directeur avant toute inscription».
Dans un collège privé laïc situé à un jet de pierre de là, une métaphore est venue à l’esprit de l’économe. «N.B. Un rouleau biodégradable avant toute inscription», lit-on sur une note affichée à l’entrée de son bureau. Par son caractère grotesque et direct, la police utilisée par l’auteur de la note renforce l’enjeu et soumet élèves et parents à un strict impératif auquel ils ne peuvent déroger. «On va faire comment?», s’interroge une dame. Mère de trois enfants. Elle exhibe trois rouleaux de papier hygiénique, «c’est la condition pour les inscrire tous».
Tir groupé
Apporter du papier-toilette est donc devenu obligatoire dans plusieurs établissements primaires et secondaires de la capitale.
Ceux-ci ont dû se passer le mot. «Partout, depuis une dizaine d'années, on est passé des typiques cahiers, stylos et crayons à des listes qui incluent des produits de base, notamment lerouleau de papier hygiénique. C’est terrible!», fulmine un parent d’élève de classe de sixième dans un lycée de Yaoundé.
Ici comme ailleurs, quelques dirigeants d’établissements se sont même appropriés des enjeux environnementaux. Ceux-ci ont fini par impulser de nouveaux effets dans les critères de choix. Dans un collège privé confessionnel à Yaoundé II, on affiche: «Se prémunir d’un rouleau de papier-toilette biodégradable avant toute inscription». Dans le bureau des inscriptions, une marque en ouate de cellulose «biodégradable» est disponible et directement proposée aux parents et élèves.
«Au fil du temps, nous avons vu cette liste s’allonger, et maintenant on commence à voir apparaître des choses comme papiers-toilette biodégradables.
Des fournitures qu’on ne vous aurait pas demandées il y a dix ans. C’est une sorte d’impôt dissimulé», critique une dame qui se demande pourquoi ces dépenses ne sont pas incluses tout simplement dans les frais de scolarité.
Défense
L’argumentaire développé partout reste centré sur l’importance de l’hygiène en milieu scolaire. «Dans nos écoles, nous voulons à travers cela, inculquer à nos enfants des réflexes hygiéniques de base», clame un responsable au lycée de Tsinga. A l’école publique de Kondengui, la tentation est forte d’entrer dans l’explication de la nouvelle exigence avant toute inscription.
«C’est pour montrer aux parents et aux élèves que nous avons des difficultés à rendre effectivement l’école gratuite au Cameroun», confesse un enseignant. «L’avantage avec le bio, c’est qu’il peut être jeté dans les poubelles recyclables, dans un compost ou directement dans la cuvette des toilettes», allègue le préposé des ventes.