Le 6 avril 1984, le Cameroun a failli basculer dans l'instabilité politique lorsqu'un groupe de soldats a tenté de renverser le président Paul Biya. Cependant, deux hommes, Gabriel Ebili et Minkoua Nzhiou, ont joué un rôle crucial dans la prévention de cette tentative de coup d'État en empêchant la diffusion du message des putschistes sur les ondes de la radio nationale. Malgré leur contribution significative, ils estiment avoir été oubliés par l'histoire.
Ce matin-là, les mutins avaient pris le contrôle de la Radio nationale du Cameroun et annoncé avoir pris le contrôle de toutes les institutions de la République et démis Paul Biya de ses fonctions de chef de l’État. Cependant, leur discours n'a pas été entendu en dehors de Yaoundé. Gabriel Ebili, un technicien de la radio, avait débranché les câbles FM de la Radio nationale, contrecarrant ainsi les plans des mutins.
Quelques jours avant le 6 avril, Ebili avait été approché par des hommes qui lui avaient demandé de coopérer, sous peine de représailles. Il ne connaissait ni la date ni l'heure précise de l'opération et avait pris soin de mettre sa famille à l'abri. Le jour du coup d'État, il a été agressé par un soldat mutin, mais a réussi à mettre les émetteurs sous tension tout en faisant en sorte que le message des putschistes ne soit pas diffusé au-delà de Yaoundé.
Toutefois, la version de Gabriel Ebili est remise en question par Minkoua Nzhiou, un autre technicien. Ce dernier affirme avoir été en poste au Centre de hautes fréquences de Soa, dans la périphérie de la capitale, le 6 avril, et se revendique comme celui qui a empêché le signal radiophonique de la capitale d’être émis ailleurs dans le pays.
Malgré leur rôle crucial dans la prévention du coup d'État, Gabriel Ebili et Minkoua Nzhiou ont été largement oubliés par l'histoire. Ebili a été admis à la retraite en 1987, privé de ses droits financiers, et a dû entreprendre une campagne médiatique pour dénoncer l'ingratitude des autorités. En 2015, le président Paul Biya a ordonné le déblocage de 40 millions de F CFA pour la construction d'une résidence digne de ce nom en faveur du technicien retraité, par ailleurs rétabli dans ses droits administratifs. De son côté, Minkoua Nzhiou dit avoir été simplement oublié.
Ces deux hommes, qui ont contribué à empêcher les putschistes de diffuser leur message sur les ondes de la radio nationale, portant ainsi un dur coup à la tentative de renversement de Paul Biya, partagent le sentiment d’avoir été oubliés. Leur histoire soulève des questions sur la reconnaissance et la gratitude envers ceux qui ont joué un rôle crucial dans la préservation de la stabilité politique d'un pays.