Paul Biya est rentré discrètement au Cameroun lundi soir, mettant fin à une absence de sept semaines qui avait suscité de nombreuses interrogations. Cette période d'absence, marquée par son abstention à d'importants rendez-vous internationaux comme l'Assemblée générale de l'ONU à New York et le sommet de la Francophonie à Paris, avait alimenté les spéculations sur son état de santé, au point de pousser les autorités à prendre des mesures exceptionnelles.

La longueur inhabituelle de cette absence avait déclenché une véritable tempête médiatique au Cameroun, conduisant le ministre de l'Administration territoriale à prendre une mesure controversée : l'interdiction pure et simple de toute discussion sur l'état de santé du président, qualifiant le sujet de "question de sécurité nationale". Cette décision avait alors ravivé les débats sur la transparence de la gouvernance au sommet de l'État.

L'émission "Le Quotidien" sur Vision 4 TV a choisi de consacrer son édition de mardi aux "leçons du retour du Chef de l'État", offrant une tribune au Pr Pascal Charlemagne Messanga Nyamnding pour analyser la situation. Cette émission est venue illustrer l'importance que revêt ce retour dans le débat public national.
L'intervention du politologue Biyaïste sur le plateau de Vision 4 a marqué les esprits par sa défense vigoureuse du président. "Le président est un humain qui peut avoir des refroidissements, qui a le droit d'être malade, qui a le droit de se sentir fatigué", a-t-il martelé, dénonçant ce qu'il considère comme une déshumanisation de Paul Biya par ses opposants.

Le Pr Messanga Nyamnding a également fourni une lecture intéressante de la couverture médiatique intense autour du président. Selon lui, cette surmédiatisation s'explique par deux facteurs : la crainte qu'inspire Paul Biya à ses opposants et l'intérêt commercial que représente son nom pour les médias. "J'ai acheté une quinzaine de journaux... tous parlent de Paul Biya", a-t-il souligné pour illustrer ce phénomène.

Si le retour du président met fin aux spéculations immédiates sur son état de santé, il n'éteint pas pour autant le débat de fond sur la gouvernance au Cameroun. La question de la transparence sur l'état de santé des dirigeants et celle de la continuité de l'État restent des sujets de préoccupation pour de nombreux Camerounais.