Actualités of Saturday, 14 May 2016

Source: cameroon-info.net

Retrouvailles Paul Biya - François Hollande à Abuja

Paul Biya et François Hollande Paul Biya et François Hollande

Le Chef de l’État camerounais a quitté Yaoundé dans la matinée de ce samedi 14 mai 2016 à destination d’Abuja, la capitale politique du Nigeria. Le Président de la République répond à une invitation de son homologue nigérian qui organise un Sommet régional sur la sécurité.

Depuis environ cinq ans, certains pays membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), à savoir le Nigéria, le Cameroun, le Tchad et le Niger, sont victimes des exactions de Boko Haram. Ces pays ont décidé de mutualiser leurs forces pour éradiquer la secte islamiste d’origine nigériane et combattre le terrorisme sous toutes ses formes.

Dans la recherche des moyens et des stratégies communes pour faire disparaitre la menace terroriste, les pays du CBLT sont soutenus par des «pays amis» et des organisations partenaires.  Après un premier sommet sur la sécurité dans la sous-région Afrique centrale le 17 mai 2014 à Paris en France, les Chefs d’État camerounais, tchadien, nigérian, nigérien, français et béninois vont donc se retrouver ce samedi 14 mai 2016 à Abuja.

Il sera principalement question d’évaluer le chemin parcouru deux ans après le premier sommet de Paris et la situation à date sur le terrain de la guerre contre Boko Haram. Depuis l’arrivée de Muhammadou Buhari à la Présidence du Nigeria le 29 mai 2015, et la bravoure des forces de défense du Cameroun, les terroristes ont énormément perdu du terrain.

«Entretemps, les offensives de l’armée nigériane contre les positions de Boko Haram ont, comme vous l’avez dit, «techniquement» neutralisé l’organisation terroriste tandis que les forces des autres pays de la Commission du Bassin du Lac Tchad (dont le Cameroun) harcelaient les groupes terroristes repliés dans les zones frontalières. Je tiens ici à féliciter les forces de défense et de sécurité de tous nos pays et la Force Multinationale Mixte, pour leur vigilance et leur efficacité.

Il est aujourd’hui permis d’espérer que, Boko Haram, considérablement affaibli, n’aura bientôt plus sa capacité de nuire. Je veux aussi exprimer ma compassion pour les nombreuses victimes des attentats suicides perpétrés au Nigeria par l’organisation terroriste, ainsi que mon souhait de voir les jeunes filles de Chibok retrouver bientôt la liberté.

Je voudrais d’ores et déjà saluer les mesures prises, à votre initiative, pour la restauration de l’autorité publique dans les zones reconquises et pour faciliter la réinstallation des populations  déplacées. Sachez, Monsieur le Président et Cher Frère, que vous pouvez compter sur le Cameroun pour continuer à apporter à vos compatriotes, qui ont dû fuir les zones de combat, toute l’assistance nécessaire. Il n’y a là au demeurant qu’un juste retour des choses pour l’hospitalité que votre pays accorde aux Camerounais qui ont choisi de vivre au Nigeria. 

Nous devrons, le moment venu, chacun de son côté et collectivement, tirer les leçons de l’épisode Boko Haram.  Je crois que les pays de la zone du Lac Tchad, et particulièrement le Nigeria et le Cameroun, auront intérêt, une fois le phénomène terroriste éradiqué, à se concerter pour en prévenir la réapparition. Il s’agira bien entendu de dispositions communes d’ordres militaire et sécuritaire. Mais, aussi de mesures de nature à accélérer le développement des régions concernées. Nous savons, en effet, que le sous-développement, c’est-à-dire la pauvreté et l’ignorance, favorise les entreprises de mouvements terroristes tels que Boko Haram», avait déclaré Paul Biya, le 3 mai dernier à Abuja pendant le dîner d’État offert par Muhammadu Buhari en l’honneur du couple présidentiel camerounais.

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Rappel des Conclusions du premier Sommet pour la sécurité au Nigeria organisé à Paris le 17 mai 2014

Les Chefs d’État du Bénin, du Cameroun, de la France, du Nigéria, du Niger et du Tchad, ainsi que les représentants des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union Européenne ont participé le 17 mai 2014 à Paris à un sommet consacré à la Sécurité du Nigéria. Ce sommet a permis d’intensifier la mobilisation régionale et internationale pour lutter contre le terrorisme du groupe Boko Haram.

La réunion s’est conclue sur plusieurs décisions qui permettront de renforcer la coopération entre les Etats de la région, à la fois pour permettre la libération des jeunes filles enlevées et plus largement pour lutter contre Boko Haram. Les partenaires présents (France, États-Unis, Royaume-Uni, Union européenne) s’engageront à soutenir cette coopération régionale et à renforcer le dispositif international de lutte contre Boko Haram et de protection des victimes. Tous les Etats réaffirment leur engagement en faveur des droits de l’Homme, et en particulier la protection des droits des jeunes filles victimes de violences, de mariages forcés ou menacés d’esclavage.

- Coopération régionale

Le Nigéria et ses voisins développeront des capacités d’analyse et de réaction qui contribueront à renforcer la sécurité de toutes les populations et l’État de droit dans les zones affectées par l’action terroriste de Boko Haram.

Pour lutter contre la menace créée par Boko Haram, qui s’est dernièrement manifestée par plusieurs attentats meurtriers et par l’enlèvement de plus de 270 lycéennes, le Nigéria et ses voisins décident d’immédiatement, de:

Sur une base bilatérale - Procéder à des patrouilles coordonnées dans un objectif de lutte contre Boko Haram et de recherche des disparues

- Mettre en place un système de partage du renseignement afin de soutenir cette action opérationnelle

- Mettre en place des mécanismes d’échanges d’information sur les trafics d’armes et renforcer les mesures de sécurisation des stocks des armées.

- Mettre en place des mécanismes de surveillance des frontières.

Sur une base multilatérale - Mettre en place une cellule de fusion du renseignement

- Instituer une équipe dédiée qui identifiera les moyens à mettre en œuvre et élaborera dans un second temps une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme, dans le cadre de la Commission du Bassin du Lac Tchad.

Cette approche s’inscrit dans la logique du sommet de la Commission du Bassin du Lac Tchad de 2012. Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’UE coordonneront leur soutien à cette coopération régionale : expertise technique, programmes de formation, soutien à des programmes de gestion des espaces frontaliers.

- Action au niveau international

Les participants s’engagent à accélérer la mise en place de sanctions internationales, en priorité dans le cadre des Nations Unies, à l’encontre de Boko Haram, d’Ansaru et de leurs principaux responsables.

- Mobilisation en faveur des zones marginalisées et de leurs populations fragiles, notamment les femmes exposées aux violences

Le P3 et l’UE s’engagent à mobiliser les bailleurs de fonds en faveur de programmes favorisant le développement socio-économique des régions concernées, avec un accent particulier sur l’égalité femme-homme, les droits des femmes et des filles et notamment leur droit à l’éducation, le renforcement de la participation des femmes à tous les processus de décision ainsi que le soutien aux victimes de violences sexuelles (assistance juridique, aide médicale et soutien psychosocial). L’UE dédiera un certain nombre de ces programmes en ce sens et renforcera son action de lutte contre la radicalisation.

Les participants ont convenu que le Royaume-Uni accueillerait une réunion de suivi le mois prochain au niveau ministériel pour faire un point des progrès de ce plan d’action.