Lasses d’attendre, depuis 4 ans, la construction d’un point sur la rivière “Petit Nkam” et après 6 morts, déjà, enregistrés des suites de noyade, les populations ont, le 29 octobre, bloqué la route, à Kékem.
La circulation a été interrompue pendant plusieurs heures, vendredi, sur la nationale n°5. Précisément à Kekem, département du Haut-Nkam, région de l’Ouest. A l’origine du courroux des populations, la mort par noyade du nommé Tchouffe. C’est en traversant le pont vétuste sur le fleuve Ngoun qu’il est emporté par les eaux. Un décès de plus. C’en est trop pour les populations qui ont barricadé la route avec les vieux pneus, de troncs d’arbre.
« Remettez-nous notre pont construit par nos parents. Plus de six morts en quelques mois » ; « Trop c’est trop » ; « Nous demandons au ministre des Travaux publics [sic] de revenir remettre notre ancien pont construit par [sic] nos parents. En 2018, vous êtes venus détruire tout en nous promettant [sic] 7 mois de construction, Nous sommes déjà à 4 ans. Plus de 6 personnes mortes de noyade. Nos enfants ne vont plus à l’école.», peut-on lire sur les pancartes.
Nganou Djoumessi attendu de pied ferme. Les manifestants sont remontés contre le ministre des Travaux publics, et s’interrogent sur son inertie depuis que les noyades s’accumulent. « On l’a vu accourir comme un petit enfant dans le Sud, lorsque les populations ont manifesté. Il y a les mêmes problèmes chez lui à l’Ouest, on ne le voit pas », ne décolère pas Alain Happi, agriculteur à Bafang. « Nganou Djoumessi est à l’origine de nos problèmes.
Ce monsieur est le prototype même de l’élite prédatrice. Il se trompe en pensant que c’est en courant résoudre les problèmes dans la région d’origine du chef de l’État, qu’il sera maintenu au gouvernement. Paul Biya n’est pas tribaliste », assène Louis Paul Tchientcheu, enseignant. Descendu sur les lieux, le préfet du Haut-Nkam, Luc Ndongo, va, à coups de promesse sur la construction imminente d’un pont, calmer les manifestants.
Les mêmes ruses produisent les mêmes effets ! Le 28 septembre 2021, les populations d’Akom II, département de la Mvila, région du Sud, abattent des arbres et les jettent-sur la route non bitumée Ebolowa-Kribi. Elles sont lasses des promesses électorales. Longtemps annoncé, le bitumage de cet axe tarde à devenir réalité.
L’absence de bonnes routes renchérit les coûts de déplacement et complexifie l’écoulement des produits du champ non sans enfoncer, chaque jour un peu plus, les villageois dans la pauvreté. Pour ne rien arranger, l’électricité demeure un serpent de mer dans la localité. La coupe est donc pleine. Les barricades sont levées à la suite de conciliabules avec une élite de la région. Néanmoins, le non-respect des engagements pris auprès des manifestants remettra le feu aux poudres.
Chaud devant quand on sait qu’un peu partout dans*les dix régions du pays se posent avec acuité les problèmes de route, d’électricité, d’eau ! « C’est la conséquence des promesses non tenues et de la corruption généralisée. Car, certaines infrastructures sont réalisées sur le papier alors qu’il n’en est rien dans la réalité », analyse Issa Bouba, politologue. Après le Sud et l’Ouest, à qui le tour ?