Dans le bras de fer qui oppose Richard Evina Obam, patron de la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun (CDEC), à la BEAC et à la Cobac, un allié de poids se distingue : Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence. Ce soutien de haut niveau pourrait bien jouer un rôle clé dans la résolution de ce conflit aux enjeux économiques et politiques majeurs.

Richard Evina Obam, 56 ans, est un fin connaisseur des finances publiques. Inspecteur des impôts de formation, il a gravi les échelons pour diriger la CDEC, une institution stratégique chargée de gérer les avoirs en déshérence et les fonds publics. Depuis sa nomination, il s’est fixé pour mission de transformer la CDEC en un investisseur institutionnel puissant.

Cependant, son projet se heurte à l’hostilité de la BEAC et de la Cobac, qui souhaitent placer la CDEC sous leur supervision. Pour contrer cette initiative, Obam peut compter sur le soutien de Ferdinand Ngoh Ngoh, une figure influente de l’appareil présidentiel. Une correspondance datée du 1er août 2024, révélée par Jeune Afrique, montre que Ngoh Ngoh a interpellé le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, pour accélérer le transfert des avoirs en déshérence vers la CDEC.

Ce soutien est d’autant plus crucial que Motaze semble avoir pris parti pour les banques récalcitrantes, selon des sources proches d’Obam. Le ministre des Finances, originaire de Bengbis comme Obam, n’a pas manifesté le même engagement en faveur de la CDEC, ce qui a poussé Obam à se tourner vers Ngoh Ngoh pour défendre ses intérêts.

Le conflit entre la CDEC et la BEAC dépasse le simple cadre technique. Il met en lumière les tensions entre les institutions camerounaises et les instances régionales, ainsi que les rivalités au sein de l’élite politique et économique du pays.

Alors que la BEAC prévoit de soumettre les propositions du groupe de travail aux ministres des Finances de la région en mars, Richard Evina Obam reste déterminé à poursuivre sa croisade. Avec le soutien de Ferdinand Ngoh Ngoh, il espère bien préserver l’autonomie de la CDEC et renforcer son rôle dans l’économie camerounaise.

Jeune Afrique révèle que ce dossier, loin d’être clos, pourrait influencer les équilibres politiques et économiques du Cameroun dans les mois à venir.