Dans un article publié par Jeune Afrique, l'on apprend que le milliardaire camerounais est engagé dans un violent bras de fer avec l'Etat sud-africain qui a fait saisir ses immeubles sur son territoire.
En riposte à la saisie et à la liquidation de ses immeubles en Afrique du sud, Baba a fait saisir les comptes des filiales de groupes sud-africains à Yaoundé, afin d’obtenir le paiement de plus de 370 millions d’euros.
"Début septembre, le milliardaire camerounais a fait saisir les comptes des filiales de groupes sud-africains à Yaoundé, afin d’obtenir le paiement de… plus de 370 millions d’euros. Ce proche du président Paul Biya riposte à la liquidation de ses immeubles, opérée en Afrique du Sud par First National Bank.
C’est un feuilleton politico-judiciaire qui pourrait bien devenir «l’affaire Danpullo ». Selon nos informations, Baba Ahmadou Danpullo a obtenu le 5 septembre de Quentin Djapité Ndoumbe, le président du tribunal de première instance de Douala Bonanjo, une ordonnance visant à saisir, auprès des banques locales, les comptes de l’opérateur MTN Cameroon et du chocolatier-confiseur Chococam (filiale du groupe agroalimentaire Tiger Brands). L’entrepreneur réclame en effet le paiement de 243 milliards de F CFA (plus de 370 millions d’euros)", informe Jeune Afrique.
"Le juge a également donné son feu vert à la saisie des comptes des responsables de ces entreprises, dont ceux de Colin Mukete, le président du conseil d’administration de la filiale du groupe de télécoms. L’une de ces ordonnances porte sur le « compte float » de Mobile Money Corporation, filiale de MTN Cameroon dévolue à la monnaie électronique et logée chez Afriland First Bank. Et, sur ce compte, se trouve la contrepartie des unités de valeur que chaque utilisateur de ce service détient dans son téléphone. Il faudra que la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) proteste énergiquement, et rappelle que ce compte est insaisissable, pour que la mesure soit levée", ajoute notre confrère.
Baba Ahmadou Danpullo est un homme d'affaires camerounais. Il est l’homme le plus riche en Afrique francophone au Sud du Sahara en 2019 selon Forbes Afrique.
Issu de l'ethnie des Peuls, Baba Ahmadou Danpullo est musulman et a quitté l’école avant le collège. Il grandit dans une famille modeste, et démarre ses activités comme camionneur et propriétaire de quelques échoppes. Ayant obtenu des licences d'importation de riz et de farine, un important prêt bancaire, il se lance dans l'importation.
C’est un homme qui vaut plusieurs centaines de milliards de F CFA et qui n’aime pas les journalistes. Baba Ahmadou, dit Baba Danpullo (fils de Peul), est parvenu à les tenir à bonne distance jusqu’à ce que le classement de la version africaine du magazine Forbes le présente comme la première fortune d’Afrique francophone. C’était en 2015. Brutalement placé sous les feux des projecteurs, il s’est résigné à les recevoir pour faire bonne figure.
À 69 ans, il qui cultive l’allure simple du commerçant en habit traditionnel et préfère vivre dans son domaine niché au sein de ses 5?000 ha de plantations de thé. Pas seulement parce que l’agro-industrie est le cœur de ses activités, mais aussi pour respirer l’air frais de cette campagne au relief spectaculaire, un alignement quasi continu de hautes terres qui s’étendent du mont Cameroun jusqu’aux monts Mandara et pour profiter du calme de sa campagne natale. « Les affaires n’aiment pas le bruit », estime-t-il.
Baba est un chef d’entreprise qui emploie 10?000 personnes, il a installé le siège de ses activités en Afrique du Sud. Il y possède une compagnie aérienne régionale, Star Away Airlines, et un patrimoine immobilier comprenant plusieurs gratte-ciel. À Johannesburg, il est particulièrement fier de la Marble Tower, sur Von Wielligh Street, et de His Majesty, sa tour préférée, aux dires de ses collaborateurs –, sur Eloff Street.
En 2013, c’est aussi à Nexttel, coentreprise entre le groupe de Danpullo et le vietnamien Viettel, que le gouvernement a accordé la troisième licence de téléphonie mobile du pays?: en trois ans, l’opérateur a développé son réseau au point de couvrir 80 % du territoire. L’homme le plus riche du Cameroun est aussi présent dans le coton, sa compagnie Smic détenant 11 % du capital de Sodecoton, et dans les services aéroportuaires, puisqu’il siège au conseil d’administration d’Aéroports du Cameroun (ADC).
Père de huit enfants, qui travaillent presque tous dans les entreprises du groupe, le milliardaire peut envisager l’avenir avec optimisme. Il veut se lancer dans la production de thé vert, dont la consommation ne cesse d’augmenter depuis que des études lui prêtent la capacité de prévenir certains types de cancers. Le groupe a engagé un programme de modernisation de l’outil de production pour accroître son offre.
Bien que le Cameroun soit un producteur de petite taille, notamment par rapport au Kenya, Baba Danpullo se bat pour faire adhérer le pays au groupe intergouvernemental du thé de la FAO, afin de garantir à la production locale un meilleur accès au marché international.
Danpullo s’investit aussi beaucoup dans des œuvres caritatives et sociales à travers son association Sodelco. En 2009 par exemple, Baba a fait don d’une enveloppe de 100 millions de francs Cfa au parti au pouvoir, le RDPC. Il a construit des écoles, soutient la création de ranchs et apporte son appui à l’installation de centres de santé dans les zones défavorisées. On peut être à la tête d’une fortune estimée à 550 milliards de F CFA et fuir obstinément fastes et mondanités.