Actualités of Thursday, 12 May 2022

Source: www.camerounweb.com

Risque de soulèvement à Douala : Paul Biya reçoit une importante lettre

Patrice EKWE EDIMO SILO écrit à Paul Biya Patrice EKWE EDIMO SILO écrit à Paul Biya

Patrice EKWE EDIMO SILO, le président association Renaissance du Peuple Sawa a adressé une lettre au président de la République Paul Biya pour solliciter l’intervention de ce dernier dans un litige foncier à Douala en fin d’éviter un soulèvement populaire

Monsieur Le Président de la République,
Par la présente, je me permets de vous solliciter afin d'obtenir votre intervention dans le litige que les autochtones de Dikolo-Bali du Canton Bell dans la commune de Douala 1er rencontrent avec le Gouvernement camerounais concernant le Décret d’utilité publique obtenu par le représentant du groupe Marriott International en mars 2019 pour la construction d’un hôtel privé. L’HÔTEL s’étendrait sur 4 hectares.

En effet, le Peuple Sawa éprouve de vives préoccupations dans le cadre de la mise en œuvre d’un décret d’expropriation n°2020/004/PM du 09 janvier 2020 sur leur terre, la terre de leurs ancêtres appartenant aux autochtones de Dikolo-Bali du Canton Bell dans la commune de Douala 1er ! Alors que plusieurs familles affirment détenir des titres de propriété.

Le 18 avril 2022, le Préfet du Wouri a informé les autochtones de Dikolo-Bali du Canton Bell dans la commune de Douala 1er d’un décret concernant une DUP (Déclaration d'Utilité Publique), en conséquence, il faudrait qu’ils quittent leur domicile, en raison d’un projet de construction d’un « HÔTEL » privé, appartenant au groupe Marriott hôtel. Et qu’ils disposaient jusqu’au 15 mai de cette année pour remplir le dossier d’indemnisation ! A défaut, les autorités feraient usage de la force pour prendre possession des lieux.

Monsieur Le Président de la République,
Ce décret d’expropriation va jeter à la rue plus de 3 000 familles ! Nous condamnons donc dans les termes les plus fermes le décret d’expropriation des habitants du quartier de Dikolo-Bali du Canton Bell dans la commune de Douala 1er !

Monsieur Le Président de la République,
Les représentants de l’État chargés de procéder à ces expropriations n’ont pas respecté les garanties d’une procédure régulière, notamment celle d’une DUP (Déclaration d'Utilité Publique) et cela constitue une violation flagrante des droits humains, notamment le droit de vivre dans les terres de ses ancêtres.
Pour rappel, l’article n°17 de la Déclaration des droits de l’homme stipule : « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment ».

Nous ajoutons que : « Nul ne peut être contraint de céder sa propriété si ce n’est pour cause d’utilité publique ».
Malheureusement, le Gouvernement du Cameroun justifie cet acte à travers une DUP (Déclaration d'Utilité Publique) dans la perspective d’un projet de construction d’un hôtel privé, appartenant à un particulier !
Monsieur Le Président de la République,
Lorsqu’on parle d’expropriation pour cause d’utilité publique, nous aimerions voir des routes, des hôpitaux et des écoles. Ce projet mis en place ne concerne pas un édifice d'utilité publique car il ne s'agit ni d'une école ni d'un hôpital, encore moins d'une route. L’Etat camerounais exproprie donc des légitimes propriétaires autochtones qui vivent dans leur village pour le bénéfice d'un promoteur immobilier privé.
Comment peut-on nous expliquer que la construction d’un hôtel privé a un caractère d'utilité publique ou d'intérêt général ? Nous, Sawas de la diaspora, affirmons que cette DUP (Déclaration d'Utilité Publique) est entachée de nombreuses irrégularités !
Aujourd’hui, l’Etat camerounais veut absolument exproprier des populations autochtones de Dikolo-Bali titulaires de titres fonciers reconnus par ce même État camerounais et enregistrés aux services du cadastre. Nous signalons que, aucune des familles de Dikolo-Bali n’est favorable à cette expropriation sauvage – injuste et illégale pour les intérêts financiers ! Le Décret d’utilité publique obtenu par le groupe Marriott International en mars 2019 auprès du Premier Ministre est illégal. Nous pensons que le caractère « d’utilité publique » est contraire avec le projet pour l’édification d’un hôtel privé, initié par un homme d’affaire.

Monsieur Le Président de la République,
Nous, Sawas de la diaspora, certifions qu’il y a une Différence substantielle entre le projet mis à l’enquête d’expropriation et la déclaration d’utilité publique. C’est un détournement de pouvoir, parce que c’est une opération non réellement motivée par l’intérêt général : le Gouvernement camerounais recherche, en réalité à concéder une faveur ou un avantage au représentant du groupe Marriott au Cameroun, c’est-à dire à une personne privée, à un homme d’affaires !
Nous constatons une incompatibilité de la DUP avec le projet de construire un hôtel privé !

Monsieur Le Président de la République,
En dépit des fermes contestations de la communauté sawa, le Gouvernement camerounais continue de « faire la sourde oreille ».
Le 28 octobre 2021, après le marquage des habitations sur le site par des croix, synonyme du compte à rebours de déguerpissement et la mise en demeure du Préfet du Wouri, Monsieur Benjamin Mboutou, accordant ainsi un délai de 30 jours aux occupants pour quitter le site.
Le 5 novembre 2021, les populations sommées ont manifesté contre le projet d’expulsion en cours.

Plusieurs pancartes dévoilaient les préoccupations de ces derniers : « Halte à l’atteinte de la mémoire de Rudolf Douala Manga Bell», «Halte à l’injustice aux Bonanjo», «libérez les TF 48/W, 120/W, 37780/W, TF 731/W, TF 6348/W, TF 1348/W, TF 27592/W, TF 46772/W, 17642/W», «Ouvrez une enquête sur le TF 750/W de 826 m2 de Bali», « oui à l’annulation du TF n° 22407/W», ou « Un hôtel n’est pas d’utilité publique ».

Le vendredi 19 novembre 2021 à Bali Douala - la police a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène contre des autochtones de Dikolo-Bali dans le canton Bell concernant l’expropriation sur leur terre, la terre de leurs ancêtres !
La terre du Roi Rudolf Douala Manga Bell figure historique de la lutte contre les expropriations du pouvoir colonial Allemand !

Monsieur Le Président de la République,
A la suite d’une grande sensibilisation médiatique et des marches pacifiques des Sawa à Douala, notamment la rencontre entre les Députés Joshua Osih, Soppo Toute Marlyse et Albert Doigt Collins de Douala–Wouri centre (1ère circonscription) et le Premier Ministre, Chef du gouvernement, Monsieur Joseph Dion Ngute, la décision d’expropriation des populations de Dikolo-Bali qui était annoncé par l’Etat camerounais pour le 28 novembre 2021, avait été renvoyée fin mars 2022, afin d’être réexaminée par le Premier ministre, Chef du gouvernement, Monsieur Joseph Dion Ngute, je cite les Députés : « nous avons rencontré le Premier ministre, Chef du gouvernement, Monsieur Joseph Dion Ngute, afin de demander un réexamen de la décision d’expropriation des populations de Dikolo dans le Canton Bell chez nous à Douala. Le Premier ministre nous a demandé de rassurer les familles concernées que personne ne touchera aux intérêts des populations de Dikolo, avant qu’il ne se penche sur le sujet courant mars pour trouver une solution concertée et inclusive dans l’intérêt de toutes les parties ».
Dans le même sillage, Sa Majesté Jean Yves Eboumbou Douala Manga Bell, le chef supérieur du Canton Bell, publiait le 25 novembre 2021, un communiqué relatif aux démarches effectuées : « Il ressort des assurances obtenues auprès des hautes autorités de l’Etat que la destruction des habitants de Dikolo n’aura pas lieu. Son Altesse Royale invite par conséquent les populations concernées au calme jusqu’à l’aboutissement de ses actions en cours auprès des hautes instances »

Malheureusement pour les autochtones de Dikolo-Bali du Canton Bell, l’espoir de quelques semaines est devenu un désespoir - une déception - un chagrin - une désolation - un deuil - une souffrance ! Aujourd’hui, l’État camerounais tente maintenant de le faire sous l’intimidation financière sans même avoir à se risquer à venir sur le terrain – comprendre la souffrance des autochtones de Dikolo-Bali dans le canton Bell.

Monsieur Le Président de la République,
Il n’est pas question de laisser l’État camerounais chasser - expulser une partie d’entre nous, ni même de laisser peser une telle menace sur l’ensemble des habitants de Dikolo-Bali dans le canton Bell.
Les autochtones de Dikolo-Bali à Douala sont inquiets pour leur avenir, pour l’avenir de leurs enfants.
Des milliers de familles sont menacées, depuis la publication de ce décret, d'être expulsées de leurs propriétés, de leur terre, la terre de leurs ancêtres !
Appliquer cette mesure serait un "acte de pure atrocité, brutalité, barbarie, monstruosité, inhumanité " qui va jeter dans la rue des enfants et des familles !
Monsieur Le Président de la République,
Aujourd’hui, la Prééminence, le Pouvoir du peuple sont alors confisqués par les INDIVIDUS qui ne raisonnent plus en fonction de l’intérêt général des Camerounais et du Cameroun, mais simplement au nom de leurs « INTERÊTS » propres.
Monsieur Le Président de la République,
Ce décret d’expropriation des autochtones de Dikolo-Bali à Douala joue en faveur des ennemis de l’intérieur du Cameroun – surtout – il légitimerait les « propos » de ceux et celles qui n’ont dans la bouche que le concept du « Tribalisme » comme idéologie !
Ce décret d’expropriation des autochtones de Dikolo-Bali à Douala attise beaucoup plus de la violence que de l’apaisement ! Il suffit, depuis la sortie de ce décret, de voir des débats à l’intérieur du Cameroun, comme dans la diaspora, dans les télévisions, dans des réseaux sociaux comme dans les familles. Les Patriotes camerounais ont peur d’un nouveau cycle de violence !

Monsieur Le Président de la République,
A la date d’aujourd’hui, plusieurs milliers de familles qui vivent dans le quartier Dikolo-Bali, à Douala, sont sous la menace d’une expulsion forcée imminente.

Monsieur Le Président de la République,
Tout ce que demandent les autochtones de Dikolo-Bali, c’est que l’Etat respecte leur droit à vivre sur les terres de leurs ancêtres. Nous vous rappelons que plusieurs d’entre eux ont un titre foncier ! Surtout que la procédure d’une DUP (Déclaration d'Utilité Publique) soit conforme aux normes internationales relatives aux droits applicables aux expropriations !
Monsieur Le Président de la République,
Pour les autochtones de Dikolo-Bali qui vivent sur leur terre, la terre de leurs ancêtres, la dernière menace d’expropriation en date témoigne du manque de détermination des Autorités à mener une véritable consultation et à s’investir dans les négociations.
Monsieur Le Président de la République,
Pensez-vous que la communauté sawa, dans les prochains jours, devrait ramasser les corps à Dikolo-Bali, et ne s’indignerait plus pour des maisons, des terres de nos ancêtres, mais pour des cadavres ?
Monsieur Le Président de la République,
Pour mémoire,
Nous sommes au Cameroun, dans la ville de Douala. Précisément au quartier Bali, lieu-dit Dikolo. Il s'agit des terres ancestrales sur lesquelles vivent des autochtones de Bonanjo depuis plus de 1000 ans. C'est un site historique qui regorge des figures sacrées, liées à la culture du peuple Douala qui vit sur ces lieux. Surtout les terres de l’une des 12 grandes familles du Canton Bell, la famille Bon’a Ndoumbè, famille du Roi Ndoumbè Lobé – Roi des Bonanjo.
Comment peut-on comprendre qu’une famille qui a une telle histoire, l’histoire du Cameroun, que du jour au lendemain, les populations, plus précisément, autochtones, apprennent que leur terre était vouée à être rasée pour y construire un Hôtel privé. Et comme explication de l’Etat camerounais : pour une DUP (Déclaration d'Utilité Publique).

NOUS RAPPELONS QUE : « POUR TOUTE TRADITION COUTUMIERE – LA TERRE EST LE CORDON OMBILICAL SACRE ET UNIQUE QUI RELIE LES POPULATIONS A LEURS ANCÊTRES ! »
Pourquoi ce mépris de la vie des populations autochtones de Dikolo-Bali dans le Canton Bell par l’Etat camerounais au profit d'intérêts privés, au profit d'intérêts financiers, c’est inadmissible et scandaleux. Il faut d'urgence mettre un terme à ce projet et respecter le droit de ces populations de vivre sur leurs terres – la terre de leurs ancêtres !

Monsieur Le Président de la République,
Nous, Sawas de la diaspora, demandons à l’Etat et au Groupe Marriott d’agir dans le respect de la loi concernant une DUP (Déclaration d'Utilité Publique) et la nécessité de protéger les droits humains et la santé de toutes les personnes habitantes dans le quartier de Dikolo-Bali dans le canton Bell ! Sinon, exproprier sous couvert d’une DUP (Déclaration d'Utilité Publique), sachant que c’est pour la construction d’un hôtel privé pour un homme d’affaires et non pour la collectivité, reviendrait à trahir la confiance de la population et à bafouer nos lois.

L’objectif d’un « HÔTEL » privé ne saurait être atteint en privant plusieurs personnes, notamment les autochtones de Dikolo-Bali à Douala des seules propriétés dont ils disposent. Surtout les terres, les terres de leurs ancêtres !

Les expulsions prévues à Dikolo-Bali à Douala mettront plusieurs milliers de familles à la rue, en violation de toute procédure concernant une DUP (Déclaration d'Utilité Publique). Nous, Peuple Sawa, vous demandons de mettre un terme à cette DUP (Déclaration d'Utilité Publique) ! De stopper immédiatement toute décision d’expropriation ! C’est une des atteintes aux droits des minorités, des SAWAS, des autochtones de Dikolo-Bali à Douala !

Aujourd’hui, Monsieur Le Président de la République, plusieurs familles risquent toujours d’être chassées de leur terre, des terres de leurs ancêtres à Dikolo-Bali à Douala !

Monsieur Le Président de la République,

Aujourd’hui, l’essentiel, c’est de sortir les autochtones, les habitants de Dikolo-Bali à Douala de cette situation, de cette galère. Vous seul, Monsieur Le Président, avez le pouvoir de changer la situation.

Il ne s’agit pas de vous demander à vous rallier à la cause de la minorité sawa, mais il s’agit de vous inviter à répondre aux doléances des autochtones de Dikolo-Bali à Douala !

Monsieur Le Président de la République,

Ces quelques pages n’ont d’autres visées que de vous convaincre de l’URGENCE et de la nécessité de réunir tous les enfants du Cameroun. Nous appelons aussi au bon sens des Camerounais, cette valeur qui reste la mieux partagée, y compris en ces temps d’éparpillement, mais aussi à la tolérance, au rassemblement, pour s’attacher un peu plus à préparer les voies de l’avenir. Avec une réelle volonté d’espérance.

Monsieur Le Président de la République,

À la lumière de ce qui précède, nous vous prions instamment :

• D’abandonner le projet d’expropriation des centaines de milliers de personnes habitant à Dikolo-Bali à Douala, situés sur des terres de leurs ancêtres et que les personnes qui y vivent ne se retrouvent pas sans abri ;

• De veiller à ce que le Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières assume pleinement la responsabilité des injustices subies par ces familles, et accorde à ces dernières des réparations effectives, notamment d’une indemnité et avec des garanties de non-expulsion ;

• De demander au Parlement d’enquêter et de convoquer le représentant du Groupe Marriott hôtel au Cameroun, afin d’établir pourquoi le décret concernant l’application d ’une DUP leur a été attribué pour la construction d’un hôtel privé ;

• De demander à la Délégation Générale à la Sûreté Nationale de faire savoir à tous les policiers qu’ils sont tenus de ne pas faciliter les activités illégales liées à des expulsions, et d’enquêter et de prendre des mesures administratives contre tous les fonctionnaires qui ont participé à la manifestation des autochtones des habitants de Dikolo-Bali à Douala du 19 novembre 2021.

Notre vœux le plus cher, aujourd’hui, pour la PAIX du Cameroun tout entier, c’est l’annulation immédiate de ce décret d’expropriation !
Tel est notre appel !

Dans l’espoir que vous n’épargnerez aucun effort en vue de garantir, la justice, la paix et la tranquillité des Camerounais dans toutes ses composantes, y compris les autochtones de Dikolo-Bali à Douala, nous vous prions de croire, Excellence, Monsieur Paul BIYA Président de la République du Cameroun, à notre très haute considération.