Le ministre de la Santé publique est actuellement accusé de retarder le paiement dû aux Associations Locales (Aslo) et de porter préjudice à ces structures locales. Alors que les tensions autour de cette question montent, les conséquences potentielles sur le climat social pourraient être graves.
Le Comité local du suivi de la dette PBF (Performance Based Financing), Financement basé sur la performance, dans la région du Centre a tenu un point de presse récemment pour attirer l'attention sur le non-paiement de la dette des Aslo par le ministère de la Santé entre 2020 et 2022, et les effets néfastes éventuels sur la société camerounaise. Selon les Aslo de la région du Centre, la dette accumulée entre 2020 et 2022 se chiffre à plus de 200 millions de Fcfa. Dans une tentative de favoriser la cohésion sociale, les Aslo ont accepté de signer un document de réajustement en juillet 2022, avec la promesse formelle d'un règlement au plus tard en août 2022. Cette dette restructurée s'élève à près de 170 millions de Fcfa. Malgré les démarches entreprises par les Associations locales depuis la fin du contrat en décembre 2022, le ministère de la Santé n'a pas pris les mesures nécessaires pour régler cette dette. Les Aslo ont multiplié les initiatives, notamment en envoyant un mémorandum aux plus hautes instances, tels que le président de la République, la Banque mondiale, le ministre de la Santé et les parlementaires. En réponse à leurs interpellations, la Banque mondiale a décliné toute responsabilité, clarifiant que « l'emprunteur est le seul responsable de la mise en œuvre des projets, y compris du paiement des arriérés dus aux Aslo ». Cette précision a clairement désigné le ministère de l'Économie et le ministère de la Santé comme les seuls responsables du règlement de la dette des Aslo.
La mort des Aslo ?
Le 18 juillet 2023, le ministère de la Santé a envoyé une correspondance aux Aslo, annonçant la mobilisation d'un milliard de Fcfa par le ministère de l'Économie, sur instruction du Chef de l'État, en vue de régler la dette due aux Associations Locales. Cependant, la réaction du ministère de la Santé reste toujours attendue, et son retard à mettre en œuvre les directives présidentielles est tout simplement incompréhensible, d'autant plus qu'il dispose déjà des fonds nécessaires pour régler définitivement la dette des Aslo. Cette attitude ubuesque contribue à exacerber une situation déjà assez tendue sur le plan social. Il convient de souligner que le non-paiement de la dette des Associations Locales depuis 2022 a déjà causé d'énormes préjudices aux Aslo, tant en termes de fonctionnement que pour la vie de leurs membres. Les conséquences se manifestent notamment par des tensions de trésorerie (préfinancement des enquêtes et paiement des intérêts), des conflits internes (révolte des enquêteurs), des poursuites judiciaires à l'encontre de certains responsables, des hypothèques sur leurs biens, la démobilisation des membres et l'arrêt total ou partiel de leurs activités. Cependant, les Aslo et d'autres organisations de la société civile jouent un rôle essentiel dans la prestation de services publics. Le refus persistant du ministère de la Santé de régler les arriérés de la dette Pbf des Aslo équivaut à programmer « la mort » des Aslo. « La situation actuelle exige une réponse urgente et appropriée de la part du ministère de la Santé, afin d'éviter une déstabilisation sociale majeure. Si le paiement des arriérés n'est pas effectué dans les plus brefs délais, les conséquences pourraient être dévastatrices, mettant en péril l'avenir des Aslo et exacerber davantage les tensions sociales déjà palpables au Cameroun », estime un cadre du Rdpc, le parti au pouvoir.