• Le Secrétaire général de la présidence demande l'ouverture d'une enquête
• Selon Ferdinand Ngoh Ngoh, certains enseignants des universités de Bamenda et Soa seraient des sécessionnistes
• Il écrit une lettre officielle au ministre de l'Enseignement supérieur
Dans la lettre officielle de la présidence de la République (signée par le SGPR Ferdinand Nhoh Ngoh au nom du chef de l'Etat), il est demandé au professeur Fame Ndongo de diligenter urgemment des enquêtes pour identifier les professeurs qui feraient l'apologie des sécessionnistes au sein des universités de Bamenda et de Soa.
"Des informations parvenues au secrétariat de la présidence de la République font état de ce que, des enseignants des universités de Soa et de Bamenda, soutiendraient la crise dans les régions du Nord-ouest et Sud-Ouest, à travers des messages, discours et déclarations faisant l'apologie du sécessionnisme dans le cadre de leurs enseignements", lit-on dans la lettre de la présidence de la République au prof Fame Ndongo.
"Aussi, ai-je l'honneur de bien vouloir recouper cette information, et, le cas échéant, diligenter une enquête à ce sujet, en liaison des services spécialisés compétents. Vous voudriez bien rendre compte des conclusions de vos diligences, pour la très haute information du président de la République", ajoute le SGPR.
Rappelons, qu'en mai 2020, le Dr Agbor Balla a été suspendu de l'université de Buea pour avoir évoqué la crise anglophone dans l'un de ses cours.
Depuis fin 2016, les régions anglophones du Cameroun sont en proie à des violences entre les forces gouvernementales et les groupes armés qui cherchent à créer un État séparé. Cette crise a fait des milliers de victimes.
Le gouvernement a nié à plusieurs reprises que ses forces de sécurité aient commis des abus pendant la crise, mais il semble maintenant aller encore plus loin.
Le 20 avril, le ministre de l'enseignement supérieur a envoyé une lettre à l'université de Buea, alléguant que le professeur de droit Felix Agbor Nkongho, également connu sous le nom de Agbor-Balla, avait violé "le code d'éthique et de conduite de l'université" et a demandé au directeur de l'université de prendre des mesures. Les cours d'Agbor-Balla ont alors été suspendus.
Agbor-Balla a déclaré à Human Rights Watch qu'il pense que la suspension de ses cours était due à un devoir dans lequel il demandait aux étudiants d'explorer les raisons de la crise anglophone. Il a ajouté qu'il s'agissait uniquement d'amener les étudiants en droit à réfléchir de manière critique et à replacer la crise dans un contexte juridique.
"Je ne discute pas de politique en classe", avait-il déclaré.
Un représentant du ministère de l'enseignement supérieur a déclaré à Radio France Internationale qu'Agbor Balla avait "transformé une salle de classe en espace politique".
Ce n'est pas la première fois que des enseignants se mettent en difficulté pour discuter de l'actualité camerounaise. Le 13 septembre 2019, un enseignant du lycée d'Avebe-Esse, un village de la région du Sud, a été arrêté après avoir mentionné en classe que le gouvernement envisageait de permettre au leader de
l'opposition emprisonné, Maurice Kamto, de participer à un dialogue national. L'enseignant a été libéré cinq jours plus tard.