De temps à autre, la "mer d'huile" comme la qualifiait un observateur pour désigner le calme plat de la vie politique camerounaise, fait des vagues. Qui retombent aussi subitement qu'elles ont survenu, avant que le calme plat ne s'installe à nouveau.
Le 24 mars dernier, lors de la commémoration du 37e anniversaire du Rdpc, lors du meeting de circonstance tenu par les militants de la Lekie, visiblement sous l'instigation de l’actuel "patron politique" de ce département, M. Eyebe Ayissi il a été à nouveau question d'élection anticipée...
Mezza vocce, les gens ont interprété cela comme une " demande " de modification de la constitution, dans un certain sens. Celui de cette rumeur insistante, sur un projet de modification de la constitution du Cameroun, dont le dessein serait l'introduction d'un poste de vice-président de la République.
On rentrerait donc de plain-pied dans l'ère de la " succession ", où tout le monde attend de voir Paul Biya, le vieux souverain, au bout de sa quarantième année de pouvoir, donner des indications sur son " après". Les tenants de cette agitation se recrutent pour l'essentiel dans les cercles (parfois rapprochés) de l'actuel pouvoir et des noms émergent pour crédibiliser au besoin cette thèse.
On y voit pèle mêle, Yang Philemon, l'ancien Premier ministre, dans la version "pouvoir aux anglophones" ou alors Frank Biya, dans la version "dynastique" ou d'autres noms encore. Cela fait penser à la fumeuse idée d'élection anticipée qui anima le microcosme politique camerounais au point qu'il y ait des meetings et des motions de soutien, en 2015, à trois ans de la fin du dernier mandat de Paul Biya.
Fidèle à sa façon de faire de toujours, le souverain resta muré dans son silence, jusqu'à ce que la vague retombe. La suite est connue de tous. Parlant de cette rumeur de projet de modification de la constitution, techniquement, un habitué du travail parlementaire et des couloirs de l’Assemblée Nationale du Cameroun a laissé comprendre au Jour, qu'il s'agit d'une " impossibilité " pour ce qui concerne la présente session parlementaire.
L’Assemblée Nationale du Cameroun a beau être une "chambre d'enregistrement", les choses s'y passent en général dans les formes et c'est d'ailleurs un point d'honneur. D'un point de vue politique, l'analyse pousse à se poser quelques questions.
La première concerne les habitudes du locataire depuis quarante ans du palais d'Etoudi : dans quelles mesures acceptera-t-il, surtout avec le déclin de l’âge, de partager la lumière avec quelqu'un d’autre ? La deuxième question tient aux " équilibres" à la Camerounaise : l'institution d'un vice-président va-t-elle remettre en cause celle de Premier ministre ? Et enfin, à quelle région appartiendrait l'impétrant de cette nouvelle fonction qui de fait serait un dauphin désigné ?
La réponse à toutes ces interrogations correspondent à un casse-tête, situation dans laquelle l'homme du 6 novembre a horreur de se plonger, surtout s'il n'y a aucune urgence et s'il jouit d'une relative tranquillité comme en ces jours d'après CAN où la secousse des enseignants a failli le perturber, mais où les choses se sont calmées ...
Tous comptes faits, comment considérer cette nouvelle " affaire de vice-présidence", sinon comme un signe des guerres de positionnent pour l'après Paul Biya? Devant le silence du Chef, son sérail essaie de lire les signes et d'interpréter au besoin les oracles, ou alors lancer des fausses pistes, pire prêcher le faux pour avoir le vrai. En un mot, un jeu de massacre où l’élimination des adversaires coûte que coûte, semble être la règle.
Ce énième vent, passe sans doute, alors que tout le monde regarde le prince en guettant ses moindres gestes. D'aucuns fourbissent leurs armes, d'autres attendent ce que leur réserve le destin. Et continue à pendre, sur les artères d'un nonagénaire, le destin du Cameroun et se sa trentaine de millions d'habitants.