Dans un nouveau livre qui raconte sa seconde vie active, l’ancien gouverneur désormais en retraite revient sur certains faits ayant marqué sa vie professionnelle et pointe certains maux qui minent l’administration camerounaise.
Abakar Ahamat n’est pas prêt à se taire. Après avoir pris sa retraite en tant qu’administrateur civil, l’ancien gouverneur s’est reconverti en écrivain engagé. Déterminé à décortiquer les questions autour de la préfectorale qu’il connait très bien, il a désormais à son actif sept ouvrages aux titres provocateurs. D « Audace d’être différent » en passant par « L’envers du décor », « Un Administrateur si vil », « Le Fameux article 2 » etc., l’auteur prolifique se raconte dans un nouvel ouvrage d’Éric Théophile Tchoumkeu intitulé : « Abakar Ahamat : une seconde vie active ».
Dans cet ouvrage, l’auteur met en exergue l’interview, genre journaliste, pour inviter son interlocuteur à se replonger dans ses différentes productions question d’étayer un certain nombre de problématiques abordées. Abakar Ahamat revient sur son parcours, les raisons de sa reconversion en tant qu’écrivain, le choix de ses thématiques et surtout certains grands maux qui minent la société camerounaise.
L’inféodation de l’administration au parti au pouvoir le révolte au plus haut point. A ce sujet il dit : « L'Administration publique gagnerait énormément à se dépolitiser en se faisant éviter le spectacle désolant fait d’activisme, d’accointances pas toujours heureuses et des compromissions diverses qui font dire aux observateurs que les agents publics sont plutôt des agents électoraux, des techniciens et des tacticiens de la machinerie de la fraude électorale au profit du parti au pouvoir ».
Dans ce livre-entretien de 296 pages rédigé dans les deux langues officielles (français-anglais) et construit autour de 184 questions, Éric Théophile Tchoumkeu invite le lecteur à se plonger dans les dédales de la préfectorale avec un fin connaisseur du milieu pour y avoir fait ses classes. L’incompétence, la corruption, l’inégalité dans l’application des deux langues officielles et l’interprétation malhonnêtement intéressée des dispositions de ce fameux article 2 devient le motif appelé au secours pour justifier innocemment ces abus fort répréhensible (la corruption).
Avec la corruption qui gagne de l’espace, l’ancien préfet du département de Boumba et Ngoko est pour l’application de l’article 66. Il relève d’ailleurs des écarts commis par certains administrateurs en postes avec regret : « Je constate tout simplement que de nombreuses bévues sont de plus en plus récurrentes, fort nombreuses, écœurantes et quasi-quotidiennes. Ce qui, à mes yeux, ne s’explique pas et ne se justifie pas ».
Ce neuvième ouvrage d’Éric Théophile Tchoumkeu, paru aux Éditions de Midi, permet au lecteur de cerner la subtilité des textes administratifs et les difficultés du commandement. Un livre facile à lire au regard du style.