L’heure est au travail au Conseil constitutionnel. Après la publication des listes de candidats retenues pour l’élection des sénateurs du 25 mars 2018, l’institution habilitée à recevoir les contestations et réclamations est à l’œuvre. En tant que régulateur des rapports juridico-politiques existant entre les grandes institutions de la République, elle a reçu depuis le 8 mars 2018, au moins quatre recours. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a une offensive contre le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) accusé d’être au cœur de toutes sortes de manœuvres politiciennes pour satisfaire les « amis » du parti. Même au sein du parti au pouvoir, des militants et candidats ayant postulé aux élections sénatoriales n’apprécient pas le « flou » qui a conduit à l’adoption de la liste définitive des candidats du Rdpc. En rappel, selon les dispositions de l’alinéa 1 de l’article 130 de la loi portant Code électoral, les contestations ou réclamations sont faites sur simple requête. Pour sa part, le Conseil constitutionnel, selon l’article 131, dispose d’un délai de dix jours maximum pour statuer lorsque les recours concernent les candidatures.
Le RDPC contre le RDPC
Tout d’abord, le premier recours enregistré le 8 mars dernier et formulé par Saki Lamine et Hayatou Oumarou, tête de liste et militant du Rdpc de la circonscription électorale de l’Extrême-Nord. Dans leurs requêtes déposées au secrétariat du Conseil constitutionnel sis au palais des Congrès de Yaoundé, ils se plaignent de n’avoir pas été investi par leur parti aux élections sénatoriales 2018 alors que leurs dossiers étaient complets ». « Sénatrice du département de MayoSava, arrondissement de Kolofata, je suis surprise de constater qu’on a reconduit tous mes collègues sénatrices à l’exception de ma personne », explique Saki Lamine. A l’Est également, fort de l’article 158 qui stipule que sont inéligibles les personnes qui, de leur propre fait, se sont placées dans une situation de dépendance, d’une puissance étrangère ou d’un Etat étranger, que Zacherie Mgbamine, ancien maire d’AbongMbang, requiert l’inéligibilité de Mme Isabelle Assouho Ndjiole, épouse Tokpanou, candidate au Sénat. Elle a engagé le préfet du Haut-Nyong à intégrer le site de la SAR/SM de Medjoh au titre foncier de son père.
Le SDF contre le RDPC à l’Ouest
Le 9 mars 2018, le sénateur en fin de mandat du Social Democratic Front (Sdf) Paul Tchatchouang a sollicité le Conseil constitutionnel afin de rejeter la liste afin de rejeter la liste du Rdpc aux élections sénatoriales du 25 mars prochain dans la région de l’Ouest. Dans sa plainte, le requérant fait savoir qu’il a régulièrement fait acte de candidature et est de ce fait recevable en son action qui est faite dans les formes et délai légal. Il ajoute par ailleurs que « la candidature de ses colistiers a respecté les prescriptions prévues par le législateur (…) Que, curieusement, la liste du Rdpc dans la région de l’Ouest n’a pas respecté les dispositions du code électoral et les principes généraux de droit en matière électorale ». Fait plus grave, parce que le déroulement des élections présuppose la bonne foi de tous les participants aux élections, il est également reproché au Rdpc le fait que sa liste aux sénatoriales dans la région de l’Ouest n’a pas sacrifié à ces exigences. « Qu’en effet, le septième sur la liste du Rdpc, en l’occurrence le nommé Joseph Teingnidetio, est un personnage imaginaire et frauduleux », peuton lire. Sous ce rapport, la mise en compétition d’un être imaginaire exsude de manière on ne peut plus plausible la volonté de fausser le jeu démocratique et de couvrir le Cameroun davantage d’opprobre. Pour Paul Tchatchouang, la liste du Rdpc a violé les dispositions de l’article 164 du code électoral relatives à la dé- claration par laquelle le candidat mentionne « les noms, prénoms, date de naissance, filiation professionnelle et domicile des candidats ». Sur ladite du Rdpc querellée, y figurent les noms suivants : Sylvestre Ngounhinghe, François Xavier Ngoubeyou, Anaclet Fomethe, Aminatou Ngangoube, Max Pokam, Micheline Dsamou et Joseph Teingnidetio. C’est ce dernier nom de la liste du Rdpc qui est considéré comme fictif. Les militants du Sdf estiment que ce personnage mystérieux a été inséré à la dernière minute pour éviter la disqualification de la liste du Rdpc. Ce parti trouve également que le changement intervenu sur la liste du candidat querellé inconnu des registres d’Etat civil au Cameroun n’est pas un hasard, mais la manifestation du « rafistolage dont le Rdpc a seul le secret »
Un juriste contre le RDPC et compagnie
L’autre recours est celui du juriste Valentin Egono, candidat à la profession de sénateur au Cameroun, qui déplore l’absence de la neutralité d’Elecam dans les décisions d’acception des listes des partis politiques « en mariage –alliance impossible avec le Rdpc. Il demande la suppression des listes des partis politiques Rdpc, Undp, Upc, Fsnc, Sdf, Udc, Udp, Andp et Ums. Il va plus loin et exige l’annulation de la totalité des listes acceptées et la totalité des listes rejetées des partis politiques en compétition. Il « ordonne » l’entrée en compétition d’Egono Valentin, candidat investi par un parti politique et du parti Ucdi parti politique, dans les dix régions du Cameroun.
L’UNDP contre le RDPC
Le recours contentieux de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) en annulation de la décision du Conseil électoral portant acceptation de la liste du Rdpc dans la région de l’Adamaoua n’est pas en reste. Sur le fond, Pierre Flambeau Ngayap, le secrétaire général de ce parti, mandataires des listes Undp a, au nom du président national, indiquer que l’extrait d’acte de naissance produite par dame Souadatou Djallo épouse Kalkaba, candidate du Rdpc sur la liste de l’Adamoua a été établi sur la base d’un faux acte de naissance. Le recours introduit dans les délais précise que l’acte de naissance de dame Souadatou Djallo porte le numéro 807 et aurait été dressé en 1964 par un certain Mohaman Bello, officier de l’état du Centre de Tibati, assisté de Baba Souleymanou comme secrétaire d’état civil. On retient que toutes les mentions de cet acte sont fausses. Comme preuve, l’Undp signale, se fondant sur le procès-verbal de constat du ministère de Maitre Ndonfack Tsafack Martine Claire, huissier de justice à Tibati qu’en 1964, l’officier de l’état civil du Centre de Tibati s’appelait Mohaman Ndjobdi et non Mohaman Bello. Son secrétaire était le sieur Garba Adamou et non Baba Soulemanou. Fait plus grave, le dernier acte signé dans l’année 1964 au Centre d’état civil de Tibati porte le numéro 153 alors que celui produit par dame Souadatou Djallo porte le numéro 807.