Une plainte explosive vient d'ébranler l'appareil judiciaire camerounais. Alain Ekassi, témoin clé dans l'affaire Martinez Zogo, a déposé une plainte retentissante auprès du directeur de la Justice militaire, visant plusieurs hauts gradés de la gendarmerie nationale accusés de graves violations des droits humains.
Les détails de son arrestation racontent un récit glaçant de privations et de traitements inhumains. Selon sa déposition circonstanciée, son calvaire a débuté le 3 juillet 2024, lorsqu'il a été interpellé par les éléments du Groupement de Gendarmerie territoriale du Mfoundi. Le plaignant décrit des conditions de détention qui frisent la torture : maintenu nu et menotté au sous-sol de la Brigade de Recherches de Yaoundé 1er pendant trois jours, il affirme avoir subi des traitements dégradants.
La procédure elle-même semble entachée d'irrégularités multiples. Une perquisition tardive réalisée à 18h40 à son domicile, la confiscation de ses téléphones par le sous-lieutenant Ngambi, des menaces lors de la signature du procès-verbal d'audition, et la diffusion non autorisée de messages et d'audios provenant de ses appareils personnels constituent autant de violations présumées des procédures judiciaires.
Sa plainte cible nominativement plusieurs hauts responsables, parmi lesquels le commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé, le colonel Otoulou, commandant de la Légion de Gendarmerie du Centre, et le lieutenant-colonel Ndongo, commandant du Groupement de Gendarmerie territoriale du Mfoundi. Les chefs d'accusation sont particulièrement graves : abus de fonctions, usurpation de fonctions, torture, arrestation et séquestration, diffamation et commentaires tendancieux.
Le contexte de cette plainte ajoute à sa sensibilité. Alain Ekassi est un témoin central dans l'affaire Martinez Zogo et a récemment été impliqué dans une affaire concernant un faux contre-amiral. Sa démarche pourrait ouvrir une enquête interne sur les pratiques au sein de la gendarmerie camerounaise et soulève des questions cruciales sur le respect des droits des personnes en garde à vue.
Les détails de sa détention révèlent une série de dysfonctionnements inquiétants. Après son interpellation, il affirme avoir été détenu dans des conditions inhumaines, nu et menotté, avant d'être transféré dans une cellule collective. Lors de son audition, il a été confronté à des pressions pour signer un procès-verbal incomplet, ne mentionnant pas tous les officiers présents lors de son interpellation.
Cette plainte intervient à un moment crucial où les questions de transparence et de respect des droits humains sont de plus en plus scrutées au Cameroun. Les observateurs judiciaires et les défenseurs des droits humains suivront de près cette affaire qui pourrait potentiellement révéler des pratiques systémiques au sein des forces de l'ordre camerounaises.
La démarche d'Ekassi témoigne d'une volonté de faire la lumière sur des pratiques présumées illégales et de demander des comptes à des responsables qui, traditionnellement, bénéficiaient d'une large impunité. Son courage pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les abus de pouvoir dans le système judiciaire camerounais.