Actualités of Monday, 27 November 2017

Source: www.kongossa.fr

Sérail: enfin, le départ de Paul Biya annoncé ! [Retro]

Quand Paul Biya déclare «je vous donne rendez-vous dans 20 ans», les gens n'avaient pas compris Quand Paul Biya déclare «je vous donne rendez-vous dans 20 ans», les gens n'avaient pas compris

Le 9 juin 2004 à 15h50, le Boeing présidentiel en provenance de Genève, Suisse, qu'il a quitté le matin atterrit à l'aéroport de Yaoundé-Nsimalen. A son bord le Président Paul Biya accompagné de son-épouse et de ses enfants Brenda et Junior. Devant la foule nombreuse venue l'accueillir, il lance: «le fantôme vous salue bien... Certains, apparemment, étaient pressés d'assister à mes funérailles». Pour narguer les gens, Biya conclura: «Rendez-vous dans vingt ans». Il ne croyait pas si bien le dire car cet homme est inoxydable et on peut le retrouver bien vivant et pimpant en 2024 âgé de 91 ans.

Pourquoi de tels propos dans la bouche du chef de l'Etat ?

C'est que l'affaire Biya comme on l'a appelée à l'époque éclate le jeudi 3 juin au soir ou le vendredi 4 juin au matin dans deux sites internet, the Africans lndependent et Camerounlink basés aux Etats-Unis et animés par des compatriotes, des opposants à Paul Biya. Les nouvelles véhiculées par ces sites internet sont claires: «le président Biya serait mort en Suisse» ce qui est totalement faux.

Paul Biya après avoir présidé le défilé du 20 mai à Yaoundé quitte le pays le mercredi 26 mai pour un court séjour privé en Europe, plus précisément à l'hôtel Intercontinental de Genève où il est habitué. Il est prévu qu'il doit se retrouver le 12 juin dans la ville de Kribi pour inaugurer avec le président Idriss Déby Itno du Tchad le terminal de l'Oléoduc Doba (Tchad)-Kribi. La cérémonie aurait dû avoir lieu le 30 mai mais a été repoussée au 12 juin à cause d'une tentative de putsch qui a failli emporter le président tchadien.

A l'annonce de sa mort, plusieurs pontes du régime d'origine Fang/Béti, surtout les Bulu quittent précipitamment Yaoundé, abandonnant leurs cossues résidences pour prendre la direction du Sud, leur région d'origine. Non seulement, ils se dirigent vers ce Sud spoliateur mais ils se portent aux frontières gabonaise et équato-guinéenne prêts à les traverser si la mort du président Paul Biya se confirme. Peut-être qu’à l'époque il n'y avait plus de voleurs à Yaoundé sinon sachant que certaines résidences étaient vides de leurs propriétaires, ils s'en seraient donné à cœur-joie.

Paul Biya sait. Il est au courant de commentaires acides le dénigrant de certains de ses frères Fang/Béti à qui il a donné partout à manger, tiré de la misère. Biya est un rancunier invétéré qui même s'il a fait semblant d'avoir pardonné n'a pas oublié.

Certains étaient pressés d'assister à mes funérailles


Le chef de l'Etat qui n'est pas dupe sait qu'en dehors du peuple ou même des membres de l'opposition la plupart de ses proches collaborateurs sont des vipères, des traitres, des gens qui ne lui veulent pas du bien, qui souhaitent sa mort. Il sait depuis longtemps que son entourage ne l'aime guère. L'annonce de sa mort lui a permis de savoir qui est qui autour de lui, a fait tomber le masque des uns et des autres. A partir de là, Paul Biya qui est cynique et introverti à outrance retire la confiance qu'il avait misée en certaines personnes, certains collaborateurs. Il commence à se méfier de tout le monde, même dans sa propre maison car comme le dit un dicton de chez nous: «la mort d'une personne ne vient pas de loin».

Si en tant que chef de l'Etat avec tous les moyens de protection qu'il ya autour de lui, les gens lui en veulent, cela veut dire qu'une fois retiré des affaires, il sera une proie facile pour ses nombreux adversaires politiques et ennemis de tous bords qui chercheront à l'éliminer physiquement.

Rendez-vous dans 20 ans


Quand Paul Biya déclare «je vous donne rendez-vous dans 20 ans», les gens n'avaient pas compris ce qu'il avait dit. Il voulait dire tout simplement qu'il va rester en poste tant que sa santé ou son âge avancé le lui permettront jusqu'en 2024. Avec cette logique, il est donc fort probable que le chef de l'Etat se présente à l'élection présidentielle de 2018 à l'âge de 85 ans. C'est possible, ce d'autant plus que le président Zimbabwéen, Robert Mugabé (en mashona sa langue maternelle, son nom Magoba veut dire homme cruel, méchant, n'est pas du Fang/Béti ?) a 88 ans bien sonnés mais il a encore bon pied bon œil même comme des rapports confidentiels disent qu'il serait atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale.

L'opération épervier


Paul Biya comme tout être humain a des ennemis, mais depuis quelques années, il est en train d'augmenter de manière exponentielle le nombre de ses ennemis à travers l'opération épervier. Tous ceux qui sont déjà en prison dans le cadre de cette opération prient pour qu'il meure mais l'homme à la peau dure. Avec l'incarcération de Chief Ephraïm Inoni et Hamidou Yaya Marafa, on constate qu'il y a un grand nombre de mécontents dans le Grand Nord et le Sud-ouest qui le manifestent parfois ouvertement. Si ceux qui sont actuellement en prison dans le cadre de l'opération épervier avaient la possibilité de tuer le chef de l'Etat ou de créer une guerre civile au Cameroun qu'ils l'auraient déjà fait.

L'exil intérieur

Si Paul Biya quitte le pouvoir, va-t-il s'exiler dans son village natal, Mvomeka'a en faisant de brèves apparitions dans sa résidence de retraite à côté de l'ambassade américaine dont on dit un couloir souterrain relie les deux complexes immobiliers (on sait ce qui est arrivé à Laurent Gbagbo ancien président ivoirien qu'un tunnel reliant son palais à l'ambassade française et c'est par ce tunnel que les forces spéciales sont allées le prendre avant de le confier aux troupes de Alassane Dramane Ouattara.

Il sera difficile pour Paul Biya de vivre à Yaoundé tant ses ennemis y pullulent. En effet, s'il a la garde, en tant qu'ancien président, elle sera légère et il ne pourra pas se mouvoir à sa guise dans les rues de Yaoundé sans essuyer des insultes, des quolibets, des moqueries.

La vie sera plus facile pour lui à Mvomeka'a qu'à Yaoundé. Même dans son village, il n'a pas que des amis mais également des ennemis. Il a dû faire des mécontents à Mvomeka’a en arrachant les terres des gens ou en posant d'autres actes non appréciés par ses ennemies.

Il y a un paramètre qu'on oublie très souvent: l'attitude du nouveau président vis-à-vis de Paul Biya. Même s'il sera du Rdpc, cela ne présente aucune garantie pour Paul Biya. On a des exemples de par le monde où il y a mésentente entre le nouveau et l'ancien président qui peut finir ses jours en prison.

Ce n'est donc pas évident que Paul Biya membre à vie du Conseil constitutionnel (Article 51, alinéa 2 de la constitution) en tant qu'ancien président de la république reste au Cameroun après avoir quitté le pouvoir.

L'exil extérieur

Voyant sa présence au Cameroun dangereuse pour sa propre sécurité et des siens, Paul Biya pourrait être tenté de vivre et de manière définitive hors du pays. Léopold Sédar-Senghor du Sénégal l'a fait quand il a quitté volontairement le pouvoir en 1980 en laissant aux mains de son successeur constitutionnel Abdou Diouf (qui avait 45 ans au moment de sa prise de pouvoir et 35 ans en 1970 quand il fût nommé premier ministre par le même Senghor) qui ayant été battu par Me Abdoulaye Wade en 2000 avait pris lui aussi le chemin de l'exil volontaire parce qu'il était menacé d'arrestation mais c'était pour ne pas gêner son successeur.

Attendre la mort au pouvoir


Paul Biya peut décider de ne pas quitter le pouvoir et d'y attendre la mort comme l'a fait El Hadj Omar Bongo Ondimba du Gabon et comme est en train de faire Robert Mugabé du Zimbabwe. C'est donc à dessein que Paul Biya a fait sauter en 2008 le verrou de la limite des mandats présidentiels (loi N° 2008/001 du 14 avril 2008) sachant qu'il va rester éternellement au pouvoir.

Il n'est donc pas évident ou sûr que Paul Biya va abandonner le pouvoir en cours de mandat après la concrétisation de certains de ses grandes ambitions comme nous l'avions dit dans certaines de nos éditions. En restant au pouvoir Biya a moins de problèmes qu'en le quittant, c'est la conclusion à laquelle nous avons abouti.