Depuis que des spéculations sur un éventuel changement de l’équipe gouvernementale enfument l’espace sociopolitique du Cameroun, une sorte de torticolis semble gagner certaines élites du département en mal de strapontin politique, et elles ne ménagent plus la moindre pudeur pour évincer l’actuel titulaire du portefeuille ministériel dans l’optique de se voir installés. En plus des dénigrements ouverts ou larvés sur la place publique, des journaux aux ordres sont mis à contribution pour décaper l’action de Luc Magloire Mbarga Atangana, tant à la tête du Mincommerce que sur le terrain politique.
«Cette histoire de remaniement va conduire à des parricides, voire des fratricides ici à Mfou». Ainsi s’exclamait un patriarche le 6 novembre 2017 au terme du meeting organisé par le Rdpc - le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, à l’occasion du 35ème anniversaire de l’accession au pouvoir du président Biya. Avec un petit groupe de militants de la première heure, le vieux faisait le constat des attaques pernicieuses dont est victime le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana depuis un certain temps, tant sur le terrain politique que dans les médias.
Et pourtant, semblait s’en offusquer le vétéran, «c’est une chance pour nous d’avoir quelqu’un comme Luc Magloire Mbarga Atangana ici à Mfou. En plus de soutenir financièrement les activités du parti comme la cérémonie de ce jour, il est seul à supporter les charges liées à la mobilisation des militants et des militantes lors de chaque passage du couple présidentiel à l’aéroport de Nsimalen. Qui d’autre le fait ? Et seulement la semaine dernière, Paul Biya et son épouse étaient par deux fois à l’aéroport. Non, qu’on nous arrête ça», fulminait-il.
Sans doute une référence aux multiples accusations dont le Mincommerce fait l’objet au sein de la classe politique du Rdpc dans la Mefou et Afamba, et dont la motivation réelle semble se cacher derrière les calculs que nourriraient quelques élites pour rentrer dans le futur gouvernement qu’on dit en gestation depuis des mois. A l’échelle du département, et particulièrement à Mfou - son chef-lieu, des commentaires ne font plus mystère de ces élites qu’on dit bien placées pour faire leur entrée dans ce futur gouvernement.
On cite entre autres quelques élus locaux, que d’aucuns croiraient investis d’un destin ministériel. Certains utiliseraient leur position pour caporaliser le parti à la base. Et pourtant, font noter les analystes lucides, il avait fallu du tact et du doigté à la coordination départementale du Rdpc, et de la délégation du Comité central venue de Yaoundé, pour sauver l’image du Rdpc lors des investitures en vue des municipales et des législatives de 2013.
Aujourd’hui forts de leur position, ils ont réussi à éclipser jusqu’au président de section, de moins en moins visible sur le terrain, et de fait, régenteraient le parti dans sa base de Mfou. D’ailleurs ceux qui se croient trop introduits dans le sérail alimentent des rumeurs sur des consultations dont auraient fait l’objet ces postulants de la part du sommet de l’Etat pour les besoins de la cause. Suffisant pour voir en eux de potentiels ministres représentant la Mefou et Afamba au sein du gouvernement.
Le tour des Mvele
Selon des analystes, la thèse du complot est irréfutable. Les dérapages langagiers constatés lors du meeting du 25 septembre 2017, convoqué par le coordonnateur du Rdpc dans la Mefou et Afamba, en représailles aux manifestations des adeptes de la partition du Cameroun dans les régions anglophones le 22 septembre, étaient loin d’être gratuits. Certains avaient frontalement critiqué ce qu’ils considéraient comme l’empressement de Mbarga Atangana à organiser ce meeting en soutien à l’unité nationale et au chef de l’Etat, bien que son initiative proactive ait servi de déclencheur à une avalanche de meetings similaires des regroupements du Rdpc sur l’échiquier national.
Une attitude qui avait laissé de nombreux militants sans voix, eux qui n’étaient pas habitués à de telles douches froides à l’encontre d’un membre du gouvernement, de surcroît le chef politique du département. Voulaient-ils contrarier le ministre en vue de paraître comme les véritables patrons politiques du département ? Quoiqu’il en soit, l’incident n’avait pas échappé aux observateurs qui ont perçu dans pareille attitude une bataille ouverte pour le contrôle du champ politique à Mfou.
Un affront que Luc Mbarga Atangana n’essuie pas seulement à Mfou. Il se dit dans l’autre composante clanique du département, chez les Mvele, que l’appétit est aussi perceptible autour du prochain remaniement. Dans les coulisses, il se susurre que cela fait plus de 10 ans déjà qu’un Bene est au gouvernement, et que le tour des Mvele est arrivé de siéger dans l’exécutif national. Comme si le clan ou la tribu étaient des baromètres de nomination au gouvernement, ou s’il était possible de trouver un poste ministériel à chacune des 270 ethnies qui composent le Cameroun.
Un argument défendu depuis belles lurettes par un député, lui-même ancien ministre, dont les populations cherchent sans trouver sa contribution à l’amélioration de leurs conditions de vie, pendant les 15 années durant lesquelles il a écumé des postes stratégiques au sein des strates importantes de l’Etat.
Limogeage de Mbarga Atangana
Parallèlement à ces convoitises de plus en plus corsées, le ministre du Commerce fait l’objet de tirs nourris de la part de certains médias qui découvrent son existence au sein du gouvernement. Une coïncidence qui pour nombre d’observateurs, est loin d’être gratuite, et trahit des accointances pernicieuses avec ceux qui s’activent dans l’ombre pour le remplacer dans le gouvernement. Si certaines de ces révélations ( ?) médiatiques lui collent une proximité avec Jean Marie Atangana Mebara, aujourd’hui en disgrâce envers le régime, d’autres s’emploient à faire son bilan (tronqué ?) à la tête du ministère du Commerce.
A se demander ce qui resterait de la République s’il faille désavouer tous ceux qui à un moment donné ont serré la main de l’ancien Sgpr, ou si le fait de l’avoir côtoyé constituait un péché mortel, auquel cas, Paul Biya lui-même devrait commencer par se mettre la corde au cou, lui qui l’a utilisé près de 5 ans durant comme son plus proche collaborateur. Quant au bilan jugé catastrophique de Mbarga Atangana au Mincommerce, publié par un confrère la semaine dernière, il respire à distance des «coups fumants» de ses adversaires, décidés à ternir son image auprès de l’opinion.
Et pour cause, en fait de bilan, il s’agit d’un conglomérat de dénégations qui frisent le mensonge et la délation, rien à voir avec les actions du ministre. A l’instar de ce cette gifle qu’aurait administrée son épouse à une pharmacienne qui, bien se cachant derrière une simple rumeur, relève de la fertilité d’un esprit malveillant, aucun proche de Mbarga Atangana n’ayant jamais été au faîte d’une telle incurie, venant de son épouse qui du reste vit à plus de 1 000 km de Yaoundé. Idem pour l’affaire des 800 millions de FCFA prétendument détournés lors de Promote 2014.
Du réchauffé qui, à l’époque, avait nourri la curiosité de nombreux journalistes ; une fois édifiés sur le rôle de mandant du gouvernement, qui ne confère au ministre du Commerce aucune incidence sur la gestion de cet évènement organisé par une structure privée, les fins limiers des médias avaient conclu à un non évènement. Et que dire cette prophétie apocalyptique sur la «suppression des subventions publiques sur les produits pétroliers» qui, bien que non encore actée, est déjà imputée à Luc Magloire Mbarga Atangana, comme si une telle décision d’importance relève de la compétence du petit ministre du Commerce.
Des inepties qui masquent visiblement une instrumentalisation diabolisant, au point d’amener l’auteur du pamphlet médiatique à fermer les yeux sur les multiples actions et innovations apportées par Luc Magloire Mbarga Atangana à la tête du ministère du Commerce. Comment son bilan peut-il faire abstraction des multiples réunions de concertation qui permettent aux opérateurs des différentes filières de la commercialisation de maintenir les coûts des produits au juste prix sur les marchés, à la grande satisfaction des consommateurs, contenant l’inflation dans les proportions raisonnables ?
On se rappelle qu’en 2016, grâce aux actions conjuguées du ministère du Commerce, l’inflation avait été maîtrisée à moins de 1 %, une performance inédite pour susciter l’admiration au-delà du Cameroun, voire de l’Afrique en général. Comment le bilan de Mbarga Atangana peut-il ignorer les concepts tels que la rentrée commerciale, la mise sur pied du Comité interministériel de régulation des produits de consommation de masse, l’organisation mensuelle d’une Journée de consommation.
Des initiatives qui, jusqu’ici, permettent d’animer l’espace commercial et de servir à la masse des consommateurs des produits de consommation courante à juste prix ? Un tel bilan peut-il passer sous silence les mesures stimulantes prises par le Mincommerce en vue de relancer les filières cacao-café ? Et que dire de l’offensive des produits camerounais sur le marché extérieur sous l’impulsion du ministre Luc Magloire Mbarga Atangana qui, en 2016, a remis des agréments à 23 entreprises camerounaises en vue de la franchise des droits de douanes à 168 produits made in Cameroon, désormais disponibles sur les marchés des pays de la Cémac et de la Cééac ?
Et quid des multiples participations des officiels camerounais aux festivals, foires et expositions de par le monde pour la promotion du label Cameroun, et à la recherche des débouchés aux produits camerounais ? Assurément, il ne faut pas des jumelles pour lire les enjeux mesquins qui se cachent derrière ce bilan noirci de Mbarga Atangnana à la tête du ministère du Commerce, dont l’enjeu inavoué a été décliné à la fin de l’article : «la Mefou et Afamba compte sur le limogeage de Luc Magloire Mbarga Atangana pour retrouver un nouveau souffle». Suffisant pour comprendre les motivations de cette publication épistolaire visiblement téléguidée par ceux qui se lassent de voir l’actuel Mincommerce débarrasser le plancher, après plus de 10 années de loyaux services aux côtés du chef de l’Etat et pour la République.