Le conseil d'administration de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) du Cameroun, initialement prévu le 17 juillet 2024, a été reporté au 24 juillet dans un contexte de crise institutionnelle sans précédent. Au cœur de cette tourmente : Adolphe Moudiki, Administrateur Directeur Général (ADG) en poste depuis 31 ans, dont le mandat est sérieusement menacé.
Des sources proches du dossier rapportent que Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence, aurait convoqué un conseil ministériel à la présidence de la République pour le 24 juillet, dans le but apparent de démettre Moudiki de ses fonctions. Cette manœuvre s'inscrirait dans le cadre d'une opération visant à "nettoyer" un dossier explosif impliquant la multinationale Glencore, accusée d'avoir versé 7 milliards de FCFA de pots-de-vin à des responsables de la SNH et de la Sonara.
L'affaire prend une dimension internationale depuis que Laurent Esso, ministre de la Justice, aurait sollicité auprès des autorités britanniques les noms des Camerounais impliqués dans ce scandale. Cette démarche semble avoir accéléré les efforts pour un changement à la tête de la SNH.
Cependant, Adolphe Moudiki ne semble pas prêt à quitter son poste sans résistance. Selon nos informations, il aurait donné des instructions claires pour interdire l'accès aux locaux de la SNH, y compris à Ferdinand Ngoh Ngoh, président du Conseil d'administration. Cette décision a conduit à l'annulation du conseil prévu le 17 juillet, les portes de la SNH ayant été fermées.
Face à cette situation inédite, Moudiki aurait même déclaré qu'il ne quitterait son poste que sur ordre direct du Président Paul Biya. Cette posture de défiance ajoute une couche supplémentaire de tension à un contexte déjà explosif.
Le départ potentiel de Moudiki intervient dans un climat de suspicion généralisée. Bien que la SNH et la Sonara aient affirmé attendre des preuves concrètes des accusations de Glencore, l'affaire a considérablement fragilisé l'image de ces entreprises et jeté un doute sur leur gouvernance.
La nomination d'un nouveau dirigeant à la SNH pourrait marquer un tournant décisif. Elle ouvrirait potentiellement la voie à une nouvelle ère, caractérisée par une gouvernance renforcée, une transparence accrue et une gestion plus rigoureuse des ressources pétrolières du Cameroun.
Cependant, les observateurs s'interrogent sur les véritables motivations derrière ces manœuvres. S'agit-il réellement d'un effort pour assainir la gestion de la SNH, ou plutôt d'une tentative de contrôler les retombées du scandale Glencore ?
Le conseil ministériel du 24 juillet s'annonce donc crucial. Il devrait apporter des éclaircissements sur l'avenir de la SNH et sur le sort de son actuel ADG. Quoi qu'il en soit, cette affaire met en lumière les enjeux considérables liés à la gestion des ressources naturelles au Cameroun et les luttes de pouvoir qui se jouent en coulisses.
Dans ce bras de fer entre hauts responsables de l'État, c'est l'avenir de la principale entreprise pétrolière du pays qui est en jeu. L'issue de cette crise pourrait avoir des répercussions majeures sur l'économie camerounaise et sur la gestion future des ressources naturelles du pays.