Actualités of Thursday, 31 October 2024

Source: www.camerounweb.com

Sabotage de Paul Biya: fuite des document qui vont créer des problèmes à Ngoh Ngoh

Ferdinand Ngoh Ngoh et Paul Biya Ferdinand Ngoh Ngoh et Paul Biya

C'est une nouvelle affaire potentiellement explosive au sommet de l’État. Selon les révélations du lanceur d'alerte Boris Bertolt, sans avoir obtenu l’autorisation du président de la République Paul Biya, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, a discrètement débuté des manœuvres pour faire d'Albert Zeufack, au profil brillant, le candidat du Cameroun pour le poste de président de la Banque Africaine de Développement (BAD), dont l’élection est prévue en août 2025. Les chances de Mahamat Abbas Tolli étant très faibles pour tout connaisseur des arcanes de la diplomatie africaine.

Cependant, cette affaire pourrait déclencher des tensions diplomatiques avec le Tchad. Depuis mars 2024, le Tchad a obtenu de la Communauté des États de l’Afrique Centrale, incluant la CEMAC, le soutien à la candidature de Mahamat Abbas Tolli, l’ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), au passage chaotique au sein de l’institution. Après le scandale Savannah Energy où Ngoh Ngoh avait été envoyé lui-même en sapeur-pompier à N’Djamena après le rappel de l’ambassadeur du Tchad à Yaoundé, cette nouvelle manœuvre pourrait être interprétée comme un couteau dans le dos.

Pour mener à bien son plan, Ferdinand Ngoh Ngoh, lui-même diplomate de formation, a fait appel à l’un de ses hommes de main, Felix Mbanyu, ministre délégué auprès du ministre des Relations Extérieures en charge du Commonwealth. C’est ainsi que le 17 juillet 2024, Felix Mbanyu a signé trois lettres : deux lettres adressées respectivement au ministre des Finances, Louis Paul Motaze, et au ministre de l’économie, Alamine Ousmane Mey, dans lesquelles il leur fait savoir qu’il a « sollicité le très haut accord du président de la République afin qu’il autorise notre gouvernement à soutenir la candidature de Albert Zeufack qui se porte candidat à l’élection de la présidence de la BAD ». La sollicitation dont il fait allusion a été envoyée le même jour au SGPR, Ferdinand Ngoh Ngoh.

Dans le contenu de cette lettre de deux pages, que nous avons pu nous procurer, Felix Mbanyu étale ce que le Cameroun doit faire pour parvenir à faire élire Albert Zeufack à la tête de la BAD : obtenir le soutien des pays d'Afrique centrale ; négocier avec le Tchad qui est lui aussi intéressé par le poste, et avec qui le Cameroun sort d'un imbroglio diplomatico-économique ; avoir l'appui du Nigéria voisin ; se faire adouber par l'UA, dont les membres représentent 61% des voix, et qui a récemment présenté un Camerounais comme candidat à la Présidence de l'AGNU ; donner des assurances aux partenaires non africains, notamment les États-Unis, la France et l'Allemagne, pour la sauvegarde de leurs intérêts.

Que gagne le Cameroun ? La lettre est précise : mobiliser davantage de prêts concessionnels par ce guichet, afin de financer les projets de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND-30) ; renforcer les possibilités de financement en faveur du secteur privé, pour mieux accompagner le processus d'industrialisation national ; disposer d'une position d'influence stratégique au niveau mondial ; retrouver un poste digne du statut du Cameroun, comme colosse économique de la CEMAC, dans les instances régionales.

Cependant, si le gouvernement et le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, sont favorables, l’accord de Paul Biya est toujours attendu. Le chef de l’État revient d’un long séjour à l’étranger et a sur sa table une pile de dossiers qui l’attendent. Son âge et son état de santé n’aidant pas. Mais les diplomates camerounais sont déjà en campagne officieuse pour Albert Zeufack. Ce dernier a encore trois mois devant lui, car le délai de dépôt des candidatures est fixé pour le 25 janvier 2024. Le Saint Esprit pourrait descendre sur Paul Biya qui a l’art d’enterrer ce type d’ambitions.