Dans une tribune libre, le médiateur de la République a exprimé ses accusations face aux actes d'intolérance, de boycott et de haine de la part de certains camerounais en Europe. Il dénonce ses faits et donne son avis sur ces faits. Lecture.
« Cela fait maintenant que j’essaye de comprendre, que j’essaye d’analyser, d’évaluer, de traduire, d’interpréter, mais je reste incapable de conclure, de me faire une idée définitive sur la démarche de certains de nos compatriotes, nos enfants, nos sœurs et nos frères exilés, en tout cas certains d’entre eux. Quelle que soit la chapelle politique, idéologique et religieuse, et quel que soit le nom de votre village, si vous êtes Camerounais et que l’évocation du nom de Ben Decca et de la famille Decca ne vous dit rien, alors vous n’êtes pas vraiment des nôtres, vous n’êtes pas de ce pays, vous n’êtes pas dans l’âme du patriotisme et du nationalisme camerounais, vous n’êtes en réalité ni pour Ruben Um Nyobe ni pour Félix Roland Moumié, ni pour Ossendé Afana ni pour Ernest Ouanjié.
La déclaration de Ben Decca sur les ostracismes obscurantistes formulées à son encontre m’a profondément touché, troublé et bouleversé. Cet artiste fait partie et au même titre que toutes nos gloires sportives, académiques et autres du riche patrimoine de notre pays. Son image colle à notre identité et ses chansons nous renseignent sur ce que nous sommes, comment nous sommes, ce que sont les Anne Marie Nzié, André Marie Talla, Manu Dibango, Alphonse Beni, Victor Fotso, Joseph Bessala, Mongo Béti, Ni John Fru Ndi et les autres.
Non, non, et non, ne faites plus ça. je suis l’enfant de Déido sur les berges du Wouri à Douala, je suis l’enfant de l’école principale de Ndom, je suis l’enfant de l’école principale de Foto. Je suis l’enfant aventurier en guenilles du Cameroun profond qui fut accueilli à Dakar par un compatriote du septentrion et qui fut adopté, protégé et nourri à Paris après des jours et des nuits d’errance par un autre compatriote du même septentrion. MAIS QUI DONC VEUT FRACTURER D’AVANTAGE L’AMOUR ET L’AFFECTION ENTRE LES CAMEROUNAIS EN PASSANT PAR L’ACHARNEMENT SUR CERTAINS ARTISTES ?
Maurice Kamto. Hilaire Kamga, Benjamin Zébazé, Sindjoun Pokam, Célectin Njamen, Me Justine Diffo, Djeukam Tchameni, Célestine Courtes, Jean Nkueté, Sylvestre Gouchingué, Albert Kouitche, LEVEZ-VOUS ET PRENEZ LA PAROLE. DONNEZ DE LA VOIX. L’heure est grave.
Ensemble, prenons la parole et disons la vérité à nos enfants, car c’est d’eux que tout cela arrive, que tout cela se fait, que tout cela se manifeste, que la haine risque de balayer et de ruiner le peu de liens qui tient encore comme une ficelle durement fragilisée, l’ensemble Cameroun. Je m’étais déjà levé il y a quelques mois, pour affronter et dénoncer des attaques similaires d’un autre genre, lâches, basses et dangereuses contre André Marie Talla et contre Grace Decca. Je me lève encore, et je me lèverai autant de fois pour autant d’attaques.
J’accuse les auteurs de ces actes inadmissibles et lâches de trahison des intérêts nationaux de notre pays. Je vous accuse de semer la zizanie depuis le confort, le remord, la frustration, la pauvreté et la maladie de l’exil. Je vous accuse de construire, d’encourager ou de renforcer les bases de la division et de la destruction du Cameroun. Je veux pouvoir comprendre le tort des artistes que vous prétendez vouer aux gémonies, mais je ne trouve ni aucun travail fait par vous pour l’avancement de notre pays, ni aucun mérite ou gain futur dans votre démarche.
Je crois comprendre que l’état des lieux après plus de quatre décennies de pouvoir d’un homme suscite légitimement votre jugement, mais je tiens à vous rappeler encore, que son ascension n’émane ni d’un coup d’Etat, ni d’une combine tribale ni du positionnement d’un quelconque sorcier ou même d’une secte. Paul Biya fut l’incarnation suprême du travail, de la loyauté, de l’intégrité, de l’honnêteté et du respect des institutions comme un des plus proches collaborateurs du Président Hamadou Ahidjo et ce sont toutes ses qualités qui lui valurent d’être choisi par ce dernier. Commencez par accepter cette vérité historique, et vous formulerez de manière plus pragmatique, vos jugements sur le destin de notre pays ainsi que sur les artistes. Que nul ne prenne ses rêves, ses ambitions et ses excitations pour l’idéologie de la nation ou pour le son du tamtam d’une communauté ethnique quelconque. L’Etat des lieux est grave, les frustrations sont multiples, la désolation au regard de l’ampleur des détournements des deniers publics est révoltante, la discrimination dans les promotions au sein de l’appareil d’Etat a atteint un seuil critique, les gaspillages et les privations choquent, l’arrogance des décideurs est sans limites. Tout cela est vrai certes, mais les artistes sont-ils responsables ? LAISSEZ BEN DECCA TRANQUILLE, LAISSEZ LA FAMILLE DECCA AINS QUE TOUS LES ARTISTES TRANQUILLES. En réalité, nous sommes tous responsables, que vous soyez hors du pays ou dans le pays.
En tout état de cause, quel que soit l’état des lieux, « le Cameroun est à construire et non à détruire ». Pour cela, seuls le dialogue, le pragmatisme et la tolérance nous aideront dans cette mission sacrée. Nous l’accomplirons avec tout le monde, sans exclusive ./. » indique le Prof. Shanda Tonme