La journée internationale des droits des femmes a été diversement commémorée le 08 mars passé. Beaucoup de Camerounaises ont fait des pieds et des mains pour avoir le pagne choisi pour l’évènement. Elles ne devraient pas, selon l’activiste Claude Wilfried Ekanga qui leur dit les quatre (04) vérités.
Des habits et des moines. Quand nous demandons la suppression du pagne du 08 mars, ce n'est pas à cause du pagne en lui-même, mais en raison des catastrophes sociales qu'il entraîne, et du fait que la femme camerounaise ait fini par croire que la « journée du droit des femmes » était plutôt la « journée de la fête du pagne ».
Cela signifie que si le 08 mars au Cameroun était fondamentalement consacré à l'étude de la lutte des femmes pour leurs droits à travers l'histoire, le fait que les femmes portent le pagne ne poserait pas le moindre problème.
Si l'on profitait de cette date pour réfléchir sur la question : « Que représente la femme au Cameroun au juste ? Comment lui rendre pleinement son rôle et son statut pour que la société profite de la meilleure manière de son intelligence, de sa finesse et de son apport général ? » plutôt que de penser : « Je veux moi sauf que mon pagne pour aller soulever au Njoka et boire comme une truie », le pays serait un modèle de développement civique et de construction sociale.
En d'autres mots, si vous n'avez pas envie de renoncer à votre pagne, faites au moins comme notre Lady Ponce nationale : dénoncez l'injustice ! Défendez les droits des femmes - et des hommes - tous les jours de l'année, et encore plus ce 08 mars ! Exprimez-vous sur les tortures contre les faibles, contre la vie chère, l'absence d'infrastructures sanitaires et l'insécurité générale dans le pays.
Comme ça vous prouverez que le pagne n'est pas pour vous un outil de pourrissement mental ; qu'il ne vous fait pas perdre la tête ; qu'à cause de lui vous n'avez pas oublié que le but du 08 mars est de redonner à la femme humaine toute son humanité. C'est là notre vœu le plus cher. C'est le but de ce combat.
En haussant son cerveau avant de hausser sa robe, la femme se rend service à elle-même. Donc, je reprends, si nous souhaitons la disparition de ce tissu, c'est parce que la plupart de nos femmes en font leur finalité première, et qu'à cause de lui, elles ont précisément perdu la raison.
Mais dans le même temps, il vaut mieux une femme consciente et engagée qui porte un pagne... qu'une femme inutile et jouisseuse qui n'en a pas. Car la finalité, c'est l'engagement, non pas l'habillement.
En réalité, beaucoup de Camerounaises attendent le 08 mars pour montrer à leur entourage qu’elles ont les moyens de s’habiller décemment et de se faire compter parmi les gens. Les pagnes viennent de la Cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM).
Et cette année, il y a eu beaucoup de plaintes parce que les commerçantes sont allées payer le pagne à un prix élevé à la CICAM mais après, les pagnes du même genre ont été déversés sur le marché avec un prix très cassé, ce qui a entraîné des pertes à gagner.
Le lanceur d’alertes Boris Bertolt a écrit récemment que les pagnes du 08 mars étaient un business très juteux pour la première dame Chantal Biya : « Le 08 mars est la chasse gardée de Chantal Biya. C’est elle qui valide en définitive le motif du pagne et cette année, elle a même décidé que ledit pagne ne devait être produit que dans une seule couleur. C’est également Chantal Biya qui arrête le prix et enfin c’est également la femme de Paul Biya l’une des plus grandes clientes de la CICAM puisqu’elle en achète des milliers d’exemplaires pour distribuer ici et là ».
Si cela est avéré, la déclaration de Claude Wilfried Ekanga est un message fort et hostile vis-à-vis de Chantal Biya. Déjà, il est annoncé que le 08 mars 2024, avec tout ce qu’il y a eu cette année et qui a mécontenté les femmes surtout les commerçantes, ne connaîtra plus le même engouement.