À trois jours du match décisif entre le Cameroun et le Cap-Vert pour la qualification à la prochaine Coupe du monde, la tension reste vive entre le ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, et le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto'o. Le professeur Thomas Atenga, enseignant en communication à l'université de Douala, a partagé son analyse avec RFI, expliquant que ce conflit reflète des rivalités plus profondes au sein du pouvoir camerounais.
Selon Atenga, Samuel Eto'o est perçu par beaucoup comme un potentiel futur George Weah, l'ancien footballeur devenu président du Liberia. Dans les rues camerounaises, Eto'o est vu comme un candidat présidentiel crédible, capable de mobiliser un large soutien, y compris dans les milieux universitaires. "Avec son dynamisme et son caractère vibrant, beaucoup pensent qu'il a les qualités nécessaires pour être un bon président", a-t-il déclaré.
La situation s'est aggravée après un violent accrochage verbal le 28 mai entre Samuel Eto'o, le sélectionneur belge Marc Brys, et le conseiller du ministre des Sports. La vidéo de cette altercation a rapidement fait le tour du monde, ternissant l'image de Samuel Eto'o. "C'est une star planétaire qui normalement connaît le fair-play et la retenue. Il est ambassadeur UEFA et FIFA du fair-play et de la lutte contre le racisme", a souligné Atenga, ajoutant que Eto'o a tenté de faire amende honorable le lendemain.
Cependant, malgré les efforts d'Eto'o pour apaiser la situation, le pouvoir semble actuellement pencher en faveur du ministre des Sports. Narcisse Mouelle Kombi bénéficie des ressources de l'État et d'un soutien financier, tandis que la Fecafoot traverse des difficultés économiques. "Jusqu’à ce que la FIFA intervienne, le ministre des Sports semble avoir l'avantage", a affirmé Atenga.
Au-delà du conflit individuel, Atenga met en lumière un problème plus vaste touchant l'ensemble du mouvement sportif camerounais, qui souffre d'une rupture de confiance entre les acteurs du sport et le ministère de tutelle. Il appelle à l'organisation d'un symposium ou des États généraux du sport camerounais pour renforcer les liens entre le mouvement sportif et l'État. "La Fecafoot n'est pas la seule fédération en crise. Le volleyball, le handball et pratiquement toutes les fédérations sont en tension avec le ministère, ce qui indique un problème systémique", a-t-il conclu.
Les prochaines interventions, notamment de la FIFA, seront cruciales pour déterminer l'issue de ce conflit et l'avenir du sport camerounais.