Le 11 décembre 2021, Samuel Eto’o était sur ses nerfs. Il participait à l’élection du président de la Fédération camerounaise de football. Dans la salle, la tension étai palpable. Le journaliste Jean Bruno Tagne qui était à l’époque son directeur de campagne, raconte dans son livre l’Arnaque, des séquences qui ont échappé aux caméras.
« Instruction a été donnée aux « délégués de Samuel Eto’o » d’être prêts au plus tard à 8h. Ils sont tous là. Samuel Eto’o les rassemble dans un couloir exigu et mal éclairé de l’hôtel pour les dernières consignes.
Il est vêtu d’une chemise blanche aux manches retroussées et porte un jean et des baskets. Prêt pour le combat. Il est question de rejoindre la salle du vote en procession. Samuel Eto’o devant, suivi de « ses » délégués.
Après un dernier décompte, il additionne une majorité de délégués dans ses rangs, sans compter quelques sous-marins du côté de Seidou qui ont promis de voter pour le Pichichi, mais qui refusent de s’afficher avec lui. La procession s’ébranle.
Elle est lente et silencieuse. Les mines sont graves, à commencer par celle de Samuel Eto’o, décidé à en découdre. La salle où doit se dérouler le scrutin est située au rez-de-chaussée. Les délégués d’Eto’o croisent ceux de Seidou chemin faisant. Ils se regardent en chiens de faïence.
Le spectacle est stupéfiant ; hommes et femmes, tous du monde du football, s’évitent superbement. Certains se lancent des piques. « Vois-moi un traître ! Donc tu es avec eux ? Tu n’as même pas honte », fustige un délégué de Seidou à l’endroit d’un autre dans les rangs d’Eto’o. Ce dernier de répliquer : « Toi-même tu fais quoi là-bas ? C’est toi qui devrais avoir honte. »
Seidou Mbombo Njoya, juste à l’entrée de la salle, interpelle son principal adversaire et lui adresse un bonjour. Celui-ci le prend de haut, lui serre finalement la main en le toisant avant de lui lancer un arrogant « Ça va ? » Le président sortant, avec le flegme qu’on lui connaît, répond : « Ça va bien. Bonne chance Samuel ! » Eugène Ekéké a moins de veine.
L’ancien Lion Indomptable, auteur d’un but historique en quart de finale de la Coupe du Monde Italie 1990 contre l’Angleterre et soutien de Seidou Mbombo Njoya, tend la main à Samuel Eto’o pour lui faire ses civilités et lui souhaiter bonne chance. Celui-ci refuse de le saluer.
« Je ne te salue pas grand-frère. Tu es une honte pour le football », lui dit-il. Eugène Ekéké est coupable de n’avoir pas rejoint l’ancien capitaine des Lions Indomptables dans son aventure et d’avoir déclaré sur quelques plateaux de télévision que Eto’o n’avait pas les qualités pour diriger le football camerounais.
Dans la salle, certains délégués sont assis, d’autres pas. Une première polémique assez violente éclate. Samuel Eto’o a choisi un côté de la salle pour s’y installer avec « ses » délégués et ne souhaite pas de mélange.»