Un groupe de riverains est stationné vers 7 h le 10 juillet dernier, près du contrôle de gendarmerie au lieu-dit Pont de la Mapé. Au menu de leurs échanges matinaux, le départ progressif des engins censés travailler pour le bitumage de la route Pont de la Mapé – Carrefour Mvoumbam, long de 24 km, dans l’arrondissement de Bankim.
A notre arrivée, aucune présence humaine de l’entreprise sur tout le trajet. Près du pont de la Mapé, sont stationnés deux dameuses dont l’une déjà posée sur un porte-char et une niveleuse. Un matériel roulant qui exhibe sa sénilité sans effort. «Le sous-préfet de Bankim était ici le 07 juillet dernier. Il est venu voir pourquoi les travaux de bitumage ne commencent pas 10 mois après. Pourtant, l’entreprise a 12 mois pour exécuter ce marché. Ce qui nous a même étonné, c’est qu’aussitôt que le sous-préfet est parti, ces gens sont aussi repartis avec leurs engins. Il reste ceux que vous voyez-là. On voit ces gens quelque fois, mais ils disparaissent le plus souvent. Toujours est-il qu’on ne voit pas notre goudron depuis», se désole un riverain. «Ça ne va pas, cette route est un calvaire pour nous. Ces gens viennent tout le temps reprendre leurs engins. Et le peuple n’est pas fier. Ça fait des années que nous attendons le bitume, et quand le gouvernement nous a offert cette portion, nous nous sommes réjouis. Mais nous sommes désolés de voir que l’entreprise en charge des travaux ne veut pas les exécuter. Et le peuple est prêt à se révolter. Les autorités de Bankim étaient sur le terrain pour constater. C’est quand même curieux que nous Camerounais nous plaignions tout le temps qu’on ne veut pas nous donner les marchés, mais voilà ce que nous faisons quand on a nos propres marchés. Ces Camerounais sont encore les ennemis de leurs travaux. On ne voit pas leur base, rien du tout. Et depuis quand on bitume une route avec seulement deux engins ? La dameuse qui est posée sur le porte-char est en train de partir puisqu’elle était d’abord au sol. Ces gens disent que les engins sont à Alat, à 15 km de Banyo», Christophe Woulame, agent communal de Bankim qui se trouve sur les lieux à notre passage.
275 MÈTRES EN 10 MOIS…
Sur le trajet de 24 km, le piquetage a bel et bien été effectué. A date, il ressort que les premiers terrassements ont été faits sur seulement 275 mètres, pour une consommation des délais de 10 mois sur les 12 prévus pour le bitumage. De quoi faire grimper l’anxiété de la population qui n’attend que le bitume sur la route. Car ici, au-delà des 24 km sur lesquels devraient d’abord s’effectuer le bitumage, la trentaine de kilomètres qui sépare Bankim du pont de la Mapé est un véritable calvaire pour les usagers. «Quand vous voyez, la route est globalement un cauchemar pour la population du MayoBanyo. C’est vrai que le prix du litre de carburant est monté jusqu’à 800 FCfa. C’est la raison pour laquelle, en plus de cette augmentation, l’état de la route contribue à faire grimper les prix de transport. Avant, Banyo – Bankim, c’était 3500 FCfa ; maintenant, c’est entre 4500 FCfa et 5000 FCfa. Nyamboya – Bankim qui est normalement à 1000 FCfa, est passé à 1500 FCfa. C’est pareil pour le trajet Bankim –Magba qui coûte normalement 1000 F, mais est désormais à 1500 FCfa. Evidemment ici, il faut être très habile comme conducteur. Et même, on n’est jamais à l’abri des embourbements, des chutes à moto, des pannes, etc. C’est vraiment triste», confie Sani, un chauffeur.
Il faut minimalement passer une heure sur l’état actuel du tronçon Mapé - Bankim, avant de goûter aux délices d’une route bitumée par laquelle, s’ouvre la région de l’Ouest. Le contraste est bien visible sur cette limite : l’Ouest s’apparente à un petit paradis quand l’Adamaoua reflète «l’enfer». C’est en juin 2022 qu’est lancé par le ministère des Travaux Publics, l’appel d’offres national ouvert en procédure d’urgence pour l’exécution des travaux de bitumage de la route nationale N°6, tronçon : Banyo – MayoDarlé – Nyamboya (147 Km), phase 1, section Pont de la Mapé – Carrefour Mvoumbam (24 Km), dans la région de l’Adamaoua. Le montant du bitumage des 24 Km est de 4 999 700 000 Fcfa. Ainsi, sur 12 mois, il est prévu l’installation et repli de chantier, le nettoyage et terrassements, la chaussée, l’assainissement et drainage, les ouvrages d’art, la signalisation et équipements, et des divers. Le 19 juillet 2022, le ministre des Travaux Publics, Emmanuel Nganou Ndjoumessi, signait un communiqué annonçant l’attribution des travaux à l’entreprise Groupement Precocam Sarl / Ets Sentinelle