Face aux députés, le Ministre des transports accuse le mensuel Jeune Afrique d’avoir tordu le coup à la vérité.
Le caprice dont est accusé Egar Alain Mebe Ngo’o est de celui qu’on avoue que la prise dans le sac. Pour le coup, selon le Ministre des transports il n’y aurait pas eu de « petit caprice » le 23 novembre 2015 à l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, comme l’a relaté Jeune Afrique.
Dans un article paru dans sa dernière édition, le mensuel accuse en effet, Mebe Ngo’o d’avoir « bloqué l'embarquement du vol Air France à destination de Yaoundé-Nsimalen pendant près d'une demi-heure pour protester contre le siège qui lui avait été attribué ».
Une accusation relayée par le député du Social democratic front (Sdf), Jean Michel Nintcheu ce samedi au cours de la plénière d’adoption de la loi des finances pour l’exercice 2016.
Des imputations qui n’ont pas laissé de marbre le Ministre des transports, qui crie à la calomnie. Ce dernier s’inscrit dès lors dans une position de victimisation.
« Ce qui s’est dit dans ce journal se situe aux antipodes de la vérité. On m’a accusé d’avoir tempêté à tue-tête au point ou seule l’intervention du Commandant de bord a permis de me ramener à l’ordre. Cet article a conclu qu’en tant que Ministre des transports, j’aurai dû voyager par la Camair-co que j’ai la mission de redresser pour donner l’exemple ». Pour Edgar Alain Mebe Ngo’o, le film de cet évènement est tout autre.
« Effectivement je me suis retrouvée à l’aéroport de Paris en provenance du Brésil, où le Chef de l’Etat m’avait dépêché en mission. Je devais voyager le 23 novembre en Première classe. Au moment de l’embarquement, on nous annonce que l’avion ne dispose pas de Première classe. Que fallait-il faire ? Nous nous sommes mis à la disposition de l’équipe ».
A ce sujet, comme témoins de ses affirmations, le Ministre des transports brandi les noms de ses compagnons d’infortune. Le Délégué Général à la Sureté national Martin Mbarga Nguelé et le Général de Brigade Mahamat Ahmed.
« Le Délégué Général à la Sureté nationale qui a été plus heureux que moi, a été installé à la Première cabine de la busines. J’ai été conduit quant à moi dans la deuxième cabine (Premium). Avec beaucoup de courtoisie, j’ai appelé une hôtesse pour lui demander comment un passager de première classe peut se retrouver au dernier siège de la Premium ? Elle m’a gentiment répondu qu’il n’y avait pas d’autres solutions pour moi, et j’ai pris place. Quelle n’a pas été ma surprise de voir cet article de Jeune Afrique ».
En outre, selon le Ministre des transports, la compagnie aérienne Air France aurait d’ailleurs démentie ces accusations. « Une délégation d’Air France est venue me présenter ses excuses dans mon cabinet » ajoute-t-il. Des explications qui n’ont pas empêché le Ministre de la Communication Issa tchiroma Bakary de voler au secours de son homologue « en détresse ». Le Mincom soutenant avoir joint Jeune Afrique pour leur notifier leur « manque de professionnalisme », dans le traitement de l’affaire Mebe Ngo’o et Air France.
Encadré
Monsieur le ministre des transports,
Répondant à la question d'un collègue, vous avez affirmé dans cet Hémicycle que vous étiez en mission à la tête du ministère des transports pour redresser la Camair-co. Sur la même lancée, vous aviez déclaré que le dossier de la Camair-co était non seulement sur la table du Chef de l'Etat, mais qu'il l'emportait sous son aisselle chaque fois qu’il quittait le bureau.
Monsieur le ministre, je m'interroge sur la sincérité de votre engagement lorsqu'on sait que votre premier fait d'armes a été de créer un scandale à l'aéroport de Roissy-Charles De Gaulle le 23 novembre en retardant pendant 30 minutes le décollage d'un avion d'Air France à destination du Cameroun et tout cela pour une banale histoire de siège qui ne vous convenait pas.
Il se trouve que vous aviez acheté deux billets, pour votre épouse et vous, au tarif de la première classe. Malheureusement pour vous, Air France avait affrété ce jour-là appareil plus petit qui ne remplissait plus toutes les conditions de votre confort dû à votre rang.
En raison de votre caractère sulfureux, vous êtes resté sourd aux explications du personnel navigant au point d’en venir pratiquement aux mains. Il a fallu l'intervention du commandant de bord pour vous ramener à de meilleurs sentiments.
Monsieur le ministre,
N y’a-t-il pas lieu de s’interroger sur de tels comportements anti-patriotiques et de surcroît ridicules qui suffisent à décrédibiliser notre compagnie aérienne nationale qui effectuait pourtant ce jour-là la même desserte sur le Cameroun ?
Tout en reconnaissant la liberté de chaque citoyen de prendre la compagnie aérienne de son choix, que faites-vous, de cette maxime qui dit que « l’exemple vaut mieux que la leçon » ?
Reconnaissez que vous n’êtes pas sincère vis-à-vis du peuple camerounais. Vous n’êtes pas sincère vis-à-vis de Camair-co.
La restauration de la confiance de nos compatriotes en notre compagnie aérienne nationale passe d’abord par le degré de confiance que vous lui accordez en tant que tutelle technique.
Cette confiance ne peut se consolider par la suite qu’à travers un comportement patriotique des gouvernants des institutions et organismes parapublics matérialisé par l’achat des billets Camair-co, chaque fois qu’on effectue une mission à l’étranger.
Jean Michel Nintcheu, député