Actualités of Tuesday, 2 November 2021

Source: Kalara

Scandale : la signature de Ferdinand Ngoh Ngoh en vente à Etoudi

La signature de Ferdinand Ngoh Ngoh en vente à Etoudi La signature de Ferdinand Ngoh Ngoh en vente à Etoudi

Un homme a été traduit devant le Tribunal de grande instance pour une fausse lettre de recommandation signée du secrétaire général de la présidence de la République dont il a usé pour obtenir un emploi. L’accusé raconte avoir été piégé par un démarcheur.

Depuis novembre 2020, Serge Mbassi Abouna est derrière les barreaux pour une infraction qui pourrait lui coûter encore plus cher. Il est poursuivi devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi pour avoir essayé de s’attirer les faveurs d’un recruteur par une lettre de recommandation de Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre secrétaire général de la présidence de la République. Le problème avec le document c’est qu’il est faux. Serge Mbassi est ainsi poursuivi pour faux et usage de faux en écriture publique par le procureur de la République.
Devant la barre, le 26 octobre dernier, l’accusé qui plaide non coupable soutient qu’il n’est pas l’auteur du document contesté. Pour se défendre, le mis en cause attribue la lettre de recommandation à un employé de la présidence qu’il aurait rencontré en octobre 2020, un dénommé Armando. Il raconte que tout commence lorsqu’il contacte un député pour demander une lettre de recommandation.

Il parvient à obtenir le document adressé au directeur général de la CENAMÉ, l’entreprise publique en charge du commerce des médicaments. Mais quelques jours plus tard, avant qu’il n’ait eu le temps de déposer son dossier, le directeur, qui était une connaissance de son bienfaiteur, aurait été appelé à d’autres fonctions. Serge Mbassi revient une fois de plus exposer son problème à l’homme politique qui lui promet de trouver un autre potentiel employeur. C’est en sortant du domicile du député qu’il aurait rencontré le fameux Armando.
Le présumé employé de la présidence aurait attiré son attention à cause de la foule qui l’entourait, des chercheurs d’emploi avec des dossiers en main. C’est ainsi, narre-le mis en cause, qu’il s’est approché du groupe et demandé l’identité de cet autre bienfaiteur envers les jeunes chômeurs. L’homme se présente comme travaillant au secrétariat de la présidence de la République. Il lui assure par la suite qu’il peut le faire recruter dans la structure de son choix par une simple lettre de recommandation.

Les deux hommes échangent et se recontactent environ une semaine plus tard. Serge Mbassi explique qu’il a pris cet individu au sérieux car à cette rencontre, il lui a demandé un dossier de chercheur d’emploi auquel il devait associer la lettre de recommandation dès qu’elle aurait été signée par son patron, Ferdinand Ngoh Ngoh.

Un gros porc pour paiement

Lorsqu’il est appelé à nouveau par Armando, Serge Mbassi est convié à venir récupérer le document convoité. Le présumé employé de la présidence lui aurait remis une enveloppe scellée. Selon l’accusé, l’« assurance apparente » qui émane de ce pli fermé aurait joué en sa faveur et au moment de la réception il n’aurait pas douté à cause du sceau de la présidence et l’inscription «Confidentiel». De là, Serge Mbassi s’empresse d’aller déposer son dossier dont la recommandation s’adressait au directeur général du Fonds national de l’Emploi (FNE).

L’accusé avoue que l’autre élément d’assurance du service obtenu était aussi une contrepartie financière donnée à Armando. Une cagnotte composée d’une somme de 180 000 F et « un gros porc d’une valeur de 150 000F » précise l’accusé, à la demande du ministère public sur le montant remis au démarcheur. Serge Mbassi laissait ainsi la latitude à la magistrate d’évaluer les efforts consentis car il avait l’assurance de la légalité du document reçu.

Un coup de fil du FNE, le 23 novembre de la même année, pour un entretien aurait définitivement enlevé ses doutes sur Armando. L’infortuné confie qu’il a même invité ce dernier dans un débit de boissons afin de le remercier une fois de plus pour cette opportunité qui se présentait à lui.

Le lendemain, dès que Serge Mbassi se présente au secrétariat du directeur général du FNE, il est arrêté par les éléments de la police scientifique, venus pour examiner sa lettre de recommandation. C’est après les questions et les conclusions des enquêteurs qu’il dit s’être rendu compte de la duperie.
« Je leur ai dit que je n’ai jamais vu le ministre secrétaire général à la présidence. Comment aurais-je donc pu contrefaire sa signature ?», se défend le mis en cause. Selon lui, son nom sur le document en tant que personne recommandée ne fait pas de lui le coupable de l’infraction décriée.

« De ma naissance jusqu’à la date du 24 novembre, je n’avais jamais été interpellé, ni par la police, ni par la gendarmerie », soupire Serge Mbassi, levant les mains au ciel. Pour prouver son innocence aux agents de la Délégation générale à la Sûreté nationale venus l’interpeller Serge révèle avoir proposé de demander un listing des appels à l’opérateur téléphonique auquel il est abonné mais sans succès.

La culpabilité de Serge Mbassi ne souffre d’aucun doute pour le procureur de la République. Dans ses réquisitions, la magistrate du parquet a relevé des éléments prouvant sa participation active dans l’utilisation d’un faux document, notamment pour lui le fait d’avoir réceptionné, déposé et utilisé la fausse lettre de recommandation dans l’espoir d’avoir du travail.

L’absence de celui incriminé par l’accusé est aussi une autre preuve qu’il cherche juste à échapper à la prison selon le procureur. Elle conclut enfin en mettant en évidence que Serge Mbassi ne s’est jamais inquiété de savoir si la lettre qu’on lui a produite était authentique ou non. Son sort sera connu le 23 novembre prochain.