Actualités of Friday, 8 July 2016

Source: cameroon-info.net

Seul Biya peut déclarer la fin de la guerre - Midjiyawa Bakary

Midjiyawa Bakari, Gouverneur de la Région de l'extrême-Nord Midjiyawa Bakari, Gouverneur de la Région de l'extrême-Nord

Le Gouverneur de la Région de l’Extrême-Nord prône la vigilance surtout avec les nouvelles attaques de Boko Haram. L’interview de Midjiyawa Bakary est publiée dans L’Œil du Sahel en kiosque le 7 juillet 2016.

Question: Quelles sont les mesures sécuritaires prises, surtout avec la résurgence ces derniers temps des attaques de Boko Haram ?

Midjiyawa Bakary (MB): Il vous souvient qu'à l'époque, au plus fort de la crise, un train de mesures avait été pris pour sécuriser les personnes et leurs biens. Ces mesures vont de la restriction de la circulation au-delà de certaines heures, la fermeture des débits de boissons, l'interdiction de rassemblements à certains lieux, les contrôles systématiques des véhicules, le contrôle de la carte nationale d'identité, les fouilles des personnes, les bouclages des quartiers et les patrouilles mixtes aussi bien en zone urbaine que rurale, entre autres.

Ce qu'il faut déjà dire, c'est que toutes ces mesures restent d'actualité. C'est vrai que nous avons connu une accalmie, fruit de l’application de ces mesures qui ont connu l'adhésion de toutes les populations, au premier rang desquelles les chefs traditionnels et les dignitaires religieux, les responsables administratifs, les forces de maintien de l’ordre et de sécurité et surtout, les comités de vigilance. C'est l'ensemble de cette synergie, de cette cohésion qui nous a donné ce répit.

Question : Comment expliquez-vous le réveil de ces derniers temps de Boko Haram ?

MB: Il faut signaler un certain relâchement ces derniers temps. C'est que pour beaucoup, on a tourné la page de l'insécurité et qu'on pourrait reprendre une vie normale. Je veux dire, une vie d'avant, sans restriction aucune. Je tiens ici à dire que les conditions ne sont pas encore réunies pour que nous puissions nous comporter comme s'il n'y avait pas de risque quelconque. Cette guerre contre la secte a été déclarée, il vous souvient à l'époque, par le chef de l'État.

Nous pensons que seul le chef de l'État, parallélisme de forme oblige, est habilité à déclarer la fin de la guerre. Et qu'on pourrait vaquer à nos anciennes habitudes. Tant que nous n'avons pas ce feu vert du chef de l'État, nous nous devons de rester vigilants, très vigilants même. Comme on dit : l'ennemi ne dort jamais. Et le risque n'existe pas. Nous avons vu, il y a deux jours, c'est dans un vidéo club que les membres de la secte ont perpétré leur forfait.

Aujourd’hui, il y a des prières de nuit, des mouvements des personnes qui vont et viennent, et, avec la fête à venir, il y a des circonstances qui appellent au rassemblement des personnes. On doit rester vigilants pendant tout ce temps, et même après. En conséquence tout relâchement doit être écarté, toute légèreté dans l'application des mesures doit être bannie plus que par le passé. Parce que l'ennemi étant dans l'ombre, nous ne savons pas quelle est sa force de frappe, quelle est sa capacité de nuisance et surtout, à quel moment il choisit de frapper et quelle est sa cible. Dans la lutte contre Boko Haram, la contribution des comités de vigilance est jusqu'ici appréciée par tout le monde.

Question : Quel message adressez-vous aux populations ?

MB: Les comités de vigilance, comme nous l'avons dit, ont pour rôle d'informer, de dénoncer et de renseigner les forces de défense et de sécurité, les autorités administratives en temps réel pour leur permettre d'agir en conséquence. Leur travail est jusqu'ici appréciable et ils doivent continuer à le faire. La très haute hiérarchie a apprécié à sa juste valeur le travail abattu par ces hommes épris du patriotisme. Et ce, dans ce sens que toutes leurs doléances ont eu une réponse favorable. Nous souhaitons tout simplement qu'il n'y ait pas de relâchement à quelque niveau que ce soit.

Nous n'oublions pas d'ailleurs les autres acteurs de la société, notamment les leaders religieux qui doivent passer le message de paix, de vigilance, de sécurité à l'endroit des fidèles. Et plus loin, en concertation avec ces fidèles, ils peuvent voir quel appui ils peuvent apporter aux forces de défense et de sécurité, aux autorités administratives, aux leaders traditionnels.

Question: Au-delà des comités de vigilance, quels sont les autres acteurs susceptibles d'aider à éradiquer Boko Haram ?

MB: Les mototaximans qui, à un moment donné, ont abattu un travail remarquable doivent continuer à collaborer. Parce que, souvenez-vous, ils ont même conduit au commissariat des personnes suspectes. Nous leur demandons encore et toujours cette collaboration. Ils transportent à longueur de journée tout type de personnes et de manière instinctive, ils peuvent détecter des suspects et les conduire auprès des autorités compétentes. À l'heure actuelle, chacun doit jouer à fond sa partition.

Le commandant d'armes de la place, qui avait édicté un certain nombre de mesures, de même que les autorités administratives, doivent veiller à leur respect à la lettre. Il nous est revenu que certains tenanciers de débits de boissons et les conducteurs de mototaxis enfreignent la loi. Nous leur réitérons que ces mesures restent d'actualité. Nous allons, de manière inopinée, descendre sur le terrain à l'effet de vérifier l'effectivité de l'applicabilité de toutes ces mesures. Parce que nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs lorsque certains tergiversent avec les mesures sécuritaires. Tout doit passer par l'application effective de ces mesures et, là, on ne tergiverse vraiment pas. Et nous comptons sur la bonne foi, la collaboration et l'implication de tout un chacun dans la victoire finale contre cette nébuleuse.