Au lendemain de la crise financière internationale de 2008-2009, les pays de la CEMAC ont enregistré de bonnes performances économiques et financières, tirant profit d'un environnement international qui était alors globalement favorable. Mais, depuis la seconde moitié de l'année 2014, les économies de la CEMAC sont confrontées à d'importants défis aussi bien d'ordre sécuritaire, qu'économique et financier.
DE BONNES PERFORMANCES JUSQU'EN 2014
Au lendemain de la crise financière internationale de 2008-2009, les pays de la CEMAC ont enregistré de bonnes performances économiques et financières, tirant profit d'un environnement international qui était alors globalement favorable.
Avec une croissance mondiale en hausse, un accroissement sensible des termes de l'échange et une liquidité abondante qui a contribué à assouplir les conditions financières, les pays de la CEMAC ont enregistré une croissance réelle de leurs économies de 4,3 % en moyenne entre 2010 et 2014. Ils ont également engrangé d'importants excédents budgétaires et de balances des paiements et ont connu un renforcement global de la liquidité qui a profité autant aux Trésors publics nationaux qu'au secteur bancaire.
Cette évolution favorable a permis à la BEAC de se doter de réserves extérieures importantes qui ont, en moyenne, représenté 7,5 mois d'importations de biens et services pendant cette période.
Dans cet intervalle, les pays de la CEAMC se sont quasiment tous orientés vers de vastes programmes de développement, afin de réduire le déficit infrastructurel occasionné
par la grande crise des décennies 80-90. Des engagements importants ont été pris au plan national et communautaire, visant à faire de la sous-région, un espace économique émergent dans un horizon compris entre 2025 et 2035, en fonction des ambitions affichées par chaque pays.
DES DÉFIS IMPORTANTS DEPUIS LA SECONDE MOITIÉ DE L'ANNÉE 2014
Mais, depuis la seconde moitié de l'année 2014, les économies de la CEMAC sont confrontées à d'importants défis aussi bien d'ordre sécuritaire, qu'économique et financier.
Au plan économique et financier, en particulier, les termes de l'échange ont baissé de plus de 47,3 % par rapport à leur niveau de 2014 suite principalement avec la chute des cours du pétrole brut. Le pétrole fournissait en 2014 près de 40% des recettes budgétaires et des exportations totales et contribuait pour près de la moitié à la richesse de la sousrégion.
L'environnement extérieur s'est fortement dégradé, avec comme conséquence principale, un net ralentissement de la croissance et une détérioration rapide des finances publiques et des balances des paiements. Certes, le degré de dépendance au pétrole des différents pays était (et est encore aujourd'hui) assez variable en fonction du niveau de diversification des économies, mais les effets néfastes du choc pétrolier ont été perceptibles dans tous les pays dès la fin de l'année 2014.
En 2015, la situation sécuritaire s'est nettement améliorée dans la sous-région, même si elle a continué d'exercer une forte pression sur les budgets de certains Etats.
En revanche, la situation économique s'est davantage détériorée, en raison du recul de plus de 55% des prix du pétrole en l'espace d'un an. La croissance économique a diminué de plus de la moitié passant d'après le FMI, de 4,8% en 2014 à 2,4% en 2015 à cause de la baisse des investissements publics et des faibles revenus tirés du pétrole. En 2016, le taux de croissance est estimé à 1,7% selon le FMI et à 0,7% selon la BEAC. Les variations de la performance économique par pays devraient, quant à elles, dépendre, entre autres, de la capacité de résilience de chacun à faire face aux chocs.
Dans le même temps, les déficits budgétaire et extérieur courant devraient encore se creuser. Le déficit budgétaire atteindrait, selon le FMI, 9 % du PIB en 2016 alors qu'il n'était encore que de 1,8 % en 2014, tandis que celui du solde courant de la balance des paiements passerait de 7 % du PIB en 2014 à . ; .. 14,8 % en 2016.
La dégradation rapide de l'environnement international a surpris les Etats de la CEMAC. Confrontés, pour plusieurs d'entre eux, à des tensions sécuritaires importantes et engagés, dans leur totalité, dans la réalisation d'ambitieux programmes d'émergence, la plupart des pays n'ont que très faiblement réagi à la chute des cours du pétrole et des recettes budgétaires qui en ont résulté, avec pour conséquence un recours massif à l'endettement intérieur et extérieur pour couvrir leurs besoins de financement croissants. On a dès lors enregistré une augmentation rapide des tirages au titre de la dette extérieure, une intensification du recours aux avances de la Banque Centrale et l'augmentation considérable des émissions de titres publics, souscrits majoritairement par les banques commerciales.
Cette situation, porteuse de risques majeurs, survient à un moment où les perspectives économiques mondiales présentent de nombreuses incertitudes.