Actualités of Tuesday, 17 July 2018

Source: La Détective 1049

Sortie de crise au Cameroun: l'ambassadeur français propose une piste

Gilles Thibault, l'ambassadeur de France au Cameroun Gilles Thibault, l'ambassadeur de France au Cameroun

Gilles Thibault invite la commission Mafany Musonge en Hexagone pour échanger avec les structures qui assurent la médiation depuis quelques années dans son pays, au moment où le Cameroun fouille les voies et moyens de sortie de la crise anglophone.

L'ambassadeur de France au Cameroun était l’hôte de Peter Mafany Musonge le 4 juillet dernier à Yaoundé. L’audience accordée au diplomate français par le président de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM) a débouché sur une proposition qui s’inscrit en droite ligne des préoccupations du gouvernement. Notamment celle relevant de la recherche des voies et moyens à même de résoudre en profondeur la crise qui secoue les régions anglophones depuis 2016. En effet, pour sa première audience au siège de la CNPBM, Gilles Thibault a évoqué avec l’ordinaire des lieux, l’éventualité d’une visite de la commission Mafany Musonge en France.

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Question d’échanger avec les structures qui assurent depuis quelques années la médiation en France. Les deux hommes ont discuté également des missions de la commission et des actions déjà menées depuis sa création en 2017 par le président de la République. La récente visite de la CNPBM en Suisse n’a pas échappé au menu des échanges, de même que les descentes effectuées au sein des ministères et administrations, pour apprécier la pratique du bilinguisme. Peter Mafany Musonge et l’ambassadeur de France au Cameroun ont également échangé sur les descentes de la CNPBM dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. «La France pense que c’est important pour les Camerounais de vivre en paix et en harmonie. Il faut retrouver ce vivre ensemble qui est la marque de fabrique du Cameroun, cette terre d’hospitalité et de générosité», estime Gilles Thibaut.

Le diplomate français ajoute qu’il a de nouveau vérifié cette hospitalité légendaire lors de la visite effectuée le mois dernier au Cameroun et en région anglophone du SudOuest par Jean-Baptiste Lemoyne. Visite au cours de laquelle le Secrétaire d’Etat auprès du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, a chaleureusement été accueilli autant par les autorités que par les populations.

La La méthode française Il n’y a donc pas de raison, à en croire le plénipotentiaire de Paris à Yaoundé, que la situation sociopolitique et sécuritaire des régions anglophones s’enlise davantage sur fond de crise identitaire. Des solutions s’imposent, et aucune proposition n’est de trop. Gilles Thibaut suggère à cet effet, la possibilité pour la CNPBM d’effectuer une visite en France pour y découvrir le système des médiateurs de la République. «La médiation en France ne se passe pas seulement ment dans les ministères. Partout, il y a un médiateur de la République, qui peut être saisi par quiconque. Il est assisté dans les régions, les départements et les communes par d’autres médiateurs.

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C’est un système important parce que quiconque qui s’estime discriminé pour des raisons variées au travail, de sexe, d’appartenance ethnique ou religieuse, peut saisir ce médiateur pour bénéficier d’une protection et voir ses droits garantis et rétablis le cas échéant. Ce système est intéressant pour le Cameroun aussi», a-t-il proposé. Outre la suggestion de l’ambassadeur de France au Cameroun, la CNPBM a enregistré au plan national une pluie de propositions sur fond d’«injonctions» adressées au chef de l’Etat, après sa tournée dans les régions anglophones.

Au terme des entretiens avec les autorités administratives, politiques, religieuses, traditionnelles et un échantillon représentatif du «bas peuple», la CNPBM a relevé des propositions allant dans le sens de l’abolition de la loi sur le terrorisme ; le retour de la dépouille d’Ahmadou Ahidjo au pays ; une amnistie générale aux personnes emprisonnées du fait de la crise ; l’instauration de la double nationalité, ou encore l’ouverture d’un débat sur le fédéralisme. Un terme dont la simplement prononciation sur la place publique était mal vue au début de la crise anglophone. C’est dire au regard de ce qui précède, que l’atmosphère est à la décrispation du côté des pouvoirs publics. Yaoundé appelle incessamment au dialogue, mais alors, un véritable dialogue, dénué d’arrières pensées et d’appréhensions politiciennes.
Njiki