Le livre « Cameroun-France, Macron dans les bruits d’Ongola » de Jacques Blaise Mvié rappelle les rapports conflictuels entre le président Paul Biya et certains de ses homologues français. Paul Biya avait planifié la sortie du franc CFA. Mais il fut trahi par ses homologues du Gabon et du Sénégal

On peut donc dire, sans risque de se tromper qu’à cause de l’attitude frondeuse du président Paul Biya, tout va désormais se passer ainsi entre Paris et Yaoundé, dans une ambiance à couper au couteau, à la fois faite de suspicions et de surenchère diplomatique sous le règne de François Mitterrand. Il va sans dire que, sur un autre plan, on ne peut pas manquer d’être frappé par la docilité quasi moutonnière avec laquelle les autres vassaux africains vont demeurer fidèles aux maitres français. Autre fait marquant. Naturellement meurtri par l’injustice de la France à l’égard du Cameroun, le président Paul Biya, profitant de la tenue d’un sommet de l’Union africaine, va s’approcher de trois de ses pairs africains parmi lesquels Omar Bongo du Gabon et Abdou Diouf du Sénégal, afin d’engager avec eux, une réflexion dans l’optique de voir comment tous les pays africains peuvent sortir collectivement du FCFA. Car pour le président camerounais, même s’il ne le crie pas sur les toits comme certains activistes, cette monnaie commune permet à la France de garder une mainmise sur ses anciennes colonies et d’engranger de confortables profits sur les sommes contrôlées par Bercy. Mais c’était sans compter avec la suprême reptation politicienne de ses pairs et leur soumission avilissante au maître français.

Pour ce faire, l’avion ayant à son bord le Camerounais n’avait même pas encore atterri sur le tarmac de l’aéroport international de Nsimalen que le président Jacques Chirac (qui avait remplacé François Mitterrand à l’Elysée le 17 mai 1995) était déjà au courant des manœuvres de couloirs du président camerounais. On aurait même pu dire que ce sont ces deux présidents africains qui vont remettre par la suite à Jacques Chirac, le couteau commode pour abattre Paul Biya. Il faut toutefois relever que parmi les questions brûlantes qui agitent fiévreusement les pro et les anti Franc CFA, celle du lieu d’impression de la devise alimente tous les fantasmes. Fabriquer ses billets de banque en dehors de ses frontières nationales est-il inapproprié, ainsi que le clament ceux qui sont contre cette monnaie ? Cela demande des compétences et des techniques qui coûtent très cher, renchérissent certains experts qui estiment que tous les pays n’ont pas besoin d’avoir une imprimerie à l’instar de celle de la banque de France à Chamalières.