La Société Sucrière du Cameroun (Sosucam) traverse une période de turbulences après la destruction de 150 hectares de ses plantations de canne à sucre dans la localité de Nkoteng. Cet incident fait suite à une grève des employés de l’entreprise, qui a dégénéré en émeute le 4 février 2025. C’est le gouverneur de la région du Centre, Naseri Paul Bea, qui a révélé ces informations le 5 février sur la chaîne privée Canal 2 International.

Les employés de la Sosucam, en colère contre leurs conditions salariales et de travail, ont manifesté de manière violente, entraînant des affrontements avec les forces de l’ordre. Selon le bilan établi par le gouverneur, un gréviste a perdu la vie et une dizaine de personnes, y compris des policiers et gendarmes, ont été blessées dans les échauffourées. L’entreprise, qui est le leader du marché du sucre au Cameroun, n’a pour l’instant fait aucune déclaration officielle sur les événements qui surviennent à peine une semaine après la nomination de Jean-Louis Liscio au poste de directeur général.

Cette destruction massive de cannes à sucre risque de perturber fortement la production annuelle de Sosucam. Avec 25 000 hectares de plantations réparties dans les arrondissements de Mbandjock, Nkoteng et Lembe-Yezoum, l’entreprise produit chaque année entre 100 000 et 130 000 tonnes de sucre. Or, cette production est déjà insuffisante face à la demande nationale, qui atteint 300 000 tonnes. Cela contraint le Cameroun à importer du sucre pour combler le déficit.

Par exemple, au premier semestre 2024, le pays a dû importer 105 400 tonnes de sucre, un chiffre en hausse de 31 000 tonnes par rapport à l’année précédente. Cette dépendance aux importations, chiffrée à 42,8 milliards de FCFA, alourdit davantage le déficit de la balance commerciale du Cameroun, comme l’a révélé un rapport récent du ministère des Finances.

Sosucam, fondée en 1965 et détenue à 74 % par le groupe agroalimentaire français Somdiaa, et à 26 % par l’État du Cameroun, emploie directement et indirectement près de 8 000 personnes. Avec une masse salariale annuelle estimée à 14 milliards de FCFA et un chiffre d’affaires avoisinant les 60 milliards de FCFA, la société est un acteur économique majeur dans le secteur agro-industriel camerounais.

Toutefois, cette crise pourrait avoir des répercussions graves, non seulement sur la capacité de l’entreprise à répondre à la demande intérieure, mais aussi sur l’équilibre social et économique de la région.