Le journal L’Indépendant sait ce qui s'est passé et pourquoi cela s'est passé au domicile de Sylvain Mvondo. Dans un article publié ce vendredi 17 juin le journal cite subtilement les personnes derrière l'agression du fonctionnaire
Les batailles successorales qui font fureur actuellement au Cameroun,viennent de connaître une nouvelle tournure avec la tentative d’élimination physique de Dr Jean Sylvain Mvondo.
Mardi 14 juin 2022. C’est une nuit apparemment paisible au quartier Mfandena à Yaoundé.Alors que la capitale est enrobée par le lourd manteau de la nuit, Jean Sylvain Mvondo se montre préoccupé par la préparation d’une réunion politique dans la section Rdpc du Dja et Lobo I dont il est le président depuis le renouvellement des bureaux des organes de base du parti au pouvoir en septembre 2021. De source policière, il est 23 heures et les deux vigiles de faction à son domicile, ne se doutent de rien, lorsqu’ils voient arriver quatre motos qu’ils prennent pour des motos-taxis. Poliment, ils leur demandent de garer en contre-bas. C’était sans compter avec l’apathie de ces tueurs professionnels qui reviennent cagoulés et font irruption au domicile du Directeur de la programmation des investissements publics (Dpip) au Minepat.
Avec une rare violence, les huit (08) visiteurs tiennent en respect les deux gardiens qu’ils ligotent avant de retrouver le chauffeur du Dpip à qui ils intiment l’ordre de les conduire chez le maître des lieux. Jean Sylvain Mvondo est surpris au téléphone et va subir pendant quatre heures de temps, menaces et sévices immondes. Son épouse et ses enfants ne seront pas épargnés. Le domicile est mis à sac. Visiblement, les visiteurs ont un objectif précis dans leur recherche. Ils se concertent en permanence avec un commanditaire en ligne qui répercute des instructions et demande à savoir pourquoi Jean Sylvain Mvondo s’est engagé en politique ? Avant d’ajouter : ‘‘peut-il se prévaloir d’aimer le président Paul Biya plus que quiconque ?’’ Il lui est intimé l’ordre de revoir son engagement politique et de ne pas être du mauvais côté de l’histoire. Lorsqu’ils quittent le domicile vers 3 heures du matin, laissant Jean Sylvain Mvondo pour mort et gisant dans une mare de sang, ils lancent cette phrase pleine de sous-entendus : ‘‘que la politique le sauve’’.
Dans la matinée du 15 juin, le Dpip est conduit à l’hôpital de la caisse à Yaoundé où son pronostic vital n’est pas entamé. L’agression sauvage du Dpip – Minepat par une bande de criminels, véritables tueurs à gages en mission commandée, dévoile l’explosion de la violence politique et des affrontements des clans pour le contrôle du pouvoir après Paul Biya. Il ne faut pas être un expert en investigation criminelle pour établir le lien entre le récent renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc et cette agression sauvage. Jean Sylvain Mvondo est passé par toutes les humiliations physiques, notamment, l’épreuve du fer à repasser. Preuve s’il en est, du degré de violence et de rancœur : ‘‘Si je dois mourir pour mes convictions politiques et ma fidélité au Président Paul Biya, tuez-moi, mais épargnez ma famille s’il vous plaît’’. N’aura eu de cesse de clamer le Dpip à ces visiteurs d’un autre genre.
Dérive
Lors des récents renouvellements des bureaux des organes de base du Rdpc, le département du Dja et Lobo s’est mué en une véritable poudrière. Des factions se sont créées, les unes favorables à un renouvellement du personnel politique, les autres conservatrices, réactionnaires et imperméables à tout changement. C’est dans cette ambiance délétère, que Jean Sylvain Mvondo s’est lancé dans la bataille, porté par une jeunesse et des militants déterminés à tourner la page des caciques en portant un jeune cadre à la tête d’une section âprement disputée. Après diverses manigances visant à invalider sa candidature sous des motifs aussi fallacieux que suspects (défaut de militantisme, probité à caution etc.), la liste conduite par Jean Sylvain Mvondo est réhabilitée in extremis par Jacques Fame Ndongo, en sa qualité de président de la commission régionale de supervision desdites opérations dans le Sud. Véritable coup de tonnerre dans le Dja et Lobo I, lorsque Jean Sylvain Mvondo déboulonne André Noël Essian.
Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Les militants en extase, portent en triomphe ce militant secret mais engagé du RDPC, tout en saluant le vent de changement en marche dans un département où les jeunes étouffaient sous la ribambelle des promesses non tenues. Le camp d’en face ne s’avoue pas vaincu. En mauvais perdant, il s’en prend vertement à la vie privée de Sylvain Mvondo, multipliant attaques personnelles, calomnie, bulletins de renseignement, lettre anonyme transmis à la présidence de la République sur sa supposée fortune personnelle, la gestion de ligne 94, ‘‘les détournements massifs de deniers publics au Minepat’’. Une véritable campagne de démolition qui échoue au grand dam de ses contempteurs. Les enquêtes ouvertes à la police judicaire, à la gendarmerie et à la DGRE ayant fait chou blanc.
La politique bascule dans la violence aveugle, la haine de l’autre, jusqu’au prix de son élimination physique. C’est un message fort envoyé aux clans qui se battent pour l’après-Biya. C’est le degré zéro de la politique qui dérive en des règlements de comptes en cessant d’être un combat d’idées. En s’engageant en politique, Jean Sylvain Mvondo croyait se mettre au service de sa communauté avec la généreuse idée d’être un acteur de développement et non pas l’une de ces élites prédatrices du Sud dont parlait Charles Ateba éyéne dans un de ses ouvrages demeuré célèbre. Le moins que l’on puisse dire à travers cette agression d’un autre âge, c’est qu’un coup dur vient d’être porté au moral et à l’engagement politique de Dr. Jean Sylvain Mvondo.