Après les critiques qu'ont suscité son arrêté menaçant d'expulser de la capitale du Cameroun, tout Camerounais qui appellera à un soulèvement contre le régime Biya, le préfet du département du Mfoundi qui contient la ville de Yaoundé, n'a vraiment pas changé d'avis. Au contraire, il persiste et signe dans la dérive autoritaire.
En effet, dans l'interview qu'il a accordée à Cameroon Tribune, Emmanuel Mariel Djikdent accuse ce qui le critique de faire de l'hypocrisie.
"Si les gens sont honnêtes, ils verraient que l’arrêté n’a jamais interdit la critique. Mais on doit m’expliquer s’il n’y a pas une différence entre critiquer et invectiver. On ne saurait contraindre tout le monde à penser de la même façon. Certains veulent simplement déplacer le sujet pourtant clair. Dois-je penser que ceux qui s’illustrent par des comportements dangereux souhaitent le désordre ? Aimeraient-ils léguer à leurs enfants comme héritage le mépris des institutions, le désordre et l’outrage des aînés ? Non, chacun fera son travail. Le mien est aussi de veiller à l’ordre public qui s’étend par ailleurs aux questions d’éthique et de morale", a-t-il déclaré.
Les émission politiques en ligne de mire
Le préfet dans son interview, s'est particulièrement intéressé aux contenus des débats télévisés que proposent les médias au Cameroun. Il trouve que plusieurs invités sur les plateaux télé et radio exagèrent et tentent d'appeler les Camerounais à la révolte.
"Le préfet est garant de l’ordre public dans le département et le maintien de l’ordre est d’abord et essentiellement une action préventive. L’idéal ici est qu’il vaut mieux prévenir les désordres que d’avoir à rétablir l’ordre. L’acte que nous avons pris va donc dans ce sens. On ne saurait admettre des appels aux soulèvements contre les institutions de la République et il est très indécent de tenir un type de propos à l’encontre de celui qui incarne lesdites institutions. Par pudeur, je ne voudrais pas parler d’insultes. Ce type de comportements perturbe la quiétude de plus d’une personne", déclare le préfet.
"Si vous suivez les sorties de certains invités sur les plateaux de télévision ou dans des studios de radio, vous aurez pitié et honte de ce que certains appellent liberté d’expression. Être libre de s’exprimer ne signifie pas qu’on appelle au soulèvement et à l’insurrection ou qu’on invective. Il fallait déjà faire cette mise-en-garde avant qu’il ne soit trop tard. Personne n’est touché jusqu’ici, mais celui qui se manifestera sur ce qui est prévu à l’article 1er se sera volontairement invité à l’interdiction de séjourner dans le Mfoundi", a-t-il ajouté.