Actualités of Saturday, 7 November 2015

Source: Aurore Plus

Sous le règne de Biya, on a connu les PAS - Banda Kani

Banda Kani Banda Kani

Banda Kani, le président du parti politique dénommé Nouveau mouvement populaire, pense que le bilan des 33 ans de l’accession à la magistrature Suprême du Président de la République, Paul Biya doit se faire sous deux angles.

33 ans à la magistrature Suprême, quel est le bilan de Paul Biya ?

Analyser le bilan d’un homme d’Etat, du point de vue politique, doit se faire sous un double angle. Il y a l’angle subjectif et objectif. L’objectivité voudrait que, le bilan soit fait au-delà de ce qu’on peut lui reprocher, de ses erreurs et de ses crimes. Que restera-t-il de lui dans l’histoire. Qu’est-ce qu’il a apporté à notre pays, indépendamment de ses limites ? Sur le plan subjectif, ce sera l’appréciation que nous accordons à l’individu du point de vue de ses actions politiques, sociales et culturelles. Nous allons observer que durant les 33 ans, le cœur de la démarche présidentielle aura été la conservation du pouvoir.

Nous pouvons observer que, de toutes les crises que le pays aura traversées, ce qui émerge, c’est que le président a su capitaliser toutes ces crises pour conserver le pouvoir, pour garantir la prééminence de la fonction présidentielle. Il peut sacrifier tout, pour conserver le pouvoir. Ce qui explique dans notre pays que la thématique centrale de l’action du président Paul Biya, c’est la paix et la stabilité.

Arrêtons-nous sur le plan politique ?

Si nous déclinons ceci sur le plan politique, il a sous son règne, les libertés publiques et politiques qui sont des acquis dans le pays. Mais à quoi servent ces libertés ? Le pays, après 33 ans, ne peut pas se projeter au-delà de sa personne. Nous avons là, comme une sorte de divination de l’individu du président Paul Biya. Et, c’est cela qui est très grave. Est-ce qu’au-delà de sa personne le Cameroun peut se projeter ? Est-ce qu’il y a un avenir après Biya au Cameroun ? De mon point de vue, cela pourra être l’une des marques fracassantes de l’échec. Lorsqu’un pays n’arrive pas à se projeter au-delà d’un individu, c’est très grave. Cela veut dire que, il est alpha et l’oméga de ce pays.

Ce qui montre que notre architecture institutionnelle, bien que les termes de la succession soient bien élaborés sur le plan formel, sur le plan réel, chacun voit très bien que, cette formulation formelle ne tient pas devant le choc des réalités politiques au cas où le président n’est plus là. Nous voyons que, de temps en temps, le pays connait des micro-crises. Il y a des dysfonctionnements dans le pays sur le plan politique. Mais, nous allons voir surgir en dernier ressort comme un sauveur, le président Paul Biya. Nous l’avons vu avec la prime des joueurs.

Qu’en est-il du volet économique ?

Sur le plan économique, le bilan est négatif. Sous le règne de Paul Biya, on a connu les Programmes d’ajustements structurels (Pas). Nous avons ainsi passé plus de deux décennies sur ceux-ci. Lorsque nous sortions de là, nous nous attendions à ce que, le pays bénéficie des retombées de cet effort qui a été soutenu par les populations. Nous sortons des programmes d’ajustement structurels plus affaiblis qu’avant. Et quelques années après, nous signons un plan d’urgence.

Nous nous retrouvons avec les conditions de vie des populations qui se sont détériorées. Nous avons près de 90% de l’économie qui est dans l’informel, c’est-à-dire la débrouillardise. Et les 10% restants, hormis le secteur public de l’administration, le reste est entre les mains des multinationales. Nous avons une économie extravertie, marquée par un fort taux de pillage par les multinationales étrangères.

Notre pays cherche souvent autour de 4 000 milliards Fcfa de budget par an. Alors que, deux multinationales chez nous pompent dans ce pays par an plus de 20 000 milliards de Fcfa. Mais, regardez cette contradiction majeure. Cela montre que nous sommes un pays qui est pillé et qui est dépossédé de ses richesses. Et cela semble ne pas déranger ceux qui nous dirigent.

Qu’en-est-il des autres aspects ?

Je ne veux pas revenir sur la vision 2035. Si nous l’analysons, elle ne peut pas développer le Cameroun. Une vision qui dit que : «pour développer le Cameroun, il faut développer le capitalisme néocolonial». Pourtant, il est démontré que, cela n’a développé aucun pays dans le monde. C’est cette vision qu’on impose aux Camerounais. Sur le plan social, le bilan est lourd. Au niveau de l’école publique, elle a été détruite. Nous n’avons pas d’école publique. L’état de l’aspect sanitaire laisse à désirer.

Quand, il y a des équipements, ils sont inaccessibles, la qualité des soins est aléatoire. La plupart des pontes du régime se soignent à l’étranger. Ils ne croient même pas en leur propre pays. Au niveau de la morale publique, elle s’est effondrée. Le président de la République l’a reconnu au cours de l’un de ses discours. Nous avons une prolifération de la débauche, de la prostitution masculine et féminine. Nous avons le culte de la facilité, l’irresponsabilité dans tous les domaines, au niveau macro et au niveau de la famille.

Les repères familiaux sont perdus dans notre société. Au niveau de l’Etat, il y a une criminalisation marquée par la corruption. Le pillage des fonds publics et des pratiques sataniques qui sont constatées, mais, jamais élucidées. Or, aujourd’hui, il est démontré que la moralité publique est le plus grand actif. Quand dans un pays il n’y a plus de morale, cela va ressurgir sur les performances économiques.