A quelques jours de l’arrivée d’Emmanuel Macron au Cameroun, Jeune Afrique révèle que Franck Biya le fils aîné du président de la République a été reçu à l’Elysée. Cette nouvelle confirme les allégations faites par Maurice Kamto dans son discours du 1er juin 2022. Selon des sources bien introduites dans le sérail, cette sortie du président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a déjoué les plans du régime. CamerounWeb vous propose l’intégralité dudit discours.
Mes chers compatriotes,
A maintes reprises, et récemment encore dans mon adresse du 19 mai 2020, j’ai attiré votre attention sur les manœuvres visant à organiser la succession de gré à gré à la tête de notre pays. Je puis vous dire aujourd’hui que les choses se précisent. Les artisans du gré à gré sont plus que jamais à l’œuvre. Par ce biais, ils veulent accélérer le cours de l’histoire à leurs fins, au mépris de toutes les règles démocratiques de dévolution du pouvoir et des souffrances du peuple camerounais, je voulais dire de vos souffrances.
Qu’il soit clair pour tous : nous n’accepterons jamais aucune forme de succession de gré à gré à la tête de l’Etat. Nous nous dresserons contre toute manipulation, même constitutionnelle, tendant à l’accession à la fonction suprême par des moyens autres qu’électifs. Nous nous mobiliserons contre l’organisation de nouvelles élections populaires au Cameroun sans que soient remplis les deux préalables majeurs que sont la résolution du conflit armé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, et la réforme consensuelle du système électoral. Rien ni aucune circonstance politique, même exceptionnelle, ne pourra être invoquée pour organiser de nouvelles élections sans le respect de ces deux préalables. Nous n’avons cessé de faire des propositions concrètes pour la résolution de l’une et l’autre crises.
Mes chers compatriotes,
Comme vous le savez, à l’issue de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, le Conseil Constitutionnel a porté un coup dur à la démocratie camerounaise, en déclarant vainqueur un candidat qui n’avait pas réuni la majorité des suffrages dans les urnes. A la suite de cette forfaiture, des militants et sympathisants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun ont été brutalisés, torturés puis illégalement jetés en prison pour avoir protesté pacifiquement contre ce hold-up électoral, contre la guerre dans le NOSO, et contre la prévarication des ressources dédiées à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2019, finalement retirée au Cameroun.
Tous les leviers du pouvoir étaient actionnés contre la résistance nationale au hold-up électoral. Qu’il s’agisse de la police, la gendarmerie, l’administration territoriale, les médias publics et même de la justice, supposée être l’ultime recours du citoyen, les artisans de la succession de gré à gré au sommet de l’Etat n’ont rien épargné pour livrer bataille contre le peuple, contre vous, mes chers compatriotes.
Mais vous êtes restés debout, fiers de mener le combat pour la libération de notre pays. La réponse exceptionnelle que vous avez massivement apportée à l’appel au boycott du double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020 que le MRC a lancé le 25 novembre 2019 en est une preuve irréfutable. Par votre « NON » à ce double scrutin, vous avez martelé et réitéré votre « Non au hold-up électoral ». Car, il faut bien se rendre à l’évidence que le régime de Monsieur Paul Biya reste sourd, indifférent et dédaigneux face aux souffrances de nos populations martyrisées du NOSO et aux attentes légitimes du peuple camerounais relatives à la réforme consensuelle du système électoral. Il sait qu’une telle réforme, si elle est bien menée, sonnerait à coup sûr le glas des élections frauduleuses qui ont tristement émaillé l’histoire de notre pays.
Vous comprenez pourquoi ceux qui ne veulent pas d’alternance par la voie démocratique dans notre pays sont à l’œuvre et prêts à franchir toutes les bornes, avec l’appui de leurs soutiens extérieurs. Tout cela est en train de se dérouler sous vos yeux. Je vous alerte afin que nul n’en ignore, ni aujourd’hui ni plus tard.
Nous sommes rendus à un tournant de notre histoire. Il s’agit de ces moments où chaque peuple doit trouver au fond de lui le ressort et le sursaut indispensable pour choisir le cours de son destin. Par notre vigilance collective et notre sens du devoir patriotique, nous devons épargner à notre pays un nouveau désastre de presqu’un demi-siècle qu’on lui prépare à travers l’usurpation du pouvoir.
C’est pourquoi je réitère avec gravité que faute d’une résolution politique de la guerre civile que le régime BIYA a provoquée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, et sans une réforme consensuelle du système électoral à laquelle auront pris part les principales formations politiques et les organisations de la société civile crédibles, le MRC et le Peuple du Changement n’accepteront pas qu’une nouvelle élection populaire se tienne au Cameroun. Pas plus qu’il n’acceptera aucune manipulation de la Constitution visant à organiser une succession à la tête de l’Etat par un mécanisme non électif.
Autant dire que l’annonce de l’organisation d’une élection au Cameroun sans la résolution préalable de ces deux crises qui minent notre pays sonnera comme une déclaration de guerre. Et tous ceux qui engageront le pays dans une telle aventure en répondront devant notre peuple et devant l’Histoire.
Trop c’est trop ! Le peuple camerounais a assez souffert de la gloutonnerie de quelques personnes dont toute l’incompétence, l’irresponsabilité et le cynisme s’étalent encore de façon dramatique à la face du monde dans le cadre de la lutte contre la pandémie du COVID-19, et qui croient pouvoir conserver éternellement le pouvoir uniquement par la terreur d’Etat. Il est temps que la dévolution du pouvoir dans notre pays passe enfin par des processus démocratiques admis dans toutes les sociétés modernes ; que le peuple camerounais ait la possibilité de se donner librement et dans la transparence des dirigeants légitimes, qui sont tenus de lui rendre des comptes sur la gestion des affaires publiques.
Nous sommes prêts ! Les tortures, les emprisonnements arbitraires et les humiliations, nous les connaissons déjà ! Quinze d’entre nous, dont le premier Vice-Président du MRC, Mamadou Yacouba Mota, sont encore en prison. Et si la mort doit venir pour cette cause, qu’elle vienne !
Tenez-vous prêts, mes chers compatriotes, afin qu’ensemble nous engagions la phase ultime de la lutte pour la libération du Cameroun et l’avènement de la démocratie dans la vie politique de notre pays. Vous devez enfin pouvoir peser sur le destin de notre nation, compter sur un meilleur avenir pour vos enfants, construire un pays fort et lui assurer un rayonnement international.
Parce que la voie des élections démocratiques pour l’accès au pouvoir est celle que nous avons choisie résolument depuis le début de notre engagement politique, je vous invite et vous réitère mon appel à vous inscrire massivement sur les listes électorales, pour que le moment venu, l’expression de votre choix soit massive, nette et sans appel.
Ceci est un appel à la mobilisation générale des Camerounais de tous bords, pour sortir notre pays de la nuit d’une dictature ivre du pouvoir et du fruit de la rapine, et ouvrir une page nouvelle de la construction nationale, celle d’une société libre, fondée sur l’Etat de droit, ouverte et qui donne sa chance à chacun de ses enfants.
Je vous l’ai dit, je ne vous trahirai jamais!