Au cours de la 15ème Conférences des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac), le protocole d’Etat a détraqué le thermostat d’un cran par sa disposition des personnalités au Palais de l’unité.
Au peloton de tête des invités dans la salle, il y a la famille présidentielle représentée par la Première Dame Chantale Biya et du fils du chef de l’Etat, Franck Biya. Après eux, il vient le Secrétaire d’Etat à la présidence de la République (Sgpr), ministre d’Etat Ferdinand Ngoh Ngoh et à ses côtés l’autre responsable du Palais, le directeur du Cabinet civil, le ministre Samuel Mvondo Ayolo. Dans cet appareillage de tête en pareille circonstance, la caméra de la télévision d’Etat, la Crtv n’a d’yeux que pour le fils du chef de l’Etat, dirait-on, offrant de temps en temps en plein écran les faits et gestes de la progéniture présidentielle. Si cela peut se comprendre tout naturellement par le fait que ce dernier pendant le long magistère de son père s’est toujours tenu soigneusement à l’écart des écrans, il n’en dernière pas moins vrai que depuis la visite d’Emmanuel Macron au Cameroun au mois de juillet de l’année dernière, ponctuée de toutes les supputations sur sa photo saluant le numéro un français en présence de Paul Biya, tout ce qui concerne Franck est appréhendé sous un prisme politique. Et cette situation a été exacerbée par une sortie virulente de Jean-Luc Mélenchon qui critiquant les actions équivoques du chef de l’Etat français en Afrique a mis le pied dans le plat en insinuant qu’il était venu à Yaoundé pour adouber le fils du chef de l’Etat comme il l’avait précédemment fait au Tchad à la mort du d’Idriss Deby Itno tombé sur le champ de batailles dans le nord de son pays. C’est donc dire qu’au cours de ce sommet des chefs d’Etat de la Camac, le fils du chef de l’Etat camerounais a crevé un peu plus l’écran surtout avec son positionnement juste après la Première dame. En juillet de l’année dernière, il avait été furtivement aperçu tout au fond de la salle. Cette fois-ci, il est bien au-devant de la scène. Faudrait-il y desceller une quelconque volonté présidentielle de propulser Franck dans l’arène politique ? Sur la toile, les captures de photo du concerné sur les écrans de la Crtv en pleine conversation avec le Sgpr tournent en boucle avec des commentaires de plus en plus politiques. L’homme reste muet en dépit de tous les faits et intentions qu’on lui attribue à gauche et à droite. Le mouvement des Franckistes qui a tenu un certain temps l’opinion en haleine, ne distille plus de messages présentant le fils de Paul Biya comme leur modèle. Dans les officines politiques, par la qualité des commentaires, beaucoup ne connaissent pas à « l’homme lion » de telles intentions, lui qui s’est toujours voulu légaliste, lui qui ne manque pas de dire qu’il est inconvenant de parler de succession en démocratie. Et là aussi, c’est le discours polituique. Décidément, les silences franckistes commencent eux aussi à faire du grand bruit au sein de l’opinion politique. Il ne dit pas qu’il est intéressé par le pouvoir d’Etat mais montre par ses postures qu’il peut l’être. Entre le silence et ces présences, il suffit tout juste de tousser pour que tout soit compris. Ce dernier pas que les différentes officines attendent certainement pour se faire une religion et l’incorporer dans leur stratégie politique à court terme.