Dans sa parution N° 5968, le journal le Messager a publié une Tribune de Michel Ange Angouing, Magistrat hors hiérarchie, conseiller technique au ministère de la Justice, (Ancien ministre) qui revient sur les défis auxquels le Cameroun est confronté notamment dans la perspective de la succession de Paul Biya au pouvoir depuis près de 40 ans
« Ne jouons pas avec le Cameroun. Nous avons fait des enfants. Nous continuons d'en faire. Nos enfants font des enfants. Quel Cameroun allons-nous leur laisser? Cette question qu'a posée pertinemment le président de la République Paul Biya, je me la pose aussi très modestement. En réalité c'est une interpellation forte pour chacun de nous et de tous. Depuis l'élection présidentielle au mois d'octobre 2018 qui a vu la victoire du candidat du Rdpc, Paul Biya, le pays ressemble à un bateau en pleine tourmente. Il n'allait pas déjà si bien, écartelé entre le conflit du Noso, la guerre contre le Boko Haram, l'insécurité à l'est, la crise économique et financière, la non réalisation à date des grands projets etc. . . J'ai l'impression, de mon point de vue, que les questions périphériques relatives à la dévolution du pouvoir, au " chassement " du président Biya, sont au cœur de l'actualité. Et pourtant nous avons déjà été aux urnes et le résultat est connu. Le nouveau mandat du président de la République à la tête du pays- sept ans faut-il le rappeler- court encore. Il est à mi-parcours.
En ce qui nous concerne, les questions liées à la dévolution du pouvoir, sans nier ni leur importance, ni leur pertinence, doivent être examinées dans les laboratoires des états-majors des partis politiques pour permettre aux camerounais, de tous bords, de vaquer à leurs occupations. L'opposition peaufinant ses stratégies à travers des programmes séduisants pour accéder au pouvoir. Le Rdpc doit repenser les siennes pour y rester et consolider les acquis.Si c'est tant la conquête du pouvoir ou les batailles pour la succession qui expliqueraient les dérives de toutes natures que l'on observe aujourd'hui, c'est pour diriger quel Cameroun? Un Cameroun où les replis identitaires mettent à mal l'unité nationale et le vivre ensemble? Un Cameroun où les débats d'idées sont relégués au second plan au profit des conflits personnels avec en filigrane des guerres de positionnement ? Un Cameroun où l'on se couche le soir la peur dans le ventre et où l'on se lève le matin la tête bourrée d'incertitudes ? Un Cameroun avec des revendications séparatistes ? Un Cameroun où les filles et les fils se regardent avec haine et fourbissent leurs armes ? Pour tout dire un Cameroun où l'on a l'impression que le départ du Président Paul Biya est attendu avec impatience pour que s'installent le désordre et les règlements de compte ? Non, non et non. Celui qui ambitionne de diriger un pays ou qui le dirige devrait avoir comme préoccupation primordiale la paix, la préservation de la paix, la consolidation de la paix. C'est pour cela que nous devons sortir de nos égos, de nos égoïsmes, de nos calculs, de nos colères pour préserver la paix par amour pour notre pays.
Préserver le bel héritage de nos devanciers
Le Cameroun n'a pas commencé avec Paul Biya et ne s'arrêtera pas avec lui. Arrêtons de nous comporter comme si le monde a commencé avec nous et s'arrêtera après nous! Les mécanismes de dévolution du pouvoir sont prévus par la loi fondamentale. Nous allons passer et le Cameroun va rester. C'est évident. Mais alors quel Cameroun pour nos enfants ou quels enfants pour notre Cameroun ? L'élection présidentielle est définitivement passée. Il faut se mettre au travail. Les défis sont nombreux: la lutte contre la pandémie du corona virus. La lutte contre la secte terroriste Boko Haram. Le rétablissement de la paix et la sécurité dans le Noso. La sécurisation de la région de l'Est. La consolidation de l'unité nationale et du vivre ensemble. L'assainissement des mœurs et des finances publiques etc.. Comme le magistrat, en tout cas le bon magistrat, qui chaque matin avant de se rendre à son poste de travail se rappelle la formule du serment qu'il a solennellement prêté, le bon citoyen camerounais devrait toujours avoir présent à l’esprit, en toutes circonstances et en tous lieux, la devise de notre pays « Paix- Travail-Patrie » et les paroles éloquentes de notre hymne national. Nos devanciers nous laissent, somme toute, un bel héritage. Ne nous attardons pas sur leurs erreurs ou leurs fautesd'ailleurs qui n'en commet pas ? Préservons cet héritage. Fructifions-le. Chacun de nous, dans sa position, dans son statut, a un rôle à jouer. Aucune contribution n'est de trop dans l'œuvre de construction nationale. Nous avons tous applaudi lorsque le président de la République Paul Biya adéclaré à la face du monde qu'il est mendiant de la paix. Soyons tous donc les apôtres de la paix dans un élan d’amour, de fraternité et de solidarité nationale. Le pouvoir quant à lui dont la quête ou la conquête voudrait diviser, vient de Dieu. À bon entendeur. . . Salut ».
*Magistrat hors hiérarchie, conseiller technique au ministère de la Justice. (Ancien ministre)