Actualités of Wednesday, 23 April 2025

Source: www.camerounweb.com

Succession du Pape François: voici les candidats africains en lice

Le décès du pape François survenu le 21 avril 2025 a ouvert la période de transition au sein de l'Église catholique. Alors que les cardinaux du monde entier se préparent à converger vers Rome ce samedi pour les obsèques pontificales et l'ouverture du conclave, une possibilité historique se dessine : l'élection du premier pape africain. Trois cardinaux du continent figurent parmi les favoris potentiels, selon plusieurs observateurs du Vatican.

Un conclave sous haute attention

Les 135 cardinaux électeurs (ceux âgés de moins de 80 ans) entreront en conclave entre le 5 et le 10 mai pour désigner le 267ᵉ souverain pontife de l'histoire. Cette élection intervient dans un contexte particulier pour l'Église, confrontée à de nombreux défis : scandales d'abus sexuels, crise des vocations, questions de société clivantes et tensions entre progressistes et conservateurs.
Parmi les quinze "papabili" (candidats potentiels au siège papal) identifiés par les vaticanistes, trois cardinaux africains se démarquent particulièrement : le Ghanéen Peter Turkson, le Congolais Fridolin Ambongo et le Guinéen Robert Sarah.

Peter Turkson : le polyglotte ghanéen

À 76 ans, le cardinal Peter Turkson est considéré depuis plusieurs années comme l'un des candidats africains les plus sérieux à la papauté. Issu d'une famille modeste de dix enfants, ce polyglotte parlant six langues a occupé des postes clés au Vatican, notamment à la tête du Dicastère pour le service du développement humain intégral.

Réputé pour ses positions équilibrées, Turkson possède une solide expérience en matière de justice sociale et environnementale, ayant travaillé étroitement avec le pape François sur l'encyclique "Laudato Si" consacrée à l'écologie.
"Le cardinal Turkson a l'avantage d'être familier avec les rouages du Vatican tout en apportant une perspective nouvelle issue d'un continent en pleine croissance catholique", note un expert des affaires vaticanes.
Fridolin Ambongo : la voix forte du Congo

Le cardinal Fridolin Ambongo, 65 ans, représente une génération plus jeune au sein du collège cardinalice. Archevêque de Kinshasa depuis 2018 et cardinal depuis 2019, ce Franciscain s'est fait remarquer par sa présence au sein du C9, le conseil des neuf cardinaux conseillers du pape François pour la réforme de la curie romaine.
Connu pour sa franchise, Ambongo n'a pas hésité à prendre position contre certaines orientations du Vatican, notamment concernant le document "Fiducia supplicans" qui ouvrait la voie aux bénédictions de couples homosexuels. Cette indépendance d'esprit lui vaut le respect de nombreux cardinaux, même parmi ceux qui ne partagent pas ses vues.

"Ambongo incarne une Église africaine dynamique qui ne se contente pas de suivre les directives de Rome, mais qui apporte sa propre contribution théologique au débat", souligne un théologien catholique.

Robert Sarah : le cardinal conservateur

À 79 ans, le cardinal guinéen Robert Sarah se positionne comme le représentant de l'aile traditionaliste du catholicisme. Nommé cardinal par Benoît XVI en 2010, il s'est illustré à la tête de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Ses positions fermes sur des questions comme l'homosexualité, l'immigration ou le célibat des prêtres en font une figure clivante mais respectée pour sa cohérence doctrinale. En 2020, sa publication d'un livre défendant vigoureusement le célibat sacerdotal avait créé une polémique, étant perçue comme une opposition directe aux réflexions du pape François sur le sujet.
"Le cardinal Sarah représente une continuité avec la tradition catholique qui séduit de nombreux cardinaux inquiets face à ce qu'ils perçoivent comme une dilution de l'identité catholique", analyse un historien de l'Église.
Un moment historique pour l'Afrique ?
Si l'un de ces trois cardinaux venait à être élu, ce serait la première fois qu'un Africain accéderait au trône de Saint Pierre, marquant un tournant majeur dans l'histoire de l'Église catholique. Cette possibilité reflète l'importance croissante de l'Afrique pour le catholicisme mondial, continent où le nombre de fidèles augmente rapidement alors qu'il décline en Europe.
"L'élection d'un pape africain serait un signal fort de la catholicité de l'Église, reconnaissant que son centre de gravité se déplace vers le Sud", commente un sociologue des religions.

Le conclave qui s'ouvrira début mai pourrait donc s'avérer historique à plus d'un titre. Toutefois, comme le rappellent souvent les observateurs du Vatican : "Qui entre pape au conclave en ressort cardinal." L'histoire a montré que les pronostics sont souvent déjoués lors de ces élections où la dynamique interne du collège cardinalice et l'inspiration de l'Esprit Saint, selon la tradition catholique, jouent un rôle déterminant.

En attendant l'ouverture du conclave, les regards se tournent vers la place Saint-Pierre où se dérouleront samedi les funérailles du pape François, en présence de chefs d'État et de gouvernement du monde entier, dont plusieurs dirigeants africains venus saluer la mémoire d'un pontife qui avait fait du continent une priorité de son pontificat.