Suspension de Samuel Eto'o : la fracture à la Fecafoot

Lorsque le nom de Marc Brys est annoncé, le 2 avril 2024, le président de la Fecafoot se trouve en Europe, à des milliers de kilomètres du Cameroun. La télévision nationale annonce la nomination du technicien belge, signée par Narcisse Mouelle Kombi, qui précise que cette décision est la suite logique des "très hautes directives du président de la République", Paul Biya, qui aurait marqué sa "haute approbation". Le but est évident : dissuader Samuel Eto'o de riposter.

La manœuvre échoue. En apprenant la nouvelle en même temps que tous les Camerounais, Eto'o est en colère d'être mis devant le fait accompli. Au siège de la fédération, à Yaoundé, les bureaux sont vides. Les derniers employés ont quitté les lieux vers 17h30. Eto'o tente de mobiliser ses troupes via WhatsApp et réfléchit à la manière de réagir. Il veut répliquer, s'indigner, et passer à l'offensive. Cependant, certains membres du comité exécutif de la Fecafoot paniquent, redoutant de s'attirer l'ire du gouvernement. Ils conseillent à Eto'o de "mettre les formes" et d'éviter tout scandale ou confrontation directe avec l'autorité politique. Eto'o finit par se calmer et écouter ses conseillers prudents. Les hostilités sont ouvertes, mais la Fecafoot temporise.

Eto'o promet toujours de procéder à ses propres nominations et de placer des hommes à lui au sein de l'encadrement des Lions. Après une médiation menée par le cabinet civil de la présidence de la République, Eto'o accepte de reconnaître la nomination de Marc Brys, mais choisit un staff technique différent de celui désigné par le ministère. Cependant, Narcisse Mouelle Kombi, galvanisé par Ferdinand Ngoh Ngoh, n'a nulle intention de faire la moindre concession. Selon lui, nul n'est autorisé à contester les "très hautes instructions" présidentielles. Le conflit reprend, et la solution d'un encadrement hybride fait long feu. "Le seul staff reconnu est celui qu'a désigné le ministre des Sports sur hautes instructions du président de la République", martèle Cyrille Tollo, l'un des lieutenants de Mouelle Kombi.