La décision prise par Paul Atanga Nji, suspendant pour une durée de trois mois certaines Organisations de la société civile et Organisations non gouvernementales, est diversement appréciée par les Camerounais.
Par arrêté N° 000121/Minat du 06 décembre 2024, le ministre de l'administration territoriale, Paul Atanga Nji, a décidé de la suspension de l'association dénommée "Réseau d'organisations de défense des droits de l'homme en Afrique centrale" (Redhac) pour une durée de trois mois. Le patron de l'administration territoriale évoque les motifs qui l'ont amené à prendre cette décision. Paul Atanga Nji énumère à cet effet des financements illicites et exorbitants en inadéquation avec le profil de l'activité ; activités de nature à porter atteinte à l'intégrité du système financier national ; le nonrespect des dispositions légales relatives au fonctionnement d'une organisation à but non lucratif ; l'absence de justification de la destination des financements reçus "Sont et demeurent interdites sur toute l'étendue du territoire national, pendant la période de la suspension, toutes activités de l'association dénommée Réseau d'organisations de défense des droits de l'homme en Afrique centrale (Redhac), précise 2 de l'arrêté du Minat. "Les contrevenants à la mesure d'interdiction visée à l'article 2 ci-dessus sont passibles de poursuites judiciaires, conformément à la législation en vigueur", peut lire à l'article 3 de l'arrêté susmentionné.
La première lecture qui se dégage de cette décision du Minat, c'est qu'elle intervient à la veille de la célébration de la journée internationale des droits de l'homme. Une célébration pour laquelle le Redhac avait déjà élaboré un programme bien défini des activités à mener. Survenue donc un contexte marqué par cet événement, c'est là où il faut s'interroger sur l'opportunité de la décision du ministre de l'Administration territoriale. Au cours d'une conférence de presse donnée par Paul Atanga Nji quelques jours après sa décision, il fait état de 16 milliards de francs CFA que le Redhac aurait d'origine douteuse, sans en apporter des explications sur la gestion de ladite somme.
Au sein de l'opinion, plusieurs questions sont relativement à la décision du Minat. D'aucuns se demandent de son ressort d'enquêter sur les fonds supposés être d'origine douteuse. Où est passée l'Agence nationale d'investigation financière dont les membres sont suffisamment formés pour ce genre de mission ?
Dans une interview accordée Rfi par la Présidente du conseil d'administration du Redhac, Me Alice Nkom, elle bat en brèche toutes les accusations de Paul Atanga Nji. Pour elle, il s'agit là d'une méthode propre au régime de Yaoundé en vue de museler les organisations de la société civile qui mènent une lutte acharnée pour la défense des droits des citoyens.
Au regard des réactions des acteurs de la société civile et des leaders des partis politiques, tous condamnent avec la dernière énergie la décision prise par le Minat, le 06 décembre dernier. On oublie l'acte posé par Me Alice Nkom, en allant briser les scellés posés le sous-préfet de Douala 1er sur la porte du bâtiment abritant le siège du Redhac. Tous ces actes et réactions, cumulés, amènent à projeter des incertitudes, voire même des inquiétudes, dans la suite de cette affaire.