L'instabilité est de retour dans plusieurs parties de l'Afrique et du monde. Paul Biya en est conscient. C'est dans ce cadre que le président de la République a décidé de rappeler tous les attachés de défense et conseillers militaires près des postes diplomatiques du Cameroun à l’étranger. Le Cameroun dont le grand voisin le Nigéria s’apprête à attaquer le Niger où les militaires ont pris le pouvoir prendrait-il des mesures pour assurer la protection de ses frontières en cas de crises sécuritaires ? C’est ce que pensent certains analystes sur le continent.

Ce 09 août 2023, le ministre de la défense Beti Assomo sur haute instruction préside la cérémonie d’ouverture de la deuxième conférence de la coopération militaire camerounaise. Les travaux de cette deuxième conférence qui rassembleront les attachés de défense et conseillers militaires près les postes diplomatiques du Cameroun à l'étranger, se dérouleront autour du thème central "La coopération militaire camerounaise à l'ère du retour à la multipolarisation de la puissance en relations internationales".

Réputé pour sa politique de neutralité et de non-ingérence, le Cameroun ne cache pas son ambition de diversifier ses partenaires. Paul Biya le chef de l’Etat de la République du Cameroun longtemps considéré comme le bon élève de la France affiche fièrement son rapprochement de la Russie. Il a participé il y a quelques semaines au deuxième sommet Russie-Afrique sur invitation de son homologue Vladmir Poutine.

Avant de se rendre en Russie, il a également participé à Paris (France) au sommet organisé par Emmanuel Macron pour un nouveau pacte financier mondial. Depuis le coup d’Etat intervenu au Niger le 26 juillet 2023, Yaoundé s’est abstenu de se prononcer comme l’ont fait ses voisins du Tchad et du Nigéria.

Sanctions contre le Niger : le Cameroun, une option pour les putschistes

Les nouvelles autorités du Niger tiennent tête à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). L’ultimatum d’une semaine donné aux putschistes vient de s’écouler et Niamey se prépare à riposter à toute agression. L’espace aérien du pays est à nouveau fermé. Dans un communiqué lu à la télévision nationale nigérienne, les nouvelles autorités disent à avoir constaté des mouvements dans deux pays de l’Afrique centrale que se prépareraient à l’attaquer.

« Le conseil national pour la sauvegarde de la patrie informe l'opinion publique nationale et internationale que des informations concordantes actuellement en sa possession indique que des forces d'une puissance étrangère s'apprêtent à agresser le Niger et son peuple en coordination avec la Cedeao et les groupes armés terroristes. Le Conseil National pour la Sauvegarde de la patrie met en garde la CEDEAO à la solde de cette puissance étrangère contre toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger, ainsi que les conséquences désastreuses de cette aventure militaire sur la sécurité de notre sous-région, sa stabilité et l'unité de notre communauté. En tout état de cause, les forces armées nigériennes et l'ensemble de nos forces de défense et de sécurité (...) sont prêts pour défendre l'intégrité de notre territoire et l'honneur de notre patrie. », indique le communiqué.

En dehors de la menace militaire, le Niger est sous sanction économique. La Cedeao a demandé à ses pays membres de fermer ses frontières avec le Niger, un Etat pourtant enclavé. Les fonds de l’Etat sont gelés et les transactions financières sont suspendues avec le Niger.

Ces sanctions qui commencent déjà par affecter dangereusement les populations pourraient pousser les nouvelles autorités à opter pour des alternatives. En dehors du Burkina Faso et du Mali qui ont apporté leur soutien au Niger, Niamey peut pourrait également compter sur le Cameroun. C’est ce que prétend Valère Bessala. Selon l’analystes politique, le Niger partage une frontière avec le Cameroun dont on parle très peu.

« Le Niger a plusieurs issues. Il y a le Cameroun. Le Niger est frontalier au Cameroun sur le Lac Tchad. Le Niger peut se fédérer à la Lybie », a-t-il déclaré. Très critique envers la Cedeao, Bessala estime que l’organisation sous-régionale ne serait pas en mesure de mettre à exécution sa menace d’intervention militaire au Niger.