Actualités of Wednesday, 22 November 2017

Source: ouest-france.fr

Tensions au Cameroun: les anglophones au bord de la sécession

Zone anglophones en récession au Cameroun Zone anglophones en récession au Cameroun

Les violences se multiplient dans l’ouest du Cameroun, où vit la minorité anglophone du pays. Elle proteste contre sa marginalisation dans la société. Pour nombre d’entre eux, la séparation est devenue la seule issue.

Plus de 250 langues sont parlées au Cameroun. Mais c’est bien le français et l’anglais qui cristallisent les tensions. Depuis début octobre, le pays est en proie à des troubles entre les communautés francophone et anglophone. La seconde accuse la première de s’approprier le pouvoir et de mettre la main sur toutes les richesses de l’État.

Sur les douze régions que compte le pays, dix sont francophones. Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les deux seules zones anglophones, rassemblent environ 20 % des 22 millions de Camerounais. Le 1er octobre, jour de la réunification officielle des parties anglophone et francophone du Cameroun en 1961, les séparatistes anglophones ont proclamé unilatéralement l’indépendance de la République d’Ambazonie. C’est le nom donné par les indépendantistes anglophones aux deux régions de l’ouest.
Une déclaration rejetée par le gouvernement de Paul Biya, mais suffisante pour mettre le feu aux poudres. Depuis novembre 2016, la minorité anglophone proteste contre ce qu’elle appelle sa « marginalisation » dans la société. Les militants sécessionnistes dénoncent la « francophonisation du régime » et la mainmise de l’élite francophone sur le pouvoir. « Presque tous les ferments d’une possible insurrection sont réunis », estime le politologue Hans De Marie Heungoup.

Depuis la réunification du Cameroun en 1961, les chefs d’État et de gouvernement ont toujours été issus de la région francophone. Il est vrai que Paul Biya, l’actuel président, règne sur le pays depuis 1984.
Les anglophones se plaignent de l’omniprésence des francophones aux postes de décisions à tous les niveaux de la société. En politique bien sûr, mais aussi dans les milieux économiques, plus particulièrement dans le pétrole. La société nationale de raffinage (Sonara), la compagnie pétrolière publique, est basée à Limbé dans le Sud-Ouest mais aucun de ses directeurs généraux n’a jamais été anglophone.

Mais pourquoi dans une ancienne colonie allemande, parle-t-on français et anglais mais pas la langue de Goethe ?
À l’issue de la Premier guerre mondiale, les Allemands se voient retirer leur protectorat du Kamerun, établi en 1884. La Société des nations, ancêtre de l'Onu, "confie" la partie orientale de l’ancienne colonie germanique à la France, et la partie occidentale au Royaume-Uni.

La partie française devient indépendante en 1960. Elle est suivie un an plus tard par sa cousine britannique, ce qui va aboutir le 1er octobre 1961 à la création de la République fédérale du Cameroun.

Depuis, le gouvernement de Yaoundé mène une politique de centralisation du pouvoir, laissant de moins en moins d'autonomie aux régions anglophones. L'appellation reflète bien cette perte d'autonomie. Le pays, nommé République fédérale du Cameroun en 1961, devient la République unie du Cameroun en 1974 puis enfin la République du Cameroun en 1984, deux ans après la prise de pouvoir de Paul Biya