Disant agir sur instructions du Premier ministre, elle annonce des sanctions disciplinaires à l’encontre de tout gréviste.
« Après la pluie, vient le beau temps », dit le dicton. Mais, dans le cadre des revendications des enseignants du secondaire regroupés autour du mouvement « On a trop supporté » (OTS ), c’est tout le contraire. On dirait qu' « après la pluie, vient la tempête » car les tensions sont loin d’être apaisées quelques jours seulement avant le début des examens officiels.
Alors que les enseignants décident de boycotter entièrement le 3e trimestre, y compris les examens officiels, le gouvernement a décidé de passer à l’étape répressive. C’est ce qui ressort de la correspondance du 28 avril dernier de la ministre des Enseignements secondaires (Minesec), Pauline Nalova Lyonga, adressée aux délégués régionaux de son département ministériel.
Celle qui rappelle qu’au cours du premier trimestre de l’année scolaire en cours, d’importantes obligations des fonctionnaires ont été régulièrement violées par quelques personnels de son ministère, à savoir l’obligation de servir et de se consacrer au service ; de l’obligation d’obéissance et de l’obligation de réserve, dit avoir reçu du Premier ministre, l’instruction de « de prendre toutes les mesures disciplinaires que la situation impose, en liaison avec les départements ministériels concernés. »
C’est ainsi qu’à son tour, la MINESEC qui brandit la menace des conseils de discipline demande aux délégués régionaux de bien vouloir lui acheminer au plus tard le 05 mai prochain, via les services des gouverneurs, les dossiers des personnels indisciplinés. Elle n’oublie pas de rappeler aux chefs d’établissement et autres supérieurs hiérarchiques, de servir systématiquement des demandes d’explication aux personnels qui se distinguent par des comportements répréhensibles. Ainsi donc, la guerre est officiellement déclarée aux enseignants grévistes qui refusent toujours de reprendre les cours tant que leurs revendications ne sont pas entièrement résolues. C’est à se demander si cette contre-attaque de la MINESEC va parvenir à dissuader le mouvement « OTS » engagé à obtenir toutes leurs revendications avant de retourner dans les salles de classe. Sauf que, l’épée de Damoclès que Nalova Lyonga laisse ainsi planer sur la tête des enseignants laisse perplexe sur les sons dissonant au sein du gouvernement car on se souvient que le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, de passage sur le plateau de Canal Presse en direct de la foire Promote le 22 février dernier affirmait qu’aucune autorisation d’intimidations des enseignants grévistes n’avait été donnée aux autorités administratives. Tout comme il donnait toutes les assurances que des mesures disciplinaires n’étaient prévues à l’encontre de tout venant.
A la suite de ce communiqué, la réaction des enseignants ne s’est pas fait attendre. Réunis autour du « Collectif des enseignants vacataires du Cameroun » (CEVCAM ) ; « On a trop attendu » (Ota) ; «On a trop supporté » (OTS ) et du « Syndicat du Cameroun pour l’Afrique» (SECA) ; ils ont, le 29 avril dernier, à travers un communiqué conjoint, rappeler que les enseignants ont certes des obligations mais aussi des droits consacrés par le décret du 07 octobre 1994 portant statut général de la Fonction publique de l’Etat et ses textes connexes. Tout en s’offusquant de « l’attitude belliqueuse et quasi-cynique de la ministre qui, au lieu de chercher à résoudre les problèmes structurels et conjoncturels de son personnel, se livre à une chasse aux sorcières sans précédent… »
Les enseignants qui devinent que cette communication de la MINESEC vise les enseignants en grève, ne manquent pas de rappeler que les textes en vigueur, notamment la Constitution en son préambule et le décret du 07 octobre 1994, consacrent le droit de faire grève aux fonctionnaires. « Cibler ainsi, en le voilant à peine, les enseignants en grève, est un acte de violation flagrante de leurs droits, soit un double cynisme car la grève exprime déjà une revendication des droits bafoués. Cela tend d’ailleurs, à brimer davantage les enseignants en grève, qui, jusqu’ici, n’ont cessé de faire preuve de sérénité, de patience et de bonne foi », écrivent ces enseignants. Disant se réserve le droit de protester vigoureusement, contre toutes sanctions, intimidations ou convocations au conseil de discipline régional d’un de leur membre en grève, ils promettent de sortir tous azimuts contre tout acte qui serait jugé illégal et illégitime.